Le salut viendra-t-il des coopératives ? C’est en tout cas ce que pense un expert indien qui a soumis son rapport sur le secteur laitier il y a quelques jours. Il a critiqué l’État qui ne soutient pas suffisamment les éleveurs.

Le secteur laitier à Maurice est à «un stade naissant». La production laitière domestique constitue «une part médiocre» de la consommation totale de lait et des produits dérivés. C’est là le constat d’un expert indien, le professeur Jabir Ali, dépêché par l’African-Asian Rural Development Organisation pour étudier une restructuration de ce secteur. Cela, à l’initiative du ministère de l’Activité économique, de l’entreprise et des coopératives. L’expert indien a soumis son rapport il a quelques jours. Comment expliquer que ce secteur affiche un état «critique» ? C’est surtout en raison d’un déclin considérable dans la population de bétail après les années 2000, rappelle le professeur Jabir Ali. Le secteur laitier est en pleine décroissance depuis 1983.

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Autre raison avancée pour justifier le déclin de ce secteur : la fermeture du Milk Marketing Scheme placé sous l’Agricultural Marketing Board en 2007 et le Livestock Feed Factory et le Livestock Production Unity à Palmar en 2009. «L’abandon de ces activités par l’État a eu un impact négatif sur la production domestique laitière», mentionne le professeur Jabir Ali dans son rapport.

L’expert indien n’a pas manqué de critiquer la variété de plans proposés par le gouvernement pour promouvoir ce secteur, notamment le service de vétérinaire gratuit, l’insémination artificielle, les subsides pour les aliments de bétail, les terrains à bail avec un soutien pour la construction d’étables et l’achat d’équipements. Il estime que ces plans doivent être repensés pour les rendre plus efficaces et fonctionnels.

L’expert se veut néanmoins optimiste. Il estime que les coopératives ont la capacité de donner une impulsion à la production laitière domestique. Il évoque quatre sous-projets nommément un plan de restructuration et de consolidation pour les coopératives engagées dans ce secteur, la possibilité de doubler la transformation de lait, le développement d’un système logistique et la mise en place d’un plan marketing.

Selon Jabir Ali, tous les départements du ministère de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, tels le Food and Agricultural Research and Extension Institute, l’Animal Production Division et la section vétérinaire, doivent travailler en synergie pour le développement de ce secteur dans le pays. Pour ce faire, il a énuméré une série de recommandations (voir encadrés). Une proposition clé porte sur la mise en place d’un Steering Committee afin d’aider la Fédération des coopératives à positionner les produits laitiers des coopératives sur le marché.

Pour cette étude, l’expert indien s’est fondé sur des discussions avec des parties prenantes importantes du secteur en suivant trois segments de la chaîne de coopérative laitière. Les analyses de transformation laitière ont été par la suite réalisées en évaluant le système d’approvisionnement, la technologie de transformation et la capacité d’utilisation, entre autres.

Le système de coopérative laitière a été analysé suivant des visites à des sociétés coopératives de bétail et en étudiant leur méthode d’exploitation laitière. Finalement, le système de marketing et la distribution de lait et les produits laitiers ont été évalués pour mieux comprendre la chaîne.

Le ministre Bholah: «Un financement de Rs 6 millions requis»

Que pense Sunil Bholah des recommandations de l’expert indien ? Le principal obstacle est le financement, fait ressortir le ministre de l’Activité économique, de l’entreprise et des coopératives. «Il y a beaucoup de propositions qui impliquent également un financement de Rs 6 millions», explique-t-il. Mais, déjà, selon lui, il est nécessaire de faire un regroupement des éleveurs afin que les coopératives puissent obtenir des terrains communs pour le développement du secteur.

Recommandations pour promouvoir le secteur

• Faire revivre les sociétés coopératives d’élevage primaire afin d’améliorer leur capacité d’utilisation. La plupart des sociétés ont moins de capacité d’utilisation à cause de la non disponibilité, d’un coût élevé de bétail et des difficultés dans l’importation des vaches.
   
• L’importation de vaches pour améliorer la production à court terme et promouvoir les activités de reproduction pour augmenter la population domestique du bétail dans le long terme.
   
• Restructurer le système d’approvisionnement en lait pour s’assurer de la collecte d’un lait de qualité, l’approvisionnement en quantité de lait et la capacité d’utilisation complète de la Fédération des coopératives en développant des systèmes de logistiques pour une collecte et une distribution efficace des produits en répartissant le pays en deux zones.
   
• Inciter les coopératives de bétail à fournir leur lait à la Fédération des coopératives pour la transformation en leur proposant un plan incitatif, Price Plus Formula, avec Rs 2 de plus par litre obtenu.