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Deuil national au Bangladesh après le massacre jihadiste de Dacca

3 juillet 2016, 12:23

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Deuil national au Bangladesh après le massacre jihadiste de Dacca

 

Le Bangladesh a entamé dimanche un deuil national de deux jours après le massacre dans un restaurant de 20 otages, dont 18 étrangers, le gouvernement persistant à assurer que les jihadistes appartenaient à un groupe local et non à l'organisation Etat islamique (EI).

En annonçant ce deuil national lors d'une intervention télévisée samedi soir, la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a exhorté les extrémistes à «cesser de tuer au nom de la religion».

Dénoncé dans le monde entier, ce massacre dans un restaurant de la capitale Dacca fréquenté par les expatriés a été revendiqué par l'EI qui dit s'en être pris à un rassemblement de "citoyens d'Etats Croisés". Parmi les victimes se trouvaient neuf Italiens, sept Japonais et un Américain.

Mais le ministre de l'Intérieur du Bangladesh a assuré que les assaillants appartenaient à un groupe extrémiste bangladais et non à l'organisation jihadiste. Six d'entre eux ont été abattus par les forces de sécurité qui ont mis fin à la prise d'otages, tandis qu'un septième a été pris vivant et est interrogé par les services de renseignement.

«Ils sont membres du Jamaeytul Mujahdeen Bangladesh», a dit le ministre Asaduzzaman Khan à l'AFP, mentionnant ce groupe jihadiste interdit depuis plus d'une décennie. Selon lui, «ils n'ont aucun lien avec l'Etat islamique».

Lors de l'attaque lancée vendredi, ces hommes lourdement armés ont massacré la plupart des otages à l'arme blanche. Deux policiers bangladais ont également été tués au début de l'attaque.

Cette prise d'otages d'une gravité inédite au Bangladesh intervient après des mois de violences marquées par les meurtres d'intellectuels et de membres de minorités religieuses, revendiqués par l'EI mais dont le gouvernement nie la présence dans le pays.

Les analystes estiment que le Bangladesh ne veut pas admettre l'existence d'organisations telles que l'EI ou Al Qaida sur son sol par crainte de faire fuir les investisseurs.

Pour Shahedul Anam Khan, analyste pour le quotidien Daily Star, après cette dernière attaque, le gouvernement ne peut plus nier de façon raisonnable leur présence active sur son sol.

«On n'est pas sûr que ces personnes soient liées de façon organique à des groupes extrémistes internationaux mais le gouvernement doit reconnaître la marque de l'EI dans ce pays et la multitude des démentis ne pourra rien y changer», dit-il.

- «Tuer les non-musulmans» -

Pour marquer le deuil, les drapeaux étaient en berne sur les bâtiments officiels et des cérémonies religieuses sont organisées dans tout le pays.

L'Italie a annoncé la mort de neuf de ses ressortissants tandis que le Japon a déploré la mort de sept de ses ressortissants. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a exprimé sa "profonde colère devant le fait que tant d'innocents ont perdu la vie en raison d'un terrorisme cruel et malfaisant".

Un Américain a été tué et une étudiante indienne de 19 ans de l'Université de Berkeley a également trouvé la mort.

Au moins 13 otages dont trois étrangers ont été secourus par les commandos lors de leur intervention.

Un survivant bangladais a raconté comment les preneurs d'otages avaient séparé les clients en deux groupes, les étrangers et les Bangladais, et montré qu'ils voulaient s'en prendre clairement aux non-musulmans.

«Ils ne cessaient de dire: +ne vous inquiétez pas, nous sommes ici pour tuer les étrangers et les non-musulmans. Vous devriez prier Dieu, priez cinq fois par jour», a-t-il raconté, sous couvert d'anonymat, au quotidien Dhaka Tribune.

Le ministre de l'Intérieur bangladais a assuré que tous les preneurs d'otages avaient fait de solides études. "Il s'agit de jeunes hommes très instruits qui ont fréquenté l'université. Aucun ne vient d'une madrasa" (école coranique), a dit le ministre.

Les autorités du Bangladesh ont arrêté le mois dernier 11.000 personnes, dont seulement quelques centaines d'islamistes extrémistes, en réaction à la vague de meurtres qui éprouve le pays depuis des mois.

Le principal parti islamiste est interdit de participation aux élections et la plupart de ses dirigeants sont en prison ou ont été exécutés après des procès pour leur rôle commis pendant la guerre d'indépendance de 1971 contre le Pakistan.

L'opposition a dénoncé la vague d'arrestation récente, y voyant une tentative de museler toute voix discordante.