Publicité

Résidence Kennedy: une jeunesse rongée par la drogue

21 mai 2016, 14:12

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Résidence Kennedy: une jeunesse rongée par la drogue

 

Dénoncer ce qui se passe à Résidence Kennedy, pour les quelques rares personnes qui ont accepté de parler à l’express, c’est au péril de sa vie. «Taler dan dé-trwa zour tann dir inn rétrouv enn lékor dan Bassin-Blanc», lâche une habitante.

Interrogez les habitants de Résidence Kennedy sur l’importante saisie de drogue dans la nuit de mercredi à jeudi. Ils vous répondront qu’il n’y a rien eu de tel et que tout va bien. Pourquoi refusent-ils d’en parler ?

Pour en savoir plus, l’express s’est rendu dans la localité nichée au coeur de Quatre-Bornes. Un groupe de jeunes posté à l’angle des rues Hilary Blood et l’Espérance nous guettent avec hostilité. À peine les a-t-on approchés qu’ils sont rejoints par d’autres jeunes. Un peu plus loin, quelques personnes âgées nous fixent du regard.

«Ki ou pé rodé isi ?» lance un des jeunes, capuchon sur la tête, en nous dévisageant. Et d’ajouter : «Koz vit pa vinn fer dimoun perdi létan.» En même temps, approche à vive allure une voiture. Quand elle arrive à la hauteur du groupe de jeunes, l’un d’eux lance un petit paquet sur le siège côté passager. Il récupère, en retour, un rouleau de billets qu’il cache sous la ceinture de son pantalon. Et la voiture démarre en trombe. Une «transaction» vient de se produire sous nos yeux.

Au tour des personnes âgées, assises sous la terrasse d’une vieille tabagie, d’interpeller les jeunes. Ils parlent un langage codé. Nous apprenons qu’ils nous demandent de quitter les lieux pour ne pas avoir de problème. Ils ont compris que nous ne sommes pas venus nous procurer de la drogue. Nous continuons notre chemin.

À l’avenue Indépendance, à quelques pâtés de maisons de celle des Chowrimoothoo, où la saisie de drogue a eu lieu, une habitante nous observe. «Mo konn banla bien. Ti fek ena lamor isi. Enn bann garson-la ti mor dan aksidan Beaux- Songes», explique-t-elle. Toutefois, elle ne veut pas en dire plus sur la visite de l’ADSU.

«Pa kapav koz brit. Taler dan dé-trwa zour tann dir inn rétrouv enn lékor dan Bassin-Blanc», lâchet- elle avant de fermer sa porte.

Un retraité, que nous rejoignons en bordure de route, confie que le fléau des stupéfiants touche une bonne partie des jeunes de la localité. «Bann gro latet-la inn fini fer laplipar bann ti trwakar-la vinn zoké, déplore-t-il. Tou bann abitan konsian séki pé pasé mé zot per pou dénonsé. Zot préfer ferm lizié pou zot kapav viv trankil. Lapolis mem pa vini isi. Si arivé zot fer enn désant, bann trafikan-la pa per pou pran ladrog avoy kot vwazin. Kan lapolis fouy zot pa trouv nanier lor zot.»

«Tou kalité zarm...»

Ce que confirme une boutiquière. «Dan dimans apré lames, tou dimounn trouvé ki bann tranzaksion ki déroulé. Li déroul lor simin mem, dénonce cette dernière. Pa krwar ou pou kapav ouver labous pou protez ou fami. Dan tou ti kwin lari éna tou kalité zarm ki zamé oun trouvé dan ou lavi.»

De nombreuses campagnes de conscientisation ont eu lieu dans la région. Mais, soutient le retraité, «bann kozé-la fini dan zorey bann sourd». Pourtant, la situation à Résidence Kennedy n’a pas toujours été ainsi. Il y a quelques années, les habitants de la localité ne savaient pas encore ce qu’était la drogue dure. Un temps révolu, regrette le vieil homme. «Kennedy lamem inn vinn lizinn brown sugar. Gandia-la népli trouvé sa», lâche le pensionnaire.