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Les Iraniens ont voté dans le calme pour ou contre l'ouverture

27 février 2016, 08:29

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Les Iraniens ont voté dans le calme pour ou contre l'ouverture

Les Iraniens ont voté nombreux et dans le calme vendredi à un double scrutin déterminant pour la poursuite de la politique d'ouverture du président modéré Hassan Rohani qui espère asseoir son autorité face aux conservateurs.

Les bureaux de vote à l'élection du Parlement et de l'Assemblée des experts qui nomme le guide suprême, ont fermé tard après quatre heures de prolongation dans les régions, et près de six à Téhéran où les bureaux sont restés ouverts jusqu'à 23h45 (20h15 GMT).

Tout au long de la journée, de nombreuses files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote des grandes villes, dont Téhéran, signe de l'intérêt suscité par ces élections.

Il y a quatre ans, le taux de participation avait été de 64,2% dans le pays, seulement de 48% à Téhéran. Selon un responsable électoral, environ 28 millions des 55 millions d'électeurs avaient voté à 21H00 locales (17H30 GMT).

Les résultats globaux et définitifs, qui devront être confirmés par le puissant Conseil des gardiens de la constitution (conservateur), ne sont pas attendus avant plusieurs jours. Mais ceux des provinces devraient être connus samedi, ceux de Téhéran et de ses 5,5 millions d'électeurs, lundi.

Les Iraniens étaient appelés à élire les 290 membres du Parlement et les 88 sièges de l'Assemblée des experts, deux instances dominées par les conservateurs.

Le guide suprême, Ali Khamenei, a été l'un des premiers à voter dans la capitale. «Tout le monde doit voter, tous ceux qui aiment l'Iran, la République islamique, la grandeur et la gloire de l'Iran», a-t-il estimé.

«Nous avons des ennemis» qu'il faut «décevoir» par le vote, a-t-il ajouté sans les nommer, mais il exprime régulièrement sa méfiance à l'égard des puissances occidentales, en premier les Etats-Unis, accusés de chercher «à s'infiltrer» en Iran.

Rohani garantit le «transparence»

En votant, M. Rohani a déclaré que les institutions qui sont responsables des élections allaient garantir qu'elles soient «transparentes».

Ces élections étaient les premières depuis la conclusion en juillet d'un accord entre les grandes puissances et Téhéran sur le programme nucléaire iranien, qui doit permettre à l'Iran de sortir de son isolement et de relancer une économie affaiblie par près de dix ans de sanctions internationales.

Pour le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, après cet accord, les grands pays occidentaux «ont désormais compris qu'il convenait de parler au peuple iranien avec dignité».

La plupart des sanctions ont été levées mi-janvier au moment de l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire.

M. Rohani, élu en 2013, mise sur cette avancée majeure pour obtenir une majorité favorable au Parlement. Cela l'aiderait à mettre en place une politique de réformes économiques et sociales avant la fin de son mandat en 2017.

Les réformateurs avaient en partie boycotté le scrutin de 2012 pour protester contre la réélection qu'ils jugeaient frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad en 2009.

Le procureur de Téhéran a démenti que les deux leaders réformateurs de l'époque, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, assignés à résidence à Téhéran depuis 2011, avaient pu voter chez eux, comme indiqué sur les réseaux sociaux. Le vote de M. Karoubi avait pourtant été confirmé par le ministère de l'Intérieur.

Les réformateurs ont été au rendez-vous cette année, même si nombre de leurs responsables ont été écartés de la course par le Conseil des gardiens de la Constitution qui a la haute main sur les élections.

«Répéter 2013»

Pour augmenter leurs chances, ils avaient fait alliance avec les modérés -dont certains peuvent être conservateurs- en présentant une liste commune baptisée "Espoir".

Le chef de file de cette liste à Téhéran, Mohammad Reza Aref, a dit espérer en votant que «l'épopée de 2013 (l'élection de Rohani) se répétera».

Face aux réformateurs, une grande coalition des conservateurs qui, en adéquation avec la ligne du guide suprême, s'inquiètent d'un risque d'«infiltration» étrangère.

Esmat Savadi, électrice de 54 ans, n'a pas caché ses sympathies pour cette coalition, disant avoir voté pour montrer «au pays et à l'étranger que nous soutenons le système pour toujours».

Les anciens présidents Mohammad Khatami (réformateur) et Akbar Hachemi Rafsandjani (modéré) avaient appelé à voter massivement pour les candidats pro-Rohani et ainsi barrer la route «à l'extrémisme».

A l'Assemblée des experts qui nomme le guide suprême, les réformateurs espèrent que ses figures les plus conservatrices seront battues, ce qui serait une victoire majeure pour eux.

Car cette Assemblée, élue pour huit ans, pourrait être amenée à désigner le successeur de l'ayatollah Khamenei, âgé de 76 ans.