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Reza Uteem: «Je suis choqué que Trilochun n'ait pas encore été révoqué»

16 juillet 2016, 21:00

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Reza Uteem: «Je suis choqué que Trilochun n'ait pas encore été révoqué»

Kailash Trilochun allègue que la Law Officers Act a été amendée en catimini et en usurpant le privilège de l’Assemblée nationale afin de permettre aux avocats du State Law Office (SLO) de se représenter, à leur propre compte, des corps parapublics. L’exemple qu’il cite vise notamment Dhiren Dabee, le Solicitor General, qui aurait enfreint la Prevention of Corruption Act en se représentant, à son propre compte, la Financial Intelligence Unit, que préside en l'occurrence Kailash Trilochun.

Ce faisant, ce dernier s’est non seulement attiré les foudres du bureau de Ravi Yerrigadoo mais aussi celles de ses confrères. Certains avocats se demandent si Kailash Trilochun aura le temps de compiler un dossier contre le SLO pour le porter devant le Bar Council ou bien si c’est lui qui sera traîné devant l’Ordre des avocats. Le Bar Council ,de son côté, se garde bien de commenter cette situation, car il pourrait bien être officiellement appelé à arbitrer le match Dabee vs Trilochun.

L’affaire porte en elle un fort relent politique. Kailash Trilochun, rappelons-le, est un avocat très proche du pouvoir, beau-frère de surcroît de Nando Bodha et nominé à plusieurs postes dans diverses institutions publiques. En s’attaquant aux avocats du SLO, il s’est aussi mis à dos le bureau de Ravi Yerrigadoo.

Une situation que Reza Uteem, avocat et un des leaders adjoints du MMM, ne s'est pas fait prier pour commenter.

D’un point de vue juridique, l’explication du bureau de l’Attorney General met-elle un terme définitif aux allégations de Trilochun?

Reza Uteem : L’explication du bureau de l’AG clarifie la situation et démontre que les officiers du State law Office ont bel et bien reçu une autorisation écrite du Président de la République pour représenter les corps paraétatiques et ce depuis 1995, soit avant la modification du texte de loi. Même la Cour suprême s’est déjà exprimée  à ce sujet. Mais là où une zone d’ombre demeure, c’est si le changement  fait à la Law Officers Act de 2007, avec le retrait des mots «in any special case» est un «change in substance»  est un fait qui aurait dû être avalisé par le Parlement ou non.

Croyez-vous dans le « genuineness » de l’état d’esprit de Kailash Trilochun dans la formulation de ces allégations, ou bien  estimez-vous qu’il est  motivé par d'autres considérations ?

Reza Uteem : Ce que M. Trilochun a fait est très grave et je suis entièrement d’accord avec le Premier ministre qui a conseillé au Solicitor General de porter plainte à la police. M. Trilochun est le chairman de la Financial Intelligence Unit. Il s’est servi d’une missive privée contenant des informations confidentielles entre un homme de loi et son client, la FIU. Je suis choqué qu’il n’ait pas encore été révoqué, ne serait-ce que pour cela. Mais il a fait pire. Il a voulu faire croire qu’il y a eu trafic d’influence et maldonne. Un self-confessed nominé politique qui selon les réponses déposées au Parlement a touché plusieurs millions de roupies d’honoraires de l’ICTA en moins d’un an et qui se permet de faire de telles accusations : c’est très grave ! Je compte bien sûr soulever toute  la question au Parlement.

D’un point de vue politique, comment voyez-vous cette situation : Kailash Trilochun, beau-frère de Nando Bodha, qui jouit de plusieurs nominations dans les corps parapublics, s’attaque à Dhiren Dabee et qui s’attire les foudres du bureau de Ravi Yerrigadoo ?

Reza Uteem : Effectivement, on peut difficilement envisager qu’un nominé politique, proche d’un ministre, ait pu se permettre de s’attaquer au parquet et au bureau de l’AG sans bénéficier d'une protection en haut lieu ! Mais c’est symptomatique de ce gouvernement : on s’entretue pour des avantages personnels, comme dans le cas du conflit opposant les ministres Bhadain et Lutchmeenaraidoo. Et tout cela, sous le regard impuissant du Premier ministre !