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La semaine vue par Gilbert Ahnee

6 juillet 2016, 12:00

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 27 Juin 2016

Un magistrat rappelle à un enquêteur de l’ICAC qu’un suspect a des droits. Depuis 14 ans, certains ne l’auraient-ils pas encore compris ?

Maréchal, nous voilà…

Tough to swallow. Lorsqu’il réapparaît, samedi, Raj Dayal simule une posture victimaire. Il réprouve la différence de traitement entre lui et le PPS Henry. En effet, soupçonné d’avoir réclamé un pot-de-vin, l’ancien ministre a dû démissionner. Ce qui n’a pas été exigé de Thierry Henry. Ce dernier ayant pourtant réussi à se crayonner un sacré portrait…

L’élu PMSD Henry s’était arrangé pour faire admettre à l’opinion publique qu’il avait 1) conduit en état d’ébriété; 2) percuté et tué un piéton; 3) convenu avec son épouse d’un accord secret pour se livrer à un faux témoignage, si ce n’est, comme Rakesh – Pran Sarz – Gooljaury, to effect public mischief, dans tous les cas de figure un complot; 4) menti à la police. Quelles seront les accusations finalement retenues contre le PPS ? On sait au moins que, à l’AN, le 5 avril, Bérenger déclara : “Both PPS Henry and his wife lied so that he would not be arrested”. Ce à quoi le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, répondit : “That they both lied, there is no doubt”.

Samedi dernier, Dayal exploite un Henry démonétisé pour, lui, se faire valoir. Aussi pour laisser comprendre qu’il est décidé à s’opposer à la machine MSM ou, plus précisément, à l’ambition nationale de Pravind Jugnauth. Mais il va se passer quelque chose car, 48 heures plus tard, Dayal est désormais solidaire d’Henry. Quelles pressions, quelles menaces ? Qui suggère la cravate orange ? Not only in the kingdom of Denmark…

Mardi 28 juin 2016

Avait-on déjà vu le MMM ne pas déposer une motion of disallowance, voire une motion de censure, parce qu’en minorité ? Off… Marké gardé… On…

Absentéisme des idées

Figure de l’échec. Des années déjà que de nombreux élèves du secondaire, en Form VI U, restent chez eux, ne se rendant plus en classe, comptant davantage sur l’enseignement de leurs proféser léson que sur celui des maîtres payés par nous pour leur assurer une éducation au sein de l’école. Et cette attitude est une autre facette de l’échec de notre projet scolaire.

La réforme du mode d’évaluation d’un système scolaire est sans doute le levier le plus efficace dont on dispose pour combattre les pratiques et les mentalités qui le corrompent. On pourrait imaginer que 70 % des points obtenus par un candidat au HSC – mais aussi au SC – lui proviendraient de l’examen, tel qu’on le connaît, tel qu’il pourrait être, à terme, après une éventuelle réforme. Les autres 30 % seraient attribués, sur la base d’une évaluation permanente, engagée depuis le début de l’année et poursuivie jusqu’à la date officielle de fin des cours.

Dès la période où les cours sont habituellement désertés, les enseignants pourraient engager leurs élèves à se mettre à des projets de recherches, dans des domaines proches de leurs matières d’études mais avec des démarches plus innovantes, cela devant permettre d’évaluer également les capacités d’expression, l’esprit de synthèse, l’intérêt scientifique.

Le savoir ne s’arrête pas aux limites du syllabus de Form VI. Quel que soit l’itinéraire subséquent de ces élèves, ils auraient tout à gagner à être engagés dans une démarche encadrée de production de connaissance. Plutôt qu’à sa seule mémorisation.

Mercredi 29 juin 2016

N’aurait-il pas été plus judicieux, plutôt que Gayan, que la commission Lam Shang Leen entende un technicien du ministère de la Santé ?

Connecteur d’idées

Se relier. On se souviendra que Jean Claude de l’Estrac, le premier secrétaire général mauricien de la COI, proposa que la connectivité soit une des lignes de force de son mandat, connectivité aérienne et maritime mais aussi numérique. À deux semaines de la fin de son mandat, M. de l’Estrac a pu annoncer, ce jeudi, à Madagascar, la signature d’un protocole d’accord entre sept opérateurs privés – Blueline, Canal+ Telecom, Emtel, SRR, Telco OI, Telma et Zeop – de la région pour la pose d’un câble à très haut débit reliant La Réunion, Madagascar et Maurice entres elles et au continent africain. Un accroissement significatif de débit, ce qui invite, par ailleurs, à réfléchir aussi au contenu de nos échanges.

À Maurice, nous devons nous dire qu’il ne suffit pas d’avoir des milliers de mètres carrés de tours dans une prétendue cybercité pour se croire le véritable hub de l’innovation numérique dans la région. À La Réunion, un natif de l’île a créé la société Oscadi qui fabrique, autour d’un iPad mini, un échographe portable coûtant un tiers du prix d’un dispositif conventionnel d’échographie. Quant à la société Reuniwatt, elle joint l’observation satellitaire au Big Data pour prévoir avec une très grande précision l’ensoleillement de panneaux photovoltaïques, ce qui rend la production énergétique moins aléatoire. Cette démarche fut présentée par la revue du Massachussetts Institute of Technology comme une des breakthrough technologies de 2014.

Les câbles conduisent les uns chez les autres. Allons aussi voir à côté. Désenclavons nos neurones.

Jeudi 30 juin 2016

Existe-t-il un délit d’homicide par négligence? Quelle peine pour l’ignorance préméditée? Pas de quoi s’alarmer des drogues synthétiques…

Based on principles

Rassemblons-nous. Ce diplomate américain, en poste à Port-Louis, racontait à un interlocuteur mauricien les complications surréalistes – et coûteuses – que lui avait infligé la VAT Overseas Repayment Unit britannique, suite à un achat à Londres avant un départ pour les États-Unis. Au Mauricien qui lui faisait remarquer que cela n’était pas loin de lui coûter plus que la somme qu’il avait espéré se faire rembourser, ce protestant rigoriste lança ce propos sans appel : “That was not a question of money. It was a question of principle. America was built on principles, you know !” Hmm ! Well, some may not know…

La monarchie britannique a pour devise Dieu et mon droit mais si cela a pu, à une époque lointaine, justifier l’absolutisme, le pays, aujourd’hui, se flatte d’avoir adopté la Magna Carta dès 1215. Ce qui limita l’arbitraire royal et annonça l’Etat de droit.

Ce n’est pas uniquement en accusant Britanniques et Américains d’être des international bullies, d’utiliser might pour écraser right que nous gagnerons la bataille auprès de leurs opinions publiques. Il faut, au contraire, comme Gandhi l’avait fait auprès de la société, des salariés, des syndicats britanniques, faire valoir aux decent citizens de ces pays qu’ils ont des valeurs, des lois, un système de droit. Faire prendre conscience à ceux qui en bénéficient combien leurs gouvernants ont trahi ces principes

Pour nous, Mauriciens, souvent plus portés à la polémique qu’au consensus, la bataille des Chagos offre une formidable occasion de rassemblement. Autour de valeurs, nous aussi. Profitons-en.

Vendredi 1er Juillet

Dans un an, au 1er juillet 2017, soit 18 mois après la COP21, nos voitures commenceront à carburer aussi à l’éthanol. Pas trop tôt, non ?

Smart time

Entièrement pensé. L’économiste fin stratège remplace l’architecte passionné d’urbanisme. C’est à la State Land Development Corporation (SLDC), Gérard Sanspeur accède à la présidence préalablement occupée par Gaëtan Siew. Détracteurs et amis de ce dernier pourraient sans doute animer une bruyante polémique quant à l’apport de l’ancien président de l’Union internationale des architectes au projet mauricien de smart cities. Laissons à sa triste stérilité le débat auquel se livrent a priori et préjugés. Ce qu’il importe de retenir de la vision et des interventions de Gaëtan Siew : un développement urbain durable se greffe principalement sur un équipement culturel dynamisant. Par exemple, l’effet provoqué, au pays basque espagnol, par l’implantation du musée Guggenheim à Bilbao.

Il ne faut pas brader le concept de smart city. Pour qu’il reste pertinent, pour que la réalité de ces villes intelligentes conserve son attrait, il importe que tout soit d’abord mis en œuvre pour faire émerger le smart citizen. Sans lequel il n’y a pas de smart city, ou seulement des infrastructures un peu plus informatisées, un peu plus wired que Beau-Bassin, Beau-Rivage, Beau-Séjour et Beau-Vallon. Dans le public comme dans le privé, le nouveau président de la SLDC n’a jamais laissé associer son nom à des projets mort-nés ou à des éléphants blancs. On ne peut que souhaiter que Gérard Sanspeur – davantage familier des graphiques et courbes de croissance que des vernissages et soirées au théâtre – soit malgré tout curieux de cette équation vérifiée : Esthétique + Création + Diversité = Croissance.

Samedi 2 juillet

La maison Publico patrimoine national. Quoi en faire ? Les bureaux de PL by Light ? Une médiathèque ? Un mémorial littéraire du Ward IV ?

Ce droit essentiel

 

Récit fort. Bouleversant. Dans l’express de ce samedi, l’histoire d’Ayesha, adolescente de Plaine-Verte, contrainte d’interrompre sa scolarité secondaire afin de pouvoir s’occuper d’une mère aveugle et d’un petit frère de quatre ans. À 13 ans aujourd’hui, l’école pour elle, c’est fini. Dans quelques années, lorsqu’elle cherchera un emploi, tous ceux qui pourraient la motiver réellement seront pour elle hors de portée. Parce qu’insuffisamment scolarisée, parce que ne détenant pas les diplômes requis. Notre société peut-elle accepter cela ?

Un article de presse, un appel à la radio peuvent susciter la générosité, provoquer un mouvement de solidarité. On l’a vu dans le passé pour des personnes qu’il s’agissait de reloger ou de soutenir face à la maladie. Mais peut-on se fier à la seule mobilisation de concitoyens quand il s’agit d’empêcher la déscolarisation d’un/e jeune? Quand l’enjeu est l’éducation d’un/e compatriote, soit le choix d’en faire, à l’avenir, un/e bénéficiaire de prestations sociales ou un/e contribuable, ne devrait-on pas imaginer un dispositif pour que l’enfant aille au bout de son parcours académique ? Qu’est-ce qui pèserait le plus dans la balance, le coût financier ou le gain en ressources, si nous mettions en place un collège en ligne ? Avec bien sûr des accès à des ordinateurs et à l’Internet dans les centres sociaux, les Citizens’ Advice Bureaux, voire les éventuels kiosques que nos opérateurs de téléphonie se feront un bonheur de sponsoriser.

Nous sommes appelés à vivre au sein d’une société de plus en plus wired, en réseau. Dont acte.