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L’Irlande marque le centenaire du soulèvement qui a mené à son indépendance

27 mars 2016, 20:03

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L’Irlande marque le centenaire du soulèvement qui a mené à son indépendance

 

 

Des milliers de militaires irlandais ont défilé dimanche à Dublin pour marquer le centenaire de la sanglante «Insurrection de Pâques» en 1916, une rébellion armée contre la domination britannique qui a mené à l’indépendance du pays en 1922.

«C’est assez émouvant. J’étais là en 1966 pour marquer le 50e anniversaire et dieu merci je suis encore en vie. Je suis ravi d’être ici pour marquer ce souvenir évocateur», a confié à l’AFP Patrick Morrison, 72 ans, venu depuis l’état américain de Pennsylvanie avec son fils et son petit-fils pour assister à ces commémorations, les plus importantes de l’histoire du pays.

Ce soulèvement, qui a pris le contrôle d’immeubles à travers Dublin et proclamé une république d’Irlande le lundi de Pâques de 1916, a été honoré par une parade longue de 4,4 km qui a traversé, pendant plusieurs heures, la capitale devant des centaines de milliers de spectateurs. Près de 4.000 militaires, policiers, vétérans et membres des services d’urgence ont ainsi défilé.

A 09H30 GMT, une première cérémonie d’Etat, en présence du président Michael Higgins et du Premier ministre par intérim Enda Kenny, a eu lieu sous un beau soleil à l’ancienne prison dublinoise de Kilmainham où 14 des 16 chefs de la rébellion ont été exécutés. Après une minute de silence, le président a déposé une gerbe.

«Il est important de rendre hommage, en cette année du centenaire, à tous ceux qui ont perdu la vie pendant (l’insurrection) de Pâques 1916», a déclaré le Premier ministre par intérim Enda Kenny qui a également assisté à la principale cérémonie devant la poste centrale de Dublin, ancien quartier général de la rébellion.

Les anciennes présidentes irlandaise Mary McAleese et Mary Robinson étaient présentes de même que Martin McGuinness, vice-Premier ministre d’Irlande du Nord.

Un officier de l’armée a lu la proclamation des rebelles de 1916, qui affirmait «le droit du peuple d’Irlande à posséder l’Irlande».

- République 'inachevée' -

Après que le drapeau vert, blanc et orange irlandais eut été abaissé à mi-mat, le président a marqué une nouvelle minute de silence pour les centaines de personnes tuées pendant les six jours du soulèvement.

Près de 5.000 descendants des rebelles de 1916 avaient été invités à assister à la parade, qui était retransmise sur écrans géants à travers la ville.

Le soulèvement avait débuté le 24 avril 1916 quand plus de 1.000 personnes avaient pris possession de bâtiments stratégiques du centre-ville de Dublin, comme le palais de justice ou la gare.

Au départ dépassé, Londres était parvenue à envoyer des renforts et, après avoir bombardé la ville, à pousser les rebelles à la reddition le 29 avril.

Des milliers furent arrêtés et les 16 chefs de la rébellion exécutés, suscitant l’indignation et un sursaut en faveur de l’indépendance.

Moins de six ans plus tard, le Royaume-Uni acceptait la création d’une nation indépendante, mais sans la partie nord-est de l’île, la province d’Irlande du Nord, qui est demeurée depuis dans le giron britannique.

L’insurrection «a donné aux gens le courage de croire que nous pouvions atteindre une indépendance totale», a dit à l’AFP Eamon O’Cuiv, chef adjoint du parti politique de centre droit Fianna Fail et petit-fils d’Eamon de Valera, qui prit part à la rébellion en 1916.

Sur cette île où la violence politique et religieuse est loin de n’être qu’un souvenir, ces célébrations ont fait débat, notamment sur la manière de commémorer ce soulèvement violent, certains souhaitant célébrer la seule mémoire de la rébellion.

Les cérémonies ont néanmoins rendu hommage aussi bien aux soldats britanniques qu’aux civils et rebelles tués pendant ces six jours, le gouvernement insistant sur la nécessité d'«inclure» tout le monde.

Si elles se sont déroulées sans heurt dimanche, l’Irlande restait en état d’alerte, la police ayant prévenu que des extrémistes prévoyaient de marquer le centenaire avec des attaques contre des cibles policières ou militaires.

Le pays a marqué ce centenaire avec un gouvernement intérimaire, les élections législatives du mois dernier n’ayant pas permis de voir un parti être en mesure de former un nouvel exécutif.