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Les infirmiers-anesthésistes manifestent en force à Paris

22 mars 2016, 21:26

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Les infirmiers-anesthésistes manifestent en force à Paris

"En colère" et en blouses bleues, près de 2.000 infirmiers-anesthésistes et étudiants, selon la police, ont manifesté mardi à Paris pour réclamer une reconnaissance de leur profession et des revalorisations salariales correspondant à leur cinq années d'études, a constaté une journaliste de l'AFP.

"On ne se laissera pas endormir, c'est nous qui endormons", a lancé l'un des manifestants à la foule de personnes rassemblées aux abords du ministère de la Fonction publique et du musée d'Orsay, avant que le cortège ne démarre en direction du ministère de la Santé, à grands coups de sifflets et en musique.

Entre 1.700 personnes, de source policière, et 3.200, selon les organisateurs, étaient venues de toute la France (Strasbourg, Nice, Nantes, Nouméa...) à l'appel de l'intersyndicale FO, CGT, Snia (syndicat national des infirmiers anesthésiste), Unsa et Aneia(association nationale des étudiants infirmiers anesthésistes).

"Un tiers de la profession (sur 9.500 infirmiers-anesthésistes, ndlr) est descendue dans la rue", s'est réjoui auprès de l'AFP Arnaud Warot, conseiller national au Snia.

Un préavis de grève a également été déposé, soutenu par la Coordination nationale infirmière (CNI), sans provoquer de perturbations notables dans les hôpitaux, les professionnels de santé pouvant être assignés.

Ce qui fait dire au président du Snia, Jean-Marc Serrat, que "beaucoup de monde n'a pas pu venir". Selon lui, "90%" de ses confrères étaient en grève.

"La profession est excédée: cela fait trop longtemps qu'on nous promène", a-t-il expliqué, rappelant qu'un infirmier-anesthésiste gagne "2.800 euros en toute fin de carrière", quand son niveau d'études en mériterait 700 de plus environ.

Pour devenir infirmier-anesthésiste, il faut suivre une formation d'infirmier en trois ans et justifier d'une expérience d'au moins deux ans pour ensuite accéder à une spécialisation complémentaire de deux ans, soit cinq années d'études.

En 2014 déjà, ces professionnels, qui exercent majoritairement dans les hôpitaux, avaient obtenu du gouvernement le grade master en reconnaissance de leur niveau bac plus 5, mais les revalorisations salariales n'ont pas suivi.

En outre, ils se sentent lésés par la loi Santé, qui prévoit l'instauration d'une nouvelle catégorie de paramédicaux, des professionnels intermédiaires ou infirmiers dits "de pratique avancées" (IPA), dont le domaine d'intervention est élargi (possibilité de prescrire, de réaliser des actes techniques comme des injections) et l'autonomie reconnue.

"On vient manifester pour une reconnaissance de notre grade master et contre les IPA qui risquent de nous spolier de nos compétences", a résumé à l'AFP Sophie, 54 ans, venue de Nice, son calot rose sur la tête.

"Nous sommes déjà des professions intermédiaires", a ajouté Sylvie, 56 ans, regrettant un manque de visibilité. "Nos patients dorment, ils ne savent pas qui nous sommes".

La ministre de la Santé Marisol Touraine a rappelé mardi sur RMC que des "négociations (étaient) engagées" jusqu'à l'été notamment "sur la manière dont s'organisent les relations entre infirmiers et médecins-anesthésistes" et sur "l'évolution du métier".

Viendra ensuite, "à partir de l'été prochain", le "chantier" sur une possible revalorisation de la rémunération qui doit permettre "de reconnaître à la fois le parcours professionnel des infirmiers anesthésistes et l'évolution de leur exercice", a déclaré la ministre à l'Assemblée nationale.

"C'est le message" qui est transmis à la délégation reçue dans l'après-midi au ministère de la Santé, a-t-elle ajouté.