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En France, le casting de la prochaine présidentielle plus ouvert que jamais

21 avril 2016, 12:34

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En France, le casting de la prochaine présidentielle plus ouvert que jamais

Un sortant dont la réélection paraît illusoire, des revenants et peu de visages neufs en capacité de s'imposer malgré le renouvellement souhaité par l'opinion: à un an de l'échéance, le casting de la présidentielle de 2017 en France est plus ouvert que jamais.

Ce flou doit beaucoup au rejet de l'actuel président socialiste François Hollande et de son prédécesseur de droite Nicolas Sarkozy. Tous les sondages montrent un refus des Français d'un "match retour" de 2012.

L'impopularité de M. Hollande est abyssale. La gauche, déchirée, est menacée d'un "nouveau 21 avril", un scénario cauchemar déjà vécu en 2002: disparaître dès le premier tour au profit de l'extrême droite, dont la dirigeante Marine Le Pen est donnée qualifiée pour le duel final l'an prochain.

Le bilan économique du chef de l'Etat est plombé par un chômage record dépassant 10%. Aucun expert ne doute de sa volonté de se représenter, mais sa capacité à le faire pose question.

"Les Français ne veulent pas qu'il se représente. Sa parole est totalement démonétisée. Quand il dit que les choses vont mieux, même s'il y a des éléments sur lesquels il peut s'appuyer, il n'est plus cru", explique le politologue Gaël Sliman, de l'institut Odoxa.

"Aucun candidat à sa réélection ne s'est trouvé dans une telle situation à un an du scrutin", souligne Emmanuel Rivière, de l'institut de sondage TNS Sofres.

S'il brigue un nouveau mandat, deux enquêtes récentes donnent François Hollande éliminé au premier tour dans tous les cas de figure, avec au mieux 15%, loin derrière Marine Le Pen et le candidat de droite quel qu'il soit.

Vilipendé à droite, il a vu la contestation de sa politique gagner la gauche après un double virage social-libéral en 2014 et sécuritaire depuis les attentats de l'an dernier à Paris. Ces derniers mois, il a dû reculer sur plusieurs réformes clés.

"Il n'a pas su assumer sa politique: il laisse des gens qui se sentent trahis et d'autres qui peinent à être séduits", estime Emmanuel Rivière.

La situation n'est guère plus enviable à droite pour Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, à la traîne des sondages pour la primaire de son camp prévue en novembre.

Juppé 'Cincinnatus'?

Devant lui caracole Alain Juppé, ancien Premier ministre (1995-97). Derrière pointent un ambitieux quadragénaire, Bruno Le Maire, et François Fillon, un autre ex-Premier ministre (2007-2012).

Nicolas Sarkozy ne devrait pas acter avant l'été sa candidature à la primaire. François Hollande décidera en fin d'année s'il se représente à l'Elysée.

Si le chef de l'Etat jette l'éponge, son ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui vient de créer son propre mouvement et se pose en briseur de "tabous", a les faveurs de l'opinion pour représenter la gauche, devant le Premier ministre Manuel Valls.

La rivalité entre les deux s'exacerbe depuis des semaines. Leur difficulté sera de s'affranchir du bilan du président et de l'hostilité dans leur camp à leur profil "blairiste". "Sur l'ensemble des sympathisants de gauche, ils ne sont premiers ni l'un ni l'autre", souligne M. Rivière.

L'émergence d'Emmanuel Macron, 38 ans, reflète, aux yeux des experts, une soif de "renouvellement" qui peine à se concrétiser.

"Les Français demandent ce renouvellement. Son succès vient de là. A droite, il y a Bruno Le Maire qui l'incarne, il est une des personnalités qui a le plus progressé depuis le début d'année", analyse Gaël Sliman. Il ne voit toutefois en eux que "deux outsiders qui ont peu de chances".

En termes de nouvelle offre, le paradoxe est spectaculaire: tous bords confondus, l'homme politique le plus populaire du pays et le favori de la course à l'Elysée reste Alain Juppé, 70 ans, Premier ministre de l'ancien président Jacques Chirac il y a deux décennies.

"Alain Juppé est un pur produit du système. Mais il ne donne pas l'impression de rouler pour lui. On lui reconnaît l'expérience. C'est une espèce de Cincinnatus, le gars qui s'est retiré et qui revient dans l'intérêt de la Nation", décrypte Emmanuel Rivière.