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Médecine: «Rajouter des chômeurs diplômés ne serait pas une bonne idée»

2 juillet 2016, 15:43

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Médecine: «Rajouter des chômeurs diplômés ne serait pas une bonne idée»

 

Depuis des mois, la Tertiary Education Commission fait l’objet de critiques de la part de divers acteurs du secteur de l’éducation. Mais, selon le Chairman, l’institution fonctionne correctement et remplit son rôle pleinement, sans ingérence.

 

Vu la polémique sur la TEC et des universités privées, n’est-ce pas le moment pour l’institution de se réinventer ?

Bien sûr. Il est impératif d’être en réinvention constante. Si nous ne sommes pas à l’écoute des demandes, que ce soit des universités ou des étudiants, et si nous ne faisons pas attention à ce qui se fait ailleurs, nous allons rester à la traîne. Au-delà du quotidien, il faut avoir une vision d’avenir…

Et quelle est la vision de la TEC ?

Nous devons constamment voir comment améliorer les conditions d’enseignement. Vous savez, nous avons eu une prolifération de petites institutions. Nous pouvons faire le parallèle avec les collèges privés qui sont apparus avant l’éducation gratuite. Certains très bons et d’autres assez moyens. Il y a de la place pour l’amélioration.

Nous sommes actuellement penchés sur les critères que les institutions doivent respecter pour pouvoir opérer tout en donnant un maximum de facilités aux étudiants. Cela, afin de pouvoir être considéré comme un Tertiary Education Institute. Il ne suffit pas d’avoir des salles de classe et des lecturers. Il est inconcevable, aujourd’hui, d’avoir des établissements d’enseignement supérieur sans Internet. Il faut aussi une bibliothèque, une cafétéria…

Bien évidemment, les nouvelles institutions auront l’obligation de s’y conformer. Mais pour celles qui existent déjà, nous sommes en train de voir comment faire le changement en douceur afin que les étudiants ne soient pas pénalisés.

Les étudiants ont été quand même victimes de certains établissements dans le passé…

C’est du passé. Certaines universités à problèmes se sont réinventées. D’autres fermeront. EIILM University, par exemple, n’a plus le droit de prendre d’étudiants car nous ne leur en avons pas donné l’autorisation. Après la cuvée de cette année, l’établissement fermera ses portes. Mais d’autres institutions ont su se réinventer. Amity, par exemple, avait eu la même interdiction. Mais à travers l’Amity Global Business School, elle s’est associée à Northampton University et est maintenant à nouveau opérationnelle. Avec un directeur académique en poste ici pour une meilleure gestion.

Il y a également des universités étrangères qui n’arrivent pas à recueillir le nombre d’admissions nécessaires. Aberystwyth par exemple…

Vous avez vu leur campus ? Si toutes les universités aspirent à ce type de campus, nous n’aurons plus à nous plaindre. Malheureusement, ils n’ont pas eu le nombre d’étudiants attendu au lancement. Mais j’espère que cela s’arrangera. Il leur faut un peu plus de marketing car ils ne sont pas connus et c’est bien dommage. Il y a aussi le fait qu’ils ont commencé avec peu de cours. Nous venons d’approuver une dizaine de cours supplémentaires pour eux. Cette université décollera. Il ne faut pas faire tout un plat de la performance actuelle.

Où en sommes-nous avec le «Knowledge Hub» ?

Cela avance. Je peux vous citer l’exemple de Médine, qui sera une des institutions les plus importantes du pays. L’African Leadership College a bien démarré aussi avec des résidences pour les étudiants. Mais il ne faut pas négliger nos universités locales. Charles Telfair Institute est devenu un Degree Awarding Body. C’est un grand pas qui a été franchi.

Donc, on peut dire sans détour que nous sommes sur la bonne voie. Nous n’allons pas copier ce qui se fait ailleurs. Mais nous allons certainement regarder les modèles autour de nous. La Malaisie serait peut-être un modèle duquel il faudrait s’inspirer. La différence est que, contrairement à eux, nous sommes une île isolée, mais avec les universités qui viendront s’implanter ici, cela ne devrait pas poser problème. Pour cela, il faudra faire les efforts nécessaires, voir avec les universités quels cours sont en demande et les proposer.

L’autre problème auquel nous allons faire face concerne les étudiants en médecine. Il faudra trouver une solution au manque de centres hospitaliers universitaires et autres infrastructures appropriées pour les internes.

Mais le ministère de la Santé vient d’interdire aux étudiants de médecine de faire des stages dans les hôpitaux…

Nous sommes en négociation avec eux. Par exemple, Anna Medical School est d’accord pour la création d’un bâtiment annexe, avec 50 lits, qui fonctionnera comme un centre hospitalier universitaire. Évidemment, c’est le ministère qui approuvera ou pas, mais ce serait une des solutions pour les futurs médecins. Cela doit devenir la norme pour les écoles médicales. Nous avons passé un deuxième accord avec eux pour limiter le nombre d’étudiants mauriciens inscrits à 5 %. Le marché est saturé et rajouter des chômeurs diplômés sur le marché ne serait pas une bonne idée.

Parlons du personnel… Un rapport vient de démontrer que le ratio chargé de cours-étudiant devrait être de 1:7. À Maurice, nous sommes à 1:14. Est-ce un problème ?

Pas vraiment. Dans les universités qui sont bien établies, les professeurs sont très pris par les recherches et, de ce fait, ils ont moins de cours avec les élèves. Il y a des professeurs qui n’ont que deux ou trois classes par semaine. À Maurice, ce n’est pas le cas. Les chargés de cours se concentrent davantage sur l’enseignement. Ce qui donne cette proportion qui semble élevée.

Toujours est-il que c’est la preuve qu’en matière de recherche, nous sommes à la traîne…

Je dirais qu’il y a du chemin à faire. Le rôle de la TEC est de promouvoir la recherche et nous le faisons. Nous avons un fonds spécial pour aider les étudiants, surtout ceux qui font leur doctorat. Mais nous n’avons pas trop de demandes. Pour l’instant, nous avons une dizaine par an et ils ont chacun une bourse d’environ Rs 10 000 par mois. En ce moment, nous réfléchissons à comment faire pour augmenter le nombre de recherches.

Pensez-vous, comme les anciens ministres de l’Éducation, que la TEC n’est pas une institution indépendante ?

La question ne se pose pas. La TEC fonctionne en parfaite autonomie et sans ingérence aucune.