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55 morts sur nos routes: «C’est nous les responsables»

30 mai 2016, 21:00

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55 morts sur nos routes: «C’est nous les responsables»

 

«La route à Maurice ne tue pas.» Daniel Raymond prend à contre-pied les idées reçues sur les accidents de la route. Le conseiller en matière de sécurité routière, du ministère des Infrastructures publiques et du transport explique son avis. «C’est nous qui sommes responsables de 95 % des accidents. Ce n’est pas la route qui vient vers nous pour nous tuer», fait-il comprendre à ses proches collaborateurs.

Une précision qui intervient alors que dimanche 29 mai, le jour de la Fête des mères, une mère de 38 ans, Aulfa Othman, est décédée dans un énième accident de la route. Elle est devenue la 55e victime des accidents de la route depuis janvier 2016.

Motocyclistes et piétons sont les plus vulnérables

En analysant les victimes, on constate, en premier lieu, qu’elles sont souvent des motocyclistes. Sur les 55 personnes décédées, près de la moitié étaient à bord d’un deux-roues. En deuxième position arrivent les piétons.

Face au problème posé par les deux-roues, les autorités veulent agir. Il n’y a pas de limite d’utilisation lorsqu’une personne dispose d’un permis provisoire (learner). Parfois, des motocyclistes ne vont jamais passer le permis, ne conduisant qu’avec leur learner. À l’avenir, celui-ci aura une validité.

Il faudra donc que son détenteur suive des cours de formation avant d’obtenir son permis. Un appel d’offres a été lancé pour les formateurs, examinateurs et ceux intéressés à mettre sur pied un centre de fitness pour deux-roues. L’objectif est de soumettre le véhicule à l’analyse d’un système technologique fiabilisé, un changement radical fait dans le but de responsabiliser la personne.

Changement de mentalité

Pour Daniel Raymond, les facteurs responsables d’accidents routiers sont connus : la vitesse, l’alcool, le portable au volant, le comportement, l’absence de ceinture de sécurité, etc.

Pour mettre un terme aux accidents de la route, il faudrait un changement dans le comportement des conducteurs et des piétons. Il n’existe pas, selon Daniel Raymond, de bonne entente entre les différents usagers. Il y a un individualisme, un égoïsme et une notion de prise de risque qui sont particulièrement élevés.

Les situations d’accidents sont légion à Maurice. «À chaque fois que je sors, je vois des comportements graves et aberrants qui n’ont rien à voir avec la sécurité routière. C’est la façon de faire des usagers des véhicules motorisés qui est à l’origine de ces accidents de la route», dit-il.

Le nombre de passages cloutés étant insuffisant, comment imposer des contraintes aussi drastiques à la population piétonne et laisser autant de marge de manœuvre à ceux qui roulent en voiture ou à moto, se demande le conseiller du ministère des Infrastructures publiques. Selon Daniel Raymond, l’île de La Réunion dispose de meilleures infrastructures en milieu urbain, mais il faut garder à l’esprit que les Réunionnais y sont habitués. Il n’y a donc pas de mauvaises routes à Maurice. Cela dépend plutôt de la façon dont on les utilise.

On ne peut pas dire que les infrastructures sont la première cause d’accidents. Elles ont certes leur part de responsabilité, mais en les améliorant on peut éviter ces situations.

Laisser-aller

<p>Ces trois derniers mois, le SAMU est intervenu sur au moins 233 accidents de la route. Le nombre d&rsquo;interventions cardiaques était de 223. Les pathologies cardiaques semblent être à l&rsquo;origine de nombreux accidents. Lorsque la police effectue des patrouilles à partir de 22 heures, elle intercepte de temps à autre des personnes qui sont sous l&rsquo;effet de l&rsquo;alcool. Il existe donc un laisser-aller, bien que la pénalité soit sévère. Lorsque la cour condamne un conducteur pour conduite en état d&rsquo;ivresse, il doit payer une amende de pas moins de Rs 10 000 pour la première infraction. Il lui est ensuite interdit de conduire pendant une période de pas moins de huit mois. Le délai qui s&rsquo;écoule entre la constatation d&rsquo;une infraction et l&rsquo;application de la sanction sera réduit à l&rsquo;avenir. Actuellement, on doit attendre six mois à un an avant de passer en cour de justice, ce qui affaiblit le caractère dissuasif de la loi, explique-t-on au ministère des Infrastructures publiques et du transport.</p>

<h2>Patrouille à moto</h2>

<p>Une quarantaine de motards de plus seront sur nos routes vers la mi-juin. Objectif : veiller à ce que les conducteurs respectent la loi. Les infractions ciblées : l&rsquo;alcool au volant, l&rsquo;excès de vitesse, le portable au volant et le non-respect du port de la ceinture de sécurité.</p>

<h2>National Commission for Road Safety</h2>

<p>Sensibilisation à la sécurité routière dans le cadre du lancement de la <em>National Commission for Road Safety </em>présidé par le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth. Le coup d&rsquo;envoi a été donné samedi 21 mai, avec une marche et un <em>&laquo;Road Show&raquo;</em> qui avaient démarré de la municipalité de Quatre-Bornes pour se terminer à la mairie de Beau-Bassin &ndash; Rose-Hill. Outre différents ministères, plusieurs autres instances de la société civile et des compagnies privées apportent leur soutien à cette campagne de sensibilisation. Un slogan a été lancé durant cette campagne, <em>&laquo;Ou lavi ou lamor dépann lor enn larou 8 cm&raquo;,</em> à l&rsquo;égard des usagers des deux-roues.</p>