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Rama Sithanen: «Il n’y a ni miracle économique ni baguette magique»

18 juillet 2016, 11:15

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Rama Sithanen: «Il n’y a ni miracle économique ni baguette magique»

In a series of five articles, Dr Rama Sithanen, who is an economist and who was Minister of Finance between 1991 and 1995 and from 2005 to 2010, argues that in view of the challenging domestic and global economic environment, Minister Jugnauth should set very few but clearly articulated and focused objectives for the 2016-17 budget so as to raise the prospects of reversing declining trends and lay the foundation of future prosperity. He believes there should be only two objectives. First to reinvigorate investment so as to reignite the engines of strong, sustained and balanced growth and second, to introduce measures for  growth to be inclusive. After a thorough and an informed analysis of the current state of the economy, he recommends a pathway of policies to escape from both  low growth and rising poverty and inequality traps.

Vous démarrez, à partir de ce lundi 18 juillet, une série d’articles dans le cadre du Budget 2016-17, en collaboration avec l’express. Pouvez-vous nous expliquer l’objectif de cette démarche ?

J’ai été approché par plusieurs personnes qui m’ont demandé d’analyser la situation économique dans le cadre du budget. J’ai d’abord hésité, mais j’ai fini par accepter l’invitation de La Sentinelle.

La démarche est surtout citoyenne. En tant qu’économiste, j’observe l’évolution économique de mon pays depuis presque 40 ans. J’ai également été ministre des Finances pendant environ 10 ans, ce qui m’a permis de présenter plusieurs budgets. Les défis qui attendent le ministre tant sur le plan national qu’international sont énormes, mais il a aussi des marges de manœuvre qu’il peut utiliser avec discernement.

Je compte d’abord dresser un état des lieux, tout en lançant des pistes de réflexion et proposer des solutions pour deux grands problèmes qui sont la croissance atone et la persistance de la pauvreté. Quelle stratégie pour augmenter l’investissement, redémarrer la croissance et mieux partager ses fruits.

Comment se présentent les choses pour Pravind Jugnauth ?

Pravind Jugnauth a un avantage certain : celui de porter la double casquette de ministre des Finances et de leader du plus grand parti au pouvoir actuellement. Il pourrait donc amener de la cohérence, de la discipline, de la cohésion et de la rigueur et plus de clarté et de stabilité dans l’action gouvernementale. Car, malheureusement, force est de constater que pendant ces 18 derniers mois, l’économie a été négligée et reléguée au second plan avec les résultats qu’on connaît.

Il faut qu’il rétablisse la confiance, qui est indispensable en économie. Il aura un double défi à relever : d’abord celui de relancer la machine économique et, en même temps, résoudre le problème de la pauvreté et diminuer les inégalités. Le ministre dispose de cinq principaux outils pour résoudre ces problèmes, notamment la politique budgétaire et monétaire, la fiscalité, le taux de change, et les réformes structurelles.

Chaque ministre des Finances utilise ces outils de différentes manières. Toutefois, je pense que la réussite de sa politique économique dépendra du choix qu’il fera. Le ministre des Finances choisira-t-il de favoriser le budget de développement, les infrastructures et les réformes structurelles qui sont importants pour générer une croissance forte et créer des emplois productifs ? Ou fera-t-il dimounn zot labous dou, au risque de retourner à la case départ dans un an ?

Pravind Jugnauth aspire à devenir Premier ministre et le portefeuille des Finances est un poste clé menant à cette étape, s’il réussit son pari de croissance élevée et partagée et de création d’emplois.

Comment comptez-vous procéder avec cette série d’articles ?

Il s’agira d’une série de cinq articles qui s’articuleront autour de cinq thématiques. Les trois premiers seront consacrés à l’économie et les deux autres au combat contre la pauvreté et les inégalités. Le premier, qui est publié aujourd’hui, dresse le décor, présente le contexte dans lequel se trouve le ministre ainsi que les défis au niveau local et international.

Je parlerai également des big macro issues que le ministre devra résoudre, des problèmes sectoriels et les grandes réformes pour améliorer la compétitivité et la productivité et encourager l’innovation et la technologie. Mes deux derniers articles jetteront un regard sur la pauvreté et la stratégie à adopter pour la combattre.

Quelles sont vos attentes pour le budget ?

Il n’y a pas de baguette magique. Et pas de miracle économique. Une bonne stratégie économique, une bonne exécution des décisions. De la cohérence et de la patience. Il faut semer les graines aujourd’hui pour récolter les fruits de la transformation économique demain.