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Production de thé: ambitions démesurées ?

17 août 2016, 21:00

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Production de thé: ambitions démesurées ?

Remettre sur les rails l’usine de thé de Dubreuil… La mesure a été annoncée par le ministre des Finances Pravind Jugnauth lors de la présentation du Budget, le 29 juillet. Bonne nouvelle pour certains. Mais d’autres s’interrogent sur les obstacles qu’il faudra surmonter, notamment le manque de terres agricoles.

Naraindutt Mohall, secrétaire de l’Amarnath Credit and Tea Marketing Cooperative Society, fait partie de ces sceptiques. «En tant que planteurs, nous faisons face à bon nombre de difficultés. Le principal problème reste le prix de vente du thé, qui est très bas, ce qui décourage les planteurs à poursuivre cette activité » déplore-t-il. Pour cause : le thé est vendu en moyenne à Rs 16 le kilo.

Autre contrainte : la «période morte», soit les trois mois de l’année où il n’y a pas de récolte de thé. «C’est une période très difficile pour les planteurs car il n’y a aucun rendement», explique Naraindutt Mohall. Raison pour laquelle la coopérative compte promouvoir la diversification. «Nous voulons encourager les planteurs à cultiver des bananiers, des patates ou encore de la fatak afin de diversifier leurs activités durant cette période», annonce-til. Et d’ajouter que la coopérative pourrait dans cette optique rajouter le terme «multipurpose» dans son appellation.

Un opérateur, qui a souhaité témoigner de manière anonyme explique, pour sa part, qu’il faut compter entre cinq et huit ans avant de pouvoir récolter le thé. Ce qui lui fait dire qu’avant même de penser à redémarrer l’usine de Dubreuil, la première étape devrait être la mise en terre de plants de thé, et ce dans les plus brefs délais.

Manque de terrains

Selon lui, si la demande pour le thé sur le plan local va en grandissant, le manque de terres fait défaut. Un point que reprend le secrétaire de la coopérative, précisant que la superficie consacrée à la culture de thé a diminué considérablement au fil des années. Dépassant les 2 000 hectares jusqu’à la fin des années 90, seuls 672 175 hectares sous culture de thé subsistaient encore à 2014 (voir infographie). Tant et si bien que notre interlocuteur estime que c’est le manque de terrains – et non le manque de main-d’oeuvre comme on pourrait le penser – le véritable frein au développement du secteur.

La raison étant que dans les années 90, le gouvernement d’alors entame un projet de diversification du secteur, qui rencontre alors des difficultés. L’idée : convertir 2 500 hectares sous culture de thé en plantations de canne à sucre, cette dernière étant plus rentable. Si cette mesure a aidé des planteurs à remonter la pente, elle est aujourd’hui une entrave.

S’il veut encourager les planteurs, le gouvernement doit impérativement amener des mesures incitatives, estime le secrétaire de l’Amarnath Credit and Tea Marketing Cooperative Society. Cette dernière regroupe 50 membres et brasse un chiffre d’affaires de Rs 3 millions. Cette année, elle a fait son entrée dans la première édition du Top 100 Cooperatives publiée par le ministère des Entreprises et des Coopératives.

Le thé en résumé

Bois Chéri Tea Estate (Groupe St Aubin)

<p>Faisant partie du groupe St-Aubin, Bois Chéri produit quelque 15 variétés de thés pour le marché local et l&rsquo;exportation. Le groupe s&rsquo;est aussi diversifié au fil du temps en intégrant le circuit écotouristique grâce à la Route du Thé, ou en installant une <em>&laquo;Bubble Lodge&raquo;</em> sur son terrain à Bois-Chéri.</p>

<h3>Corson Tea Estate Co. Ltd</h3>

<p>Ayant plus d&rsquo;un siècle d&rsquo;existence, l&rsquo;usine de<em> Corson</em> fait partie des plus anciennes entreprises du secteur. Selon le site Web de la société, <em>Corson Tea Estate Co. Ltd</em> produit et commercialise 28 variétés de thés, emploie 80 personnes et est disponible dans 3 500 points de vente. Les produits sont également labellisés <em>&laquo;Made in Moris&raquo;.</em></p>

<h3>La Chartreuse Tea Manufacturing Co. Ltd</h3>

<p>L&rsquo;histoire de l&rsquo;entreprise commence en 1958 lorsque Kressoon Bhokhoree décide de se lancer dans la culture du thé. Si au départ il commence à cultiver un demi-arpent, en 1985 la surface cultivée est de 50 arpents. En 2004, La Chartreuse obtient la certification ISO 9000 :2001 pour la production, l&rsquo;emballage et la distribution de thé. Elle est aussi certifiée ISO 9001 :2008.</p>