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Mesures financières: «ratages» ou «espoirs»?

9 août 2016, 22:15

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Mesures financières: «ratages» ou «espoirs»?

Les attentes étaient grandes. Surtout après la renégociation du traité fiscal avec l’Inde. Mais depuis la présentation du Budget 2016-17, les réactions des opérateurs du Global Business sont pour le moins mitigées. Certains qualifiant même de «demi-mesures» celles figurant sous le chapitre du secteur financier.

«Estimez-vous que ces ‘mesurettes’ vont réellement doper ce secteur après le crash du Global Business, tout au moins dans sa forme actuelle? Nous nous attendions à des mesures fortes pour donner une nouvelle direction à ce secteur», lâche Couldip Basanta Lala, un des directeurs d’International Financial Services. L’activité de ce leader du Global Business a été durement affectée par les amendements apportés au Double Taxation Avoidance Agreement entre Maurice et l’Inde. Et pour lui, les mesures annoncées sont clairement des «redites» sous d’autres appellations et dont les résultats n’ont pas été probants.

Sunil Benimadhu, Chief Executive Officer (CEO) de la Stock Exchange of Mauritius (SEM) et Chairman de Global Finance Mauritius, est d’un tout autre avis. Les mesures au niveau du secteur financier, dit-il, vont dans le sens d’une plus grande ouverture vers des activités nouvelles à plus forte valeur ajoutée. Il cite notamment le Regional Headquarting, le centre de trésorerie régional, la gestion de fonds par les intermédiaires internationaux et l’Investment Banking.

Certaines contraintes

«Les visées du ministre sont ambitieuses mais leur réalisation peut s’avérer déterminante pour le futur positionnement de Maurice comme un centre financier international.» Et d’ajouter qu’il s’agit aussi d’analyser les mesures proposées dans le contexte du débat entourant la faible fiscalité au  niveau international.

Aujourd’hui, il n’y a que Londres, New York et Hong Kong qui peuvent se targuer d’être des centres financiers hors pair, avec la présence d’une multitude d’opérateurs internationaux, observe Sunil Benimadhu. «Ces centres sont aujourd’hui une référence dans les services financiers haut de gamme. Ils se sont bâti une solide réputation au fil des années et il est normal qu’aujourd’hui, toutes les grosses pointures mondiales de la finance veulent y avoir une présence.»

Évidemment, reconnaît le CEO de la SEM, Maurice ne peut du jour au lendemain émerger comme un centre financier de renom dans cette partie du monde. «L’Afrique du Sud peut potentiellement représenter un marché à saisir. Si on peut encourager les grosses multinationales à délocaliser une partie de leurs opérations à travers ces nouvelles incitations, dont le congé fiscal de huit ans, pour venir s’installer à Maurice, ce sera déjà un commencement», insiste Sunil Benimadhu. De faire valoir, dans la foulée, que Maurice peut prendre avantage de sa proximité avec l’Afrique du Sud, mais aussi de l’instabilité politique qui y règne, pour se positionner comme un centre  financier régional.

Quant à John Chung, Managing Partner de KPMG, il souligne que si les nouvelles incitations fiscales peuvent pousser les multinationales, voire des investisseurs engagés dans la gestion de fonds et de trésorerie, à s’implanter à Maurice, reste que le pays doit surmonter certaines contraintes. «L’Afrique du Sud ou encore le Kenya ont des connectivités aériennes permettant aux investisseurs de ces sociétés de participer à des réunions et de repartir le jour même en Europe ou en Asie. Ce qui n’est pas le cas ici. Actuellement, nous n’avons de vols quotidiens que sur trois destinations: Dubaï, Paris et l’Afrique du Sud.» Ces contraintes, insiste-t-il, freinent l’ambition de Maurice.

Le ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance, Roshi Bhadain, est monté au créneau mercredi dernier pour défendre le premier budget de Pravind Jugnauth. Celui-ci, a-t-il souligné, a jeté les bases pour «vivre et faire du business à Maurice». Il estime que «toutes les mesures annoncées boosteront la compétition et favoriseront un climat propice à la relance économique… Nous avons une nouvelle vision pour le secteur financier et c’est le gouvernement  qui l’exécutera».