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Syrie: intensification des frappes du régime, la trêve à l’agonie

24 avril 2016, 10:24

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Syrie: intensification des frappes du régime, la trêve à l’agonie

La multiplication des bombardements du régime syrien contre plusieurs fiefs rebelles, qui ont fait plus de 50 morts en 48 heures, ont mis à l’agonie la trêve en Syrie au moment où les négociations de paix sont dans l’impasse.

Par ailleurs, selon l’agence officielle syrienne Sana, trois civils ont été tués et 17 blessés dans des bombardements rebelles samedi contre des quartiers tenus par le régime à Alep (nord).

Pour le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, la trêve initiée par les Etats-Unis et la Russie et entrée en vigueur fin février «n’existe plus» après de nombreuses violations commises tant par les rebelles que par le régime du président Bachar al-Assad.

Cette trêve était vue comme un premier pas vers un éventuel règlement de ce conflit qui a fait plus de 270.000 morts depuis mars 2011.

Samedi, les forces du régime syrien ont pilonné les quartiers est de la ville d’Alep tenus par les rebelles.

Le raid le plus meurtrier a eu lieu dans la zone de Tariq al-Bab, tuant 12 civils, a affirmé à l’AFP un responsable local de la défense civile. Au moins neuf autres civils ont été blessés dans d’autres raids, selon la même source.

Samedi, les secouristes s’activaient à sortir les gens bloqués dans les immeubles endommagés par les bombardements.

Après des semaines de calme qui avaient permis aux habitants de reprendre leur souffle, c’est le second jour que les quartiers rebelles d’Alep sont visés par des raids d’une rare intensité. Vendredi, 25 civils avaient déjà été tués.

Le chef d’état-major du groupe salafiste armé Ahrar al-Sham, l’un des plus puissants groupes rebelles, a par ailleurs été tué samedi soir dans un attentat-suicide dans la province d’Idleb dans le nord, selon l’OSDH. La responsabilité de cette attaque qui a tué le commandant Majid Hussein al-Sadek, un officier dissident de l’armée syrienne, n’était pas immédiatement claire.

«La trêve n’existe plus»                                                                    

«Le cessez-le-feu a pris fin quand la première bombe est tombée sur la ville. Il y a actuellement vingt raids par jour sur Alep car ce régime criminel ne comprend pas le langage des négociations politiques, il ne comprend que celui des bombardements, des morts et des destructions», a déclaré à l’AFP Mohammad Machahadi, un secouriste de 42 ans.

Au nord-est de Damas, 13 personnes, dont deux enfants, sont mortes samedi dans des bombardements des forces gouvernementales contre Douma, bastion du groupe rebelle Jaich al-Islam, qui était engagé par l’arrêt des hostilités, selon l’OSDH.

Il s’agit du bilan le plus meurtrier à Douma depuis l’instauration de la trêve, selon l’ONG.

Et dans la province centrale de Homs, deux civils ont été tués dans des raids aériens du régime sur la localité rebelle de Talbissé, portant le bilan des morts dans des frappes du régime à 27 pour la seule journée de samedi, selon l’OSDH.

Une personne a été tuée par des obus tombés sur le camp de Wafidine, au nord de Damas, où vivent des réfugiés syriens de la guerre israélo-arabe de 1967.

«La trêve n’existe plus, elle est finie», a dit à l’AFP M. Abdel Rahmane, affirmant qu’il avait cessé d’établir les listes de violations comme aux premières semaines de la trêve, car «maintenant c’est de nouveau la guerre».

«Impasse diplomatique»

Le président américain Barack Obama s’est déclaré vendredi «très inquiet concernant la cessation des hostilités qui s’effiloche» tandis que l’ONU disait la trêve «en grand danger».

A Genève, les pourparlers pour mettre fin à la guerre sont dans l’impasse.

Ces discussions devaient théoriquement se poursuivre jusqu’à mercredi, mais aucun progrès n’est à attendre puisque la principale composante de l’opposition, représentée par le Haut comité des négociations (HCN) a suspendu lundi sa participation «formelle» aux pourparlers.

Il ne reste à Genève que le régime, d’autres groupes d’opposition et une équipe «technique» du HCN.

En dépit de cette situation, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré que les négociations se poursuivraient.

«Le refus répété du régime de discuter une transition politique qui exclut le président Assad et l’insistance de l’opposition à demander son départ a conduit à une impasse diplomatique qui rendait la résurgence des violences inévitables», selon un analyste du groupe d’évaluation des risques Soufan.

Dans cette guerre où toutes les composantes de la société syrienne se combattent, des représentants gouvernementaux et des responsables kurdes syriens doivent se rencontrer samedi pour mettre fin aux combats qui ont ensanglanté Qamichli, une ville du nord-est de la Syrie.