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Washington et Pékin s’écharpent sur les droits de l’homme et la mer de Chine

7 juin 2016, 21:06

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Washington et Pékin s’écharpent sur les droits de l’homme et la mer de Chine

 

Les Etats-Unis et la Chine se sont écharpés en coulisses mardi sur les droits de l’homme et la mer de Chine tout en vantant leur coopération sur des sujets plus consensuels, au terme de deux jours de Dialogue stratégique et économique à Pékin.

Le 8e édition de ce forum annuel de négociations entre les deux premières puissances mondiales était le dernier face-à-face entre la Chine et l’administration de Barack Obama qui a fait de l’Asie-Pacifique la priorité de sa politique étrangère.

Une région stratégique où Pékin est de plus en plus influente.

Davantage rivaux que partenaires, la Chine et l’Amérique ont affirmé devant la presse avoir «bien plus de points d’accord que de divergences» et que les deux premières économies de la planète jouissaient de «la relation la plus importante dans le monde», selon la formule du secrétaire d’Etat John Kerry.

Le président Xi Jinping a aussi plaidé pour «renforcer la confiance» et «mettre de côté les différences».

John Kerry, épaulé par le secrétaire au Trésor Jacob Lew, a passé des heures lundi et mardi avec le président Xi, secondé par son vice-Premier ministre Wang Yang et son conseiller d’Etat pour la politique étrangère Yang Jiechi.

Tous ont vanté des discussions «extrêmement productives» dans une ambiance «cordiale et professionnelle» sur les grands dossiers consensuels: climat, prolifération nucléaire, antiterrorisme, lutte contre les épidémies, science, éducation, culture.

- Points de friction -

Mais les points de friction ont vite resurgi.

Les tensions en mer de Chine méridionale, sur laquelle Pékin revendique une souveraineté quasi totale, ont fait l’objet de discussions «en profondeur», a souligné John Kerry.

«J’ai réitéré le soutien fondamental des Etats-Unis à une solution pacifique et négociée», a-t-il insisté, réaffirmant l'«inquiétude» de Washington à l’égard de «toute initiative unilatérale», en allusion aux travaux d’aménagement et de «militarisation» qu’effectue la Chine d’îlots contestés par ses voisins d’Asie du sud-est.

Yang Jiechi a rétorqué que Pékin «souhaitait que les Etats-Unis honorent leur promesse de ne pas prendre position dans les disputes territoriales». La crise empoisonne la région depuis des années et s’est envenimée depuis un an.

Sur les pommes de discorde traditionnelles sino-américaines - société civile et droits de l’homme - les échanges ont été «très intenses», a confié un responsable américain.

John Kerry a esprimé les «inquiétudes» américaines sur une nouvelle loi chinoise qui devrait restreindre les activités des organisations non gouvernementales (ONG) étrangères, qui sont plus d’un millier en Chine.

Mais, a concédé par la suite le chef de la diplomatie américaine, il faut «faire preuve de patience pour voir comment (cette loi) sera effectivement interprétée».

Cette législation sur les ONG, adoptée à la quasi-unanimité fin avril par le Parlement chinois donne à la police des pouvoirs étendus sur ces organisations et leur interdit de recruter des membres ou de collecter des fonds dans le pays.

Trois rapporteurs spéciaux de l’ONU pour les droits de l’homme avaient estimé que les dispositions floues de la loi pouvaient servir à «intimider, voire d’étouffer toute opinion ou point de vue divergents».

D’après un diplomate américain, ce «gros dossier» est revenu à maintes reprises sur le tapis et la mise en oeuvre de la loi serait une «mauvaise» nouvelle.

Piqué au vif, M. Yang a répondu que «tant qu’elles respectent les lois de la Chine, les ONG étrangères ne seront pas affectées dans leur travail».

- Ton acrimonieux -

Sur les droits de l’homme, le ton a été aussi acrimonieux.

John Kerry a «fait part des inquiétudes internationales sur les restrictions croissantes aux libertés religieuse et d’expression», en allusion à de nombreux incidents survenus entre les autorités et les communautés religieuses du pays, ainsi qu’à la vague de répression touchant notamment avocats et journalistes chinois.

Les Chinois, lui a répondu Yang Jiechi, «jouissent, d’après la loi, de la liberté religieuse comme des autres libertés».

Au plan économique, John Kerry a appelé Pékin à «lever les barrières» de tous ordres qui entravent les entreprises américaines.

Jacob Lew avait sonné lundi la charge contre le géant asiatique, numéro un mondial de l’acier, en l’exhortant à réduire les surcapacités de ses aciéries qui «faussent» le marché mondial.