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Syrie: des milliers de civils bloqués dans un fief de l’EI assiégé

11 juin 2016, 21:35

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Syrie: des milliers de civils bloqués dans un fief de l’EI assiégé

 

Des dizaines de milliers de civils étaient pris au piège samedi dans un fief du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie assiégé totalement par les forces arabo-kurdes, tandis que les jihadistes ont revendiqué un double attentat meurtrier près de Damas.

La très redoutée organisation jihadiste a subi vendredi un sérieux revers après que les Forces démocratiques syriennes (FDS) -une alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par des frappes américaines- l’ont privée de son principal axe de ravitaillement avec la Turquie, en encerclant son fief Minbej.

Depuis le début le 31 mai de leur offensive pour reprendre cette ville de la province d’Alep, les FDS, secondées par des conseillers militaires américains et français, avaient coupé progressivement toutes les routes reliant Minbej aux autres zones contrôlées par l’EI en Syrie.

Mais avec le siège de la cité, des dizaines de milliers de civils selon les estimations des sources locales citées par l’OSDH, se retrouvent eux aussi pris au piège.

«Les avions de la coalition internationale bombardent en permanence Minbej et les dizaines de milliers de civils qui s’y trouvent encore ne peuvent pas sortir car toutes les routes autour de la ville ont été coupées», a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Transit des assaillants de Paris et Bruxelles

«Les boulangeries ont cessé de fonctionner depuis vendredi et les produits alimentaires commencent à se faire rares», a précisé M. Abdel Rahmane.

La bataille pour reprendre Minbej, durant laquelle les FDS ont pris 79 villages, a fait au moins 218 morts -159 jihadistes, 22 combattants FDS et 37 civils, ces derniers tués en majorité par les frappes de la coalition-, d’après l’OSDH.

L’envoyé spécial de Barack Obama auprès de la coalition antijihadistes, Brett McGurk, a qualifié la cité de plaque tournante de l’EI vers l’Europe, où le groupe jihadiste a revendiqué plusieurs attentats meurtriers. Minbej «est l’endroit par lequel les assaillants de Paris et les assaillants de Bruxelles ont transité».

Dans les environs de Minbej, sur la route bordant les villages d’où a été chassé l’EI, le journaliste de l’AFP a vu des maisonnettes complètement aplaties par les frappes.

A 13 km au sud-est de Minbej, dans le village de Jebb Hassan Agha, Mounzer Saleh est soulagé. «Nous sommes ravis car nous sommes désormais en sécurité. On espère que Minbej sera libérée car nous avons nos proches là-bas», dit-il, entouré de plusieurs enfants.

'Svp, du pain'!

«Que Dieu les maudisse», lance Doha Hajj Ali, une villageoise au voile vert. Les jihadistes «disaient aux femmes 'cachez vos yeux, soeurs'! ou encore 'N’ayez pas peur de nous, ayez peur seulement de Dieu'! Tout était interdit: le maquillage, les fêtes, les mariages».

Mais pour de nombreux villageois, le principal souci reste le manque de vivres.

A l’entrée du village, un garçon de cinq ans tend la main vers les visiteurs: «s’il vous plaît monsieur, donnez-vous du pain, nous n’avons pas mangé de pain depuis deux jours».

La faim fait également partie du quotidien des dizaines de milliers de civils qui vivent dans les localités assiégées par le régime.

A Houlé, un convoi transportant de la nourriture est entré samedi dans cette région rebelle de la province de Homs (centre), tandis qu’à Daraya, fief rebelle près de Damas, les bombardements du régime se poursuivaient, empêchant la distribution de l’aide internationale arrivée jeudi et qui comprenait de la nourriture pour la première fois depuis 2012.

Dans la guerre qui ravage la Syrie depuis mars 2011, l’EI est la cible de plusieurs offensives menées par des forces soutenues par Washington mais aussi par les troupes du régime appuyées par l’aviation russe.

Dans la province de Raqa (nord), contrôlée en majorité par l’EI, les forces gouvernementales sont désormais à moins de 15 km de l’aéroport militaire de Tabqa, dans le cadre de leur offensive lancée le 1er juin pour reprendre la ville, selon l’OSDH. Celui-ci se trouve à une cinquantaine de km de la ville de Raqa, capitale de facto du groupe jihadiste.

Malgré ses revers et les offensives dont il est la cible, l’EI garde encore sa capacité de frappe, revendiquant un double attentat qui a fait au moins 20 morts dont 13 civils près du mausolée chiite de Sayeda Zeinab proche de Damas, selon l’OSDH.

Ce mausolée, vénéré par les musulmans chiites car il abrite la tombe de la petite-fille du prophète Mahomet, a été la cible de plusieurs attentats de groupes jihadistes sunnites.

Le 25 avril, l’EI a revendiqué une attaque à la voiture piégée qui a fait au moins sept morts, le 21 février, un double attentat suicide perpétré à 400 mètres du mausolée a fait 134 morts et fin janvier, au moins 70 personnes ont été tuées près de ce sanctuaire, selon l’OSDH.