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Baie-du-Cap: réactions mitigées autour du projet MonRoze

31 mars 2016, 22:04

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Baie-du-Cap: réactions mitigées autour du projet MonRoze

Amertume. «Pa koné kot sorti vinn akapar nou léritaz», «Nou patrimwann res enn drwa», tels sont les messages qu’on peut lire sur des banderoles dans le village de Baie-du-Cap. La contestation des habitants contre le projet de villas IRS MonRoze du promoteur Bouygues Développement (Maurice) Ltée, est toujours en cours après une première manifestation en février.

Des habitants de Baie-du-Cap s’élèvent contre le fait qu’un bâtiment historique, l’ancien poste de police, soit inclus dans le projet de construction de villas. Ce groupe d’habitants fait pression pour que le projet n’aille pas de l’avant. Les banderoles utilisées lors de la manifestation, qui restent encore bien en vue dans le village, sont le signe que la contestation ne s’est pas tue, insiste Hurry Seerputtee, travailleur social.

Cette manifestation, qui s’est faite avec le soutien de Georges Ah-Yan et du Forum des citoyens libres, avait pour but de dire non à ce projet. Hurry Seerputtee dit ne pas comprendre comment un projet de villas privées a été autorisé à toucher un espace public. «Qui plus est, c’est un lieu historique que nous considérons comme le patrimoine de Baie-du-Cap», explique Hurry Seerputtee.

Construction vieille de plus de 100 ans

Le bâtiment, qui a hébergé l’ancien poste de police de Baie-du-Cap, est une construction vieille de plus de 100 ans. Il a été érigé en 1905, comme l’indique la plaque qui y est apposée.

Entièrement construit de pierres, avec un toit en tôle et en bois, il est le témoin d’un pan de l’histoire du village, disent les habitants. En effet, les connaisseurs rappellent que le bois venait du navire Clan Campbell, qui avait échoué dans le lagon de Baie-du-Cap en 1883.

«Nou oulé ki sa batiman-la res pou dimounn Baie-du-Cap, pa ki zis enn ti group privilézié ki bénéfisié sa», explique Benjamin Perle, un autre travailleur social, qui craint la privatisation de cette partie du village. Pour lui, ce bâtiment devrait servir comme lieu de culture ou d’espace de loisirs pour les jeunes et moins jeunes, le village ne disposant pas de salle commune.

L’autre réclamation des villageois concerne un accès à la montagne. Comme l’expliquent certains, le lieu où seront construites les villas est un espace dont l’accès leur est désormais interdit car clôturé pour les besoins du projet. Pourtant «lamem ki éna dimounn ankor al trasé pou gagn enn bout dibwa kwi manzé ou lav so linz dan larivier», témoigne l’un d’eux.

De plus, les familles qui vivent au lieu appelé «Ruisseau Créole» attendent encore que quelques mètres de terrain leur soient accordés afin de faire un passage carrossable. En effet, ces habitants qui vivent sur les pentes de la montagne n’ont qu’une série de marches pour rallier la route principale et leurs maisons, une route d’accès n’ayant jamais été construite. «Nou anvi gagn bann répons pou nou bann kestion, sinon nou pa lé sa prozé-la isi», résument nos interlocuteurs.

Voix positives

Toutes les voix ne sont pourtant pas contre ce projet. En effet, les Forces vives de Baie-du-Cap ont, de leur côté, ouvertement pris position pour le projet. Les membres de cette instance disent l’accueillir favorablement. «Nou vilaz pé fer tro rétar lor dévlopman. Bann zenn o somaz, péna lwazir et povrété partou. Bizin les nou vilaz gagn bann prozé parey», insiste Clency Ricaud, président des Forces vives de Baie-du-Cap. Navin Luximon, membre de cette force citoyenne, justifie cette prise de position par le fait que «la mazorité dimounn pé atann sa prozé-la pou kré lanplwa».

Navin Luximon (à g.) et Clency Ricaud, des Forces vives du village, sont d’avis que le projet va bénéficier aux habitants.

Clency Ricaud parle, lui, des changements que pourrait connaître le village: «Baie-du-Cap ti éna dé filling a lépok. Aster enn ousi péna. Bé sa prozé-la pou amenn filling, ATM et boulanzri isi», dit-il. Il insiste sur le fait que «les intérêts personnels de quelques-uns ne doivent pas primer sur le développement de tout le village». Il dit avoir pris les devants pour organiser une rencontre avec le promoteur. «Pou éna enn réinion kot pou met par ékri ek klarifié séki zot pou fer pou nou vilaz», annonce le président des Forces vives.

À l’express, les promoteurs du projet MonRoze expliquent vouloir un développement positif pour les villageois. Ils déplorent d’ailleurs le manque de communication de la part des contestataires. «Malheureusement, on ne s’est jamais rencontré. Ils ne m’ont jamais expliqué leurs doléances», dit Cecilia Robert, représentante de MonRoze.

Elle soutient que le promoteur est bien le propriétaire du terrain sur lequel les villas sont érigées. «Nous allons bientôt avoir une présentation globale du projet», dit-elle, avec l’espoir que cela pourra résoudre le problème et permettre une meilleure entente entre promoteurs et villageois. Celle-ci aura lieu demain.