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L'Allemagne va enfin ouvrir les portes au wifi gratuit

13 mai 2016, 16:20

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L'Allemagne va enfin ouvrir les portes au wifi gratuit

 

L'accès libre au wifi, encore très restreint en Allemagne, devrait enfin pouvoir se développer, grâce à un accord du gouvernement qui fait sauter un verrou juridique et fait l'effet d'une "libération" à beaucoup.

Le voyageur arrivant en Allemagne se trouve bien souvent décontenancé quand il veut faire ce qui est tout à fait naturel ailleurs: entrer dans un café, se connecter au wifi de l'endroit et lire ses e-mails. La plupart du temps, il se retrouvera le bec dans l'eau, car rarissimes sont les endroits publics à proposer un accès internet simple et gratuit.

Une anomalie, à l'heure où tout un chacun se promène avec son smartphone dans sa poche. En cause, le droit allemand, très regardant sur le principe de responsabilité: si l'utilisateur d'un réseau wifi gratuit dans un restaurant se rend coupable d'une infraction sur internet, le patron de l'établissement risque d'en être tenu responsable.

Dans un pays où on ne plaisante pas avec le respect des droits d'auteur et où le téléchargement illégal d'un seul film peut coûter plusieurs centaines d'euros d'amende, et ce sans mise en garde préalable, peu ont eu envie de prendre le risque. En conséquence, l'Allemagne est devenu un véritable "désert" en matière de hotspots gratuits.

Une étude de la fédération Eco des professionnels de l'internet de fin 2014 dotait le pays d'à peine deux hotspots ouverts pour 100.000 habitants, contre plus de cinq en France, 10 en Suède et 29 au Royaume-Uni.

- 'Tardif et important' -

Un véritable frein au développement d'internet pour tous - cheval de bataille de la chancelière Angela Merkel - que le gouvernement a décidé de lever. Mais cela lui a pris des mois de négociation ardues.

"Nous libérons la voie au wifi gratuit en Allemagne", ont résumé les députés du groupe parlementaire social-démocrate (SPD), le ministre de la Justice Heiko Mass qualifiant le pas de "tardif et important".

Selon l'accord passé entre les conservateurs (CDU) et le SPD, les deux camps de la coalition au pouvoir à Berlin, la loi va être modifiée afin que "les fournisseurs de wifi soient considérés comme des fournisseurs d'accès", ce qui les dégage de toute responsabilité, et ne les "soumet à aucune autre obligation de contrôle".

Cela devrait valoir pour tous ceux proposant gratuitement l'accès à leur wifi, cafés, magasins mais aussi personne privée qui autorise ses voisins à se servir de son accès internet, même si pour des raisons de sécurité, la fédération allemande de la high-tech Bitkom recommande toujours de protéger son accès privé avec un mot de passe.

Conséquence de la rareté de hotspots gratuits, seulement 39% des utilisateurs d'internet en Allemagne se connectent par wifi en dehors de chez eux, a montré un sondage du Bitkom en 2015.

Cela "va sensiblement faciliter les choses et pour les opérateurs et pour les utilisateurs", s'est réjoui Bernhard Rohleder, responsable de cette fédération. En effet, les premiers "ne courent plus le risque de devoir répondre des infractions des utilisateurs" et les seconds n'auront plus à passer par des procédures d'authentification, des mots de passe etc.

- L'industrie musicale inquiète -

C'est la fin "de la plus grosse entrave" au développement des hotspots en Allemagne, selon la fédération Eco. La fédération des hôtels parle elle d'une "libération".

En revanche, pour la fédération de l'industrie musicale, cela représente "un risque pour la création" et ouvre "des portes et des fenêtres à l'utilisation illégale".

Le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, avait déjà en septembre préparé un projet de loi sur la question de l'accès gratuit au wifi, mais celui-ci exigeait quand même que les utilisateurs déclarent ne rien commettre d'illégal sur internet et se voient attribuer un mot de passe. Cela était encore trop restrictif pour les défenseurs de l'internet libre.

Le nouvel accord trouvé fait sauter ces conditions. Il doit désormais être voté en conseil des ministres puis officiellement adopté par le Parlement. Sa mise en oeuvre n'est donc pas attendue avant l'automne.