Publicité

Non-lieu pour deux policiers accusés de viol par une touriste canadienne

20 juillet 2016, 20:58

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Non-lieu pour deux policiers accusés de viol par une touriste canadienne

 

Deux ans après un scandale qui avait ébranlé le 36, quai des Orfèvres, mythique siège de la police judiciaire parisienne, les juges d’instruction ont prononcé un non-lieu pour les deux policiers poursuivis pour le viol d’une touriste canadienne en 2014.

Les magistrats ont rendu mercredi cette décision à l’égard des deux policiers de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), âgés de 37 et 46 ans, a appris l’AFP de sources judiciaire et proche du dossier.

Le parquet, qui avait demandé mi-juin leur renvoi devant les assises pour «viols en réunion», a annoncé qu’il allait faire appel.

Me Sophie Obadia, avocate de la jeune femme, a aussi indiqué qu’elle interjetait «immédiatement» appel contre «cette décision ahurissante et scandaleuse».

Dans leur ordonnance, les juges ont notamment estimé que les propos de la jeune femme, «souvent défensifs», empêchent «de se fonder sur la sincérité de sa parole pour reconstruire les faits qu’elle dénonce», a indiqué à l’AFP la source proche du dossier.

«Ils ont tenu compte des contre-vérités et des incohérences dans les déclarations de la plaignante», s’est félicité Me Sébastien Schapira, avocat d’un des deux policiers. «Mon client dont la vie familiale et professionnelle a été dévastée par ces accusations est ému et soulagé que son innocence soit ainsi reconnue», a-t-il ajouté.

Cette affaire avait ébranlé le 36, quai des Orfèvres. Le 22 avril 2014, dans un pub irlandais en face du siège de la police judiciaire parisienne, des policiers s’étaient liés avec la jeune femme, âgée de 34 ans. En pleine nuit, les fonctionnaires, qui n’étaient pas en service, lui avaient fait visiter les locaux.

Elle en était ressortie en larmes un peu plus tard, extrêmement choquée.

Elle avait porté plainte pour viol. Un des policiers avait évoqué une relation sexuelle «consentie», l’autre démentant tout rapport.

Des empreintes génétiques des deux fonctionnaires avaient été retrouvées sur les sous-vêtements de la jeune femme, ainsi qu’une troisième, inconnue. Une vaste opération de prélèvements ADN sur des fonctionnaires de la police judiciaire avait eu lieu en septembre 2015, mais n’avait rien donné.

 

«Des mensonges» pour cacher des relations extra-conjugales

Les juges ont relevé dans leur ordonnance des «mensonges» dans les déclarations des policiers. Mais selon les magistrats, ils étaient justifiés par la volonté des deux fonctionnaires «de dissimuler des pratiques sexuelles extra-conjugales» et «de se défendre», selon la source proche du dossier.

Le parquet avait pour sa part estimé que le «comportement jovial et libéré» de la jeune femme ne pouvait conduire à dire qu’elle avait «consenti à des relations sexuelles à plusieurs dans les locaux de la BRI», d’après cette source.

Pour le ministère public, l’alcool, mélangé aux médicaments qu’elle a consommés ce soir-là, «n’avait pu qu’influer un peu plus sur son état de conscience, la rendant particulièrement vulnérable».

Plusieurs expertises dont l’AFP a eu connaissance, diligentées pour tenter de mieux cerner la personnalité de la Canadienne, s’étaient avérées contradictoires. La première, réalisée juste après les faits, relevait qu’elle ne présentait pas «de tendance à la mythomanie ou à la fabulation», tandis qu’une autre, rendue en janvier, soulevait «une forte réserve quant à la possibilité de s’appuyer sur son seul témoignage», mettant en avant son «parcours un peu chaotique» et «son instabilité».

«Les juges ne se sont basés que sur ce dernier rapport, omettant de prendre en compte ceux qui insistent sur sa crédibilité et sur le traumatisme qu’elle a subi», a déploré Me Obadia.

Des confrontations avaient été organisées à l’automne 2015 où chacun avait campé sur ses positions. Une reconstitution avait aussi eu lieu au même moment, mais la jeune femme n’y avait pas participé.