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Venezuela: des milliers de personnes réclament le départ de Maduro

21 juin 2016, 11:21

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Venezuela: des milliers de personnes réclament le départ de Maduro

 

Des milliers de Vénézuéliens se sont rendus lundi dans les centres électoraux pour confirmer leur volonté d’un référendum pour révoquer le président Nicolas Maduro, une étape cruciale pour l’opposition qui veut organiser cette consultation en 2016.

Habitués à patienter des heures face aux supermarchés, les habitants formaient cette fois des files d’attente pour une toute autre cause : obtenir le départ anticipé du dirigeant socialiste, élu en 2013 jusqu’en 2019.

«Nous voulons un autre pays, un qui soit joli», confiait à l’AFP Armanda Zerpa, 59 ans, venue à Caracas, dans l’un des 128 points de validation habilités par le Conseil national électoral (CNE), afin d’y apposer son empreinte digitale et valider ainsi sa signature pro-référendum.

Appuyée sur une canne, cette commerçante a subi un accident cardio-vasculaire il y a sept mois et vit au quotidien l’extrême difficulté de trouver des médicaments, dans ce pays quasi-ruiné.

L’équipe de Nicolas Maduro «ne nous gouverne pas bien, ils ne dirigent pas bien le pays», soupire-t-elle.

Pour passer à la prochaine phase de ce long processus, il faudra d’ici vendredi au moins 200.000 empreintes (sur les 1,3 million de signatures validées par les autorités électorales), que le CNE vérifiera une nouvelle fois d’ici le 23 juillet.

Le temps presse pour l’opposition de centre droit, majoritaire au Parlement et déterminée à provoquer le départ anticipé du socialiste Nicolas Maduro : si le référendum a lieu d’ici le 10 janvier 2017, il pourra provoquer de nouvelles élections.

Au-delà, le changement serait minime car le chef de l’Etat ne serait que remplacé par son vice-président.

Le temps presse aussi pour la population, excédée par la violente crise économique : sept habitants sur dix souhaitent le départ immédiat du président.

Le pays sud-américain de 30 millions d’habitants, qui avait tout misé sur le pétrole - sa principale ressource -, s’est effondré depuis que les cours sont au plus bas. Les rayons des magasins sont presque vides, les coupures d’électricité sont récurrentes, de nombreuses entreprises sont à l’arrêt.

Lassés de cette situation, les Vénézuéliens expriment leur colère à travers des émeutes ou des pillages.

- «Une bombe» -

A Cumana, ville de 800.000 habitants située à 400 kilomètres à l’est de Caracas, des centaines d’habitants ont ainsi saccagé les commerces, poussant les autorités à y déployer l’armée et à arrêter plus de 400 personnes.

Ces débordements ont fait au moins quatre morts ces dernières semaines selon la justice.

Surfant sur le mécontentement populaire, la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD) a remporté une victoire historique aux élections législatives de décembre.

Elle veut désormais transformer l’essai en faisant partir Nicolas Maduro, prévenant du risque d’explosion sociale si le référendum n’a pas lieu dans les temps.

«Le Venezuela est comme une bombe qui peut exploser à tout moment. Si la tension sociale continue de monter, si elle déborde comme cela est en train d’arriver, alors l’explosion sera encore pire», a prévenu lundi l’un de ses leaders, Henrique Capriles.

A Caracas, Astrid Villegas, étudiante en droit de 21 ans, a dû patienter deux heures pour pouvoir valider sa signature.«Actuellement, notre avenir, nous le voyons perdu, l’unique sortie pour les jeunes, c’est de partir», a-t-elle témoigné.

Selon elle, ce référendum «est une manière de poursuivre la lutte pour garder sa vie ici».

Si cette phase est franchie avec succès, l’opposition devra encore réunir quatre millions de signatures en trois jours.

Enfin, seulement, elle pourra organiser le référendum, où il faudra dépasser le score obtenu par Nicolas Maduro en 2013 (7,5 millions de votes) pour le faire partir.

«Si l’on s’en tient aux délais, le référendum doit être organisé au plus tard la première semaine de novembre», a estimé la députée d’opposition Delsa Solorzano.

La consultation reste toutefois suspendue à l’issue du recours judiciaire déposé par le camp présidentiel, qui veut faire annuler le processus pour «fraude» à la signature.

Elle est aussi menacée par les récentes émeutes, la présidente du CNE, Tibisay Lucena, ayant prévenu que toute violence entraînerait «la suspension immédiate du processus jusqu’au rétablissement de l’ordre».