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A Florence, tes graffitis, tu les fais sur tablette s'il te plaît

22 mars 2016, 10:33

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A Florence, tes graffitis, tu les fais sur tablette s'il te plaît

Lassés de voir des millions de touristes vandaliser les murs du Campanile de Giotto à Florence en Italie, ses gestionnaires ont eu l'idée de lancer une application unique sur tablette pour leur permettre de laisser des graffitis plus inoffensifs.

«Bienvenue dans le Campanile de Giotto ! Depuis des siècles, nous conservons ce chef -d'oeuvre: dès aujourd'hui, les graffitis sur les murs seront immédiatement effacés, mais si vous laissez votre message numérique, nous le conserverons pour toujours, comme une oeuvre d'art»: ainsi est désormais accueilli le visiteur qui monte au Campanile pour admirer la vue splendide sur la cathédrale de Florence, le «Duomo».

Au cours des siècles, les murs du Campanile, datant du XIVe siècle, ont vu passer des générations de touristes qui, en montant les marches du monument, ont laissé des millions de messages, d'amour ou autres, et des dessins.

«Il y a trois mois, quand on a commencé à nettoyer les murs, ce qui n'avait jamais été fait auparavant, on s'est demandé comment faire pour éviter que tout ce travail ne soit pas ruiné en peu de temps», raconte à l'AFP Alice Filipponi, responsable réseaux sociaux de l'Oeuvre du Duomo, une organisation laïque chargée de la gestion des biens les plus précieux de la cathédrale de Florence.

Le «Campanile était dans un état de dégradation et de saleté» incroyable, assure Beatrice Agostini, architecte au sein de l'Oeuvre du Duomo, et responsable des travaux de restauration et de manutention. Marbre, pierre, bois et briques, tous les supports étaient touchés.

Alice Filipponi a donc eu «l'idée d'une application qui permettrait au visiteur de choisir la superficie (marbre, pierre), la couleur et l'instrument qu'il souhaite utiliser (feutre, pinceau, bombe aérosol) pour laisser un message ou un dessin virtuel». Avec l'intention, pour une fois, de «promouvoir le message en tant que tel» et non son caractère délictueux.

«Pietro est venu ici»

Cette application, intitulée «Autography», est «une première», assure la jeune femme qui l'a conçue seule et espère la vendre à d'autres sites exposés aux mêmes touristes indélicats.

Trois tablettes sont désormais installées, au 1er, 3e et 4e étages du campanile, et reliées à un site internet, sur lequel sont collectés tous les messages. En une semaine les tablettes ont recueilli plus de 700 «graffitis virtuels».

Comme sur les vrais murs, il y a encore beaucoup de cris d'amour («Avec amour, du voyage que j'aurais aimé faire avec toi», «Gisela et Otavio», «Papa & Maman») ou des messages de paix («Peace for Venezuela») ou plus banals («Pietro est venu ici»).

Chaque année, tous ces messages seront regroupés et imprimés, avant d'être remisés aux Archives du Duomo, au même titre que tous les documents ayant trait à la cathédrale de Florence depuis sept siècles, de celui attestant l'embauche de Brunelleschi pour construire la Coupole aux actes de naissance d'Amerigo Vespucci ou de Lisa Gherardini, considérée comme le modèle de la Joconde.

«L'objectif de cette initiative est de sensibiliser les visiteurs aux actes de vandalisme et en même temps de leur donner la possibilité de laisser un témoignage, un signe «éternel» de leur passage, sans faire de dégât sur le monument», souligne l'Oeuvre du Duomo dans un communiqué.

Ces graffitis représentaient une «menace» pour le patrimoine, et leur élimination coûtait cher.

Si le nettoyage qui a été fait sur les murs du Campanile a permis d'effacer la plupart de ceux peints, ceux gravés dans la pierre se voient encore, malgré une restauration minutieuse.

La prochaine étape, début 2017, sera de nettoyer la Coupole de Brunelleschi, elle aussi endommagée par des milliers de graffitis, et d'y installer des tablettes munies d'Autography.