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Kewal Nagar: le village de SSR en mal d’attention

10 mai 2016, 20:40

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Kewal Nagar: le village de SSR en mal d’attention

Une petite balade à Kewal Nagar suffit pour prendre la mesure de l’insatisfaction des habitants. Les problèmes qu’ils évoquent? Un manque d’infrastructures, que ce soit sportives et de loisirs, des coupures d’eau, bref un manque d’attention en général.

Situé à l’entrée du village, le jardin aménagé en 2004 s’étale sur une grande superficie. Lukeenarain Bhobun, âgé de 73 ans, est assis sur son tricycle. C’est dans ce jardin qu’il vend des gâteaux depuis que celui-ci a été aménagé. «Au début, j’ai pensé que j’allais faire de bonnes affaires car je croyais que ce jardin attirerait un grand nombre de visiteurs. C’est dommage, mais ce n’est pas le cas. Il y a rarement des visiteurs étrangers. Ce sont plutôt des gens du village qui viennent là de temps à autre pour se détendre.»

Lukeenarain Bhobun devant son tricycle.
Lukeenarain Bhobun devant son tricycle.

Il vit à Kewal Nagar depuis qu’il a quatre ans. «Le village n’était pas du tout comme vous le voyez aujourd’hui. C’était plutôt le camp sucrier de Belle-Rive. Il y avait des maisons en tôle et en paille.»

Profiter de la nature

Même si le septuagénaire estime que le village a changé, il souligne malgré tout l’absence de grands développements au fil des ans. «Il manque beaucoup de choses ici», lâche-t-il. Passant presque tout son temps sur la route, Lukeenarain dit constater que les jeunes sont désoeuvrés. Il n’y a ici pas de loisirs et d’activités. «Nous n’avons même pas un terrain de foot», dit-il.

De plus, il regrette que des activités ne soient pas organisées pour les aînés. Ce qui lui aurait plu, car c’est «un endroit pour nous réunir ou pour organiser des activités comme dans les autres villages».

Autre lacune pour un village de plus de 3 000 habitants, en comptant les nouveaux morcellements: il n’y a pas de dispensaire, fait remarquer notre interlocuteur. Il explique que pour avoir accès aux soins, les habitants doivent marcher plusieurs kilomètres et se rendre au centre de santé du village voisin, Olivia.

Lukeenarain Bhobun confie que Kewal Nagar compte toujours plusieurs familles de planteurs de canne et bon nombre de femmes toujours employées dans la zone franche. «Il y a des jeunes qui sont à l’université de Maurice et d’autres au chômage comme dans tous les autres petits villages.»

«Nous aurions aimé avoir un complexe polyvalent avec un gymnase pour les activités sportives, une librairie, une salle informatique.»

À l’heure où nous nous promenions dans les rues - il était presque midi - les tabagies étaient fermées. Sur la route, nous rencontrons deux cousins, Anish et Kavi Bhageerati, âgés de 20 et 18 ans respectivement.

Anish est dans le secteur de la construction alors que Kavi est toujours étudiant. Que font-ils de leur temps libre? C’est avec un sourire hésitant qu’Anish réplique: «Nous nous amusons dans la nature.» Le village est entouré d’arbres, de montagnes, tandis qu’une rivière, la Grande-Riviere-Sud-Est, la traverse.

«À partir de 9 heures, les robinets sont à sec. Et ce n’est que vers les 19 heures qu’un filet d’eau se met à couler.»

Mais Kavi n’aurait pas été contre l’aménagement d’un terrain de football. «Il y a certes le centre communautaire mais il n’offre pas un grand choix d’activités à part le carrom et le domino. Comme dans les autres villages, nous aurions aimé avoir un complexe polyvalent avec un gymnase pour les activités sportives, une librairie, une salle informatique, entre autres», dit Anish.

Ces jeunes confient aussi qu’enfants, ils ont dû fréquenter l’école primaire de Bel-Air-Rivière-Sèche car il n’y a pas d’école primaire à Kewal Nagar. «Nous n’avons qu’une école maternelle.»

Melda Anna, une habitante du village, est en route pour Bel-Air-Rivière-Sèche. «Nous faisons tous nos achats à Bel-Air ou à Flacq. Il n’y a pas de supermarché au village», dit-elle. En tant que mère de famille, elle est préoccupée par les coupures d’eau régulières qui durent depuis des années, que l’on soit en période de sécheresse ou pas. «À partir de 9 heures, les robinets sont à sec. Et ce n’est que vers les 19 heures qu’un filet d’eau se met à couler.»

La vie n’est décidément pas de tout repos pour les habitants de Kewal Nagar.