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Football - S.Gowreesunkur : « Le Curepipe Starlight était l’équipe à battre ! »

14 juillet 2016, 12:06

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Football - S.Gowreesunkur : « Le Curepipe Starlight était l’équipe à battre ! »

C’est quelque part une page du football mauricien qui se tourne avec la relégation du Curepipe Starlight en première division. En dépit de la désillusion, Sarjoo Gowreesunkur, le directeur sportif du CSSC explique les raisons de l’échec de la formation curepipienne.

 

 

Quel est votre sentiment après la relégation du CSSC, considéré comme l’un des clubs les plus structurés à Maurice ?
– J’avais eu carte blanche pour mettre en place une équipe compétitive au CSSC mais il y a des choses qui n’ont pas fonctionné. J’ai commis pas mal d’erreurs en ce qui concerne le recrutement de joueurs étrangers. J’ai fait confiance à des agents qui m’avaient proposé des joueurs de qualité mais par la suite, j’ai été dupé.

 

Le recrutement est-il l’unique responsable de ce fiasco ?
– Non, car le Curepipe Starlight, en lui-même, connaît une fin de cycle. Pour y remédier, je m’étais fixé comme objectif de rajeunir l’équipe. Malheureusement, en recrutant un trop grand nombre de jeunes, nous n’avons pas su inverser la courbe de défaite car ils ont mis du temps à s’adapter. Mais je suis convaincu que ces joueurs feront parler d’eux à l’avenir. Il y a d’autres facteurs qui ont troublé notre saison.

 

Le CSSC a été tout sauf compétitif cette saison, en témoigne le nombre de victoires et cette différence de but tellement éloignés de ce proposait le CSSC auparavant…
– Avec l’avènement du football professionnel, je n’ai pas changé mes méthodes de coaching et c’était une erreur de ma part. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai laissé la barre à un autre entraîneur en décembre.

 

Ne pensez-vous pas qu’il était déjà trop tard à ce moment-là ?
– Au contraire, je l’ai fait au bon moment. Quand vous disputez une ligue professionnelle, il faut être pro jusqu’au bout. On s’entraînait très dur en semaine et on déjeunait ensemble également. Mais certains joueurs n’appréciaient pas ce rythme. Ils disaient que c’était trop et n’arrivaient pas à récupérer adéquatement. Cette mentalité de professionnelle était absente. A un moment, on jouait un beau football mais on ne scorait pas suffisamment. J’avais investi dans un grand attaquant qui n’a jamais su élever son niveau de jeu.

 

Qu’arrivera-t-il aux joueurs du CSSC désormais ?
– Certains vont rejoindre d’autres équipes professionnelles car beaucoup d’entre eux ont de bonnes qualités. La saison vient de se terminer et le club travaille actuellement sur un projet pour permettre aux joueurs de continuer à vivre du football.

 

Comment se dessine désormais l’avenir du club ?
– Le CSSC est très bien structuré et nous avons une académie qui demeure performante. Notre équipe féminine continue à progresser et notre équipe junior est l’une des meilleures à Maurice. Nous allons continuer à investir dans l’équipe pour retrouver les sommets en allant vers les Curepipiens notamment. D’ailleurs en dépit de nos soucis, nous n’avons pas diminué notre masse salariale durant la saison écoulée.

 

A combien s’élevait la masse salariale du CSSC ?
– En comptabilisant ce que percevaient les joueurs et le staff technique, la masse salariale s’élevait à Rs 375 000 mensuellement. L’argent que nous percevions de la MPFL n’était, d’ailleurs, pas suffisant et le club devait puiser dans ses caisses pour réunir Rs 100 000 additionnelles pour satisfaire tout le monde.

 

Un recrutement mitigé, des jeunes loups qui n’avaient pas faim, un manque de récupération et un attaquant muet. A vous entendre, les ennuis ont été légion au CSSC…
– Il y a eu pas mal d’ennuis effectivement et les départs n’ont pas arrangé les choses. A un moment, le dialogue ne passait pas avec certains éléments et c’est pour cette raison que j’ai préféré me retirer et faire confiance à Nono L’Effronté avant de faire signer Luc René Comlan.

 

Certaines personnes disent que vous l’avez arraché des mains de Barlen Sengayen, le président de Chamarel SC…
– Luc et moi sommes devenus de bons amis à mesure que l’on avançait dans la ligue et un jour, il m’a dit en plaisantant qu’il sera le prochain entraîneur du CSSC. Mais alors qu’il travaillait toujours dans le noir avec Chamarel SC, il en a eu marre du manque de considération à son égard et c’est là qu’il m’a approché et nous avons enclenché les démarches. Chamarel ne voyait pas cela d’un bon œil et ses dirigeants l’on repris avant de le limoger suite à des résultats moyens.

 

Vous aviez de grands espoirs en Luc René Comlan. Finalement, il ne s’est jamais réellement imposé…
– Certes, il n’a pas su enclencher le processus de redressement mais il y a également des facteurs extérieurs qui nous ont perturbés. Dans le championnat, le Curepipe Starlight était l’équipe à battre et j’avais l’impression que je dérangeais la MFA et la MPFL. Il y a également des rules and regulations contestables qui avaient pour but de favoriser certains clubs.

 

Ne cherchez-vous pas des boucs émissaires au lieu d’assumer pleinement la responsabilité de l’échec du CSSC cette saison tant en championnat qu’en Coupe nationale ?
– J’ai déjà fait mon mea culpa, aux décideurs d’en faire de même. Même l’arbitrage a été mis à contribution pour nous déstabiliser. Notre équipe junior a, également, beaucoup souffert des partis pris. Ces jeunes footballeurs ont souvent été malmenés sur le terrain sans, que la MFA ne lève le moindre petit doigt.  Finalement, le professionnalisme n’a rien apporté.

 

Vous dites cela parce que vous ne digérez toujours pas la relégation…
– Le professionnalisme est sensé développer notre football et l’équipe nationale reste le baromètre idéal pour situer le niveau du football mauricien. Or, qu’arrive-t-il au Club M et son entraîneur globe-trotter qui déniche des joueurs autour du monde ? Cela démontre bien que nous n’arrivons pas à mettre en place une équipe de 22 joueurs de haut niveau.

 

Vous êtes en train d’affirmer que les récentes victoires du Club M tant en compétitions officielles qu’en match amical comptent pour du beurre ?
– Le problème c’est que le football professionnel n’a rien apporté. Le seul changement notable est que les joueurs sont mieux rémunérés et encore. Le football est la chasse gardée de quelques personnes et c’est pour cela que nous allons droit au but. Si seulement nous avions autant de moyens à mon époque…

 

Nous ne pouvons pas retourner en arrière…
– Nous pouvons certainement tirer de précieux enseignements du passé. Certaines personnes évoquent la triste histoire du football communal, mais je peux avancer qu’aujourd’hui, il n’y a jamais eu autant de communalisme dans notre football et cela prend de la deuxième division jusqu’à la Premier League sans compter les passe-droits.

 

Pouvez-vous nous en dire plus ?
– Je prends l’exemple de cette équipe régionale qui a recruté quatre joueurs étrangers sans que la fédération ne bronche. Cela démontre également toute l’incompétence du ministère du Travail. Cela démontre bien le fiasco de notre football qui ne crée pas suffisamment d’espace pour les talents mauriciens.

 

A vous entendre, tout va mal dans notre football…
– Il y a des choses qui ne se déroulent pas comme il le faut et là, je salue le travail des académies qui œuvrent à la formation des jeunes. Je pense notamment à Marcel Guillaume, Stéphane Buckland et Giovanni Jeannot. Ils font un bon travail mais ce n’est certainement pas à eux de faire le travail de la fédération qui ne parvient toujours pas  recruter un Directeur technique national.

 

Quelle est la meilleure recette pour permettre au football mauricien de devenir compétitif ?
– Dans un premier temps, c’est la mentalité des joueurs qui doit évoluer. Les dirigeants, tant la MFA que la MPFL, doivent se remettre en question en privilégiant le football tout en apportant une vraie reforme pour permettre à la discipline d’avancer. Les décisions ne peuvent pas reposer sur une ou deux personnes uniquement.