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Brésil : Lula appelle ses partisans à le soutenir dans les rues

5 mars 2016, 19:16

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Brésil : Lula appelle ses partisans à le soutenir dans les rues

Interpellé et interrogé vendredi dans le cadre du scandale de corruption Petrobras, l'ex-président brésilien Lula, icône de la gauche, a annoncé qu'il se battrait jusqu'au bout et appelé ses partisans à descendre dans la rue pour défendre son parti, le Parti des travailleurs (PT, gauche), actuellement au pouvoir.

«S'ils veulent me vaincre, alors ils devront m'affronter dans les rues de ce pays» et «si quelqu'un pense que les persécutions et les dénonciations vont me faire taire, moi j'ai survécu à la faim, et celui qui survit à la faim ne renonce jamais», a-t-il lancé vendredi soir, devant des centaines de ses partisans réunis au siège du syndicat des employés de banque de Sao Paulo.

Presque à la même heure, au moment du journal télévisé, dans certains quartiers aisés de Rio et de Sao Paulo, des habitants applaudissaient à la fenêtre ou tapaient sur des casseroles en soutien au travail de la police et de la justice et contre Luiz Inacio Lula da Silva, qui a dirigé le Brésil de 2003 à 2010.

Portant un t-shirt rouge, l'étoile du parti sur la poitrine, Lula, 70 ans, a réitéré de sa voix rauque le message de combativité qu'il avait adressé dans la matinée juste après son interrogatoire par la justice.

Les procureurs «ont ravivé la flamme qui m'habite ! La lutte continue ! Je ne sais pas si je serai candidat en 2018 (à la présidence) mais cela augmente mon envie», avait-il déclaré, promettant de parcourir son pays pour défendre le parti qu'il a fondé en 1980, vers la fin de la dictature.

La journée avait mal commencé pour lui, avec la police frappant à la porte de son domicile en grande banlieue de Sao Paulo pour qu'il s'explique sur un appartement et une maison de campagne qui lui appartiendraient et auraient été financées par des entreprises accusées de corruption, ce qu'il nie.

Là, déjà, des dizaines de militants partisans ou hostiles à Lula lançaient des mots d'ordre et s'insultaient mutuellement, en venant parfois aux mains.

Selon le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima, chargé de l'enquête Petrobras, l'ex-chef de l'Etat a bénéficié de «beaucoup de faveurs» de la part de grandes entreprises du bâtiment mises en cause dans le cadre de ce vaste scandale.

Mais il n'envisage pas de demander l'incarcération de l'ancien président à ce stade de l'enquête.

Interpellation polémique

L'interpellation de Lula divisait les juristes samedi, beaucoup trouvant cela "exagéré", comme l'un des juges de la Cour Suprême.

«On ne peut pas obliger quelqu'un à témoigner quand il n'y est pas obligé. C'est le cas de Lula puisqu'il a déjà témoigné spontanément dans le cadre de cette affaire», a déclaré à l'AFP Thiago Bottino, spécialiste en droit pénal à la Fondation Getulio Vargas (FGV).

Mais le procureur allègue que le mandat d'amener mis à exécution à l'aube chez Lula avait pour but d'éviter le tumulte dans les rues car annoncer que Lula va être interrogé mobilise partisans et opposants.

Selon Michel Mohallem, professeur de droit à la FGV, «le discours de Lula a été très fort et a entraîné une grande réaction sur les réseaux» sociaux en sa faveur.

«Il peut jouer les martyrs et sortir renforcé dans ses arguments et il a même reçu le soutien d'un juge de la Cour», dit-il à l'AFP.

Les militants du PT ont déjà convoqué des manifestations de soutien à Lula dans les rues tandis que d'autres manifestations sont prévues depuis longtemps dans tout le Brésil le 13 mars par les opposants à Dilma Rousseff, le successeur de Lula, pour réclamer sa destitution.

Très impopulaire, elle aussi est en mauvaise position, menacée par une procédure de destitution entamée fin 2015 par un groupe de juristes soutenus par l'opposition, qui l'accusent d'avoir maquillé les comptes publics, au moment où le Brésil, première économie d'Amérique latine, traverse une récession sans précédent.