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France: au moins 80 morts dans un attentat le jour de la Fête nationale

15 juillet 2016, 05:25

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France: au moins 80 morts dans un attentat le jour de la Fête nationale

 

[Mise à jour] La France frappée par un attentat en pleine fête nationale: au moins 80 personnes ont été tuées jeudi soir lorsqu'un camion a foncé sur la foule qui assistait à un feu d'artifice à Nice, dans le sud-est de la France.

Huit mois après les attaques jihadistes de novembre à Paris, qui avaient fait 130 morts, la France a replongé dans l'horreur avec des scènes effroyables sur la Promenade des Anglais, haut-lieu touristique près de la Méditerranée.

Alors que le feu d'artifice touchait à sa fin, un camion blanc a foncé à pleine vitesse dans la foule, qui rassemblait des milliers de personnes dont de nombreux étrangers, et roulé sur près de deux kilomètres, selon la justice française.

Au moins 80 personnes, dont des enfants, ont été tuées et des dizaines blessées, dont 18 se trouvaient «en état d'urgence absolue», selon un bilan provisoire des autorités.

Le «caractère terroriste» de l'attaque, qui n'a pas été revendiquée, «ne peut être nié», a déclaré dans une allocution télévisée le président François Hollande. «La France a été frappée le jour de sa fête nationale, le 14 juillet, symbole de la liberté», a-t-il souligné, en dénonçant une «monstruosité».

A l'issue de sa course folle, le conducteur du camion a été abattu par la police. Dans son véhicule, "des armes lourdes" ont été retrouvées, selon le président de la région niçoise, Christian Estrosi, qui se trouvait sur les lieux.

Autour, «c'était le chaos absolu», «des gens hurlaient», a décrit un journaliste de l'AFP, Robert Holloway, qui assistait aux festivités du 14 juillet dans cette ville de la Côte d'Azur.

«Nous avons vu des gens touchés et des débris voler partout», a-t-il encore raconté, ajoutant qu'il avait très vite compris, «qu'un camion de cette taille avec une trajectoire en ligne droite» ne pouvait être qu'un "acte totalement délibéré".

Des corps sous des draps 

Les autorités ont appelé la population à rester chez elle, le temps de déterminer si le tueur «a agi seul ou s'il a bénéficié de complices qui auraient pris la fuite», a expliqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henri Brandet.

Dans le véhicule, la police a retrouvé des papiers d'identité au nom d'un Franco-Tunisien âgé de 31 ans et domicilié à Nice.

Dans cette ville de la Côte d'Azur, très prisé des touristes depuis le 19e siècle en raison de ses températures clémentes et de ses eaux azur, l'image de carte postale avait laissé la place à l'horreur.

Des corps jonchaient le sol, souvent recouverts d'un simple drap. Des personnes en larmes restaient parfois hébétées à leur côté sur une chaussée couverte de sang.

Un important dispositif de sécurité a été délimité dans le centre de Nice, où de nombreuses ambulances, des membres des forces de l'ordre et des militaires se sont déployés.

A Paris, où le président François Hollande est rentré en urgence, une cellule de crise a été activée au ministère de l'Intérieur.

Le chef de l'Etat a annoncé une prolongation pour trois mois supplémentaires de l'état d'urgence, qui devait prendre fin dans quinze jours, et le recours à des citoyens réservistes pour seconder l'armée et les gendarmes.

Une cellule d'aide aux victimes a été ouverte au ministère des Affaires étrangères avec un numéro d'urgence pour les proches (+33.1.43.17.56.46).

Le président américain Barack Obama a fermement condamné jeudi soir «ce qui semble être une horrible attaque terroriste». «Nous sommes solidaires de la France, notre plus vieil allié», a-t-il ajouté dans un communiqué.

De même, la nouvelle Première ministre britannique Theresa May a été informée du "terrible incident" à Nice, selon Downing Street qui se tient prêt à aider d'éventuelles victimes britanniques.

Grande confusion

Frappée deux fois l'an dernier par des attentats jihadistes sans précédent (17 morts les 7, 8 et 9 janvier et 130 morts le 13 novembre), la France vivait depuis dans la crainte de nouvelles attaques en dépit d'un dispositif sécuritaire drastiquement renforcé.

Le groupe Etat islamique (EI), qui perd du terrain en Irak et en Syrie où il a proclamé un califat en 2014, a menacé régulièrement la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.

«Rien ne nous fera céder dans notre volonté de lutter contre le terrorisme et nous allons encore renforcer nos actions en Syrie comme en Irak», a assuré le président Hollande.

Depuis plus d'un an, plusieurs projets d'attentat ont été déjoués en France mais de nouvelles attaques étaient notamment craintes à l'occasion de l'Euro de football, qui s'est terminé dimanche sans incident.

A Nice, tous les spectateurs n'ont pas immédiatement compris ce qui se passait. «Il régnait une grande confusion», a témoigné sur l'Australian Broadcasting Corporation Emily Watkins, une Australienne présente à quelques dizaines de mètres du camion au moment de l'attaque.

«Les gens couraient vers nous et sans vraiment savoir ce qu'il se passait, on s'est retournés et on s'est mis à courir aussi», a-t-elle poursuivi. «Les gens trébuchaient, essayaient de rentrer dans le hôtels, les restaurants, les parkings, partout où ils pouvaient éviter d'être dans la rue».

Quelques heures après l'attaque, le semi-remorque blanc était immobilisé, les pneus crevés, la porte passager criblée d'impacts de balles, a constaté un correspondant de l'AFP.

De multiples rumeurs, notamment sur des prises d'otages, couraient les rues de la ville, malgré un démenti officiel. Et des mouvements de panique se sont répétés.