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Attentat de Bangkok: deux accusés chinois ouïghours plaident non coupables

16 février 2016, 13:31

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Attentat de Bangkok: deux accusés chinois ouïghours plaident non coupables

 

Deux Chinois ouïghours soupçonnés d'un attentat meurtrier en août 2015 à Bangkok ont plaidé non coupables mardi lors de leur procès, le poseur de bombe présumé dénonçant des "tortures".

Bilal Mohammed, identifié également sous le nom d'Adem Karadag, et Yusufu Mieraili ont pris place, menottés et pieds nus comme le veut la pratique judiciaire thaïlandaise, sur le banc des accusés du tribunal militaire de Bangkok.

Ces deux Chinois de l'ethnie turcophone musulmane ouïghoure ont plaidé "non-coupables" des charges de meurtres avec préméditation et possession d'armes illégales.

"Je ne suis pas coupable. Or cela fait six mois que je suis en prison", a notamment déclaré à l'audience, yeux baissés, Yusufu Mieraili, 26 ans, par le biais d'un traducteur.

Bilal Mohammed, 31 ans, n'a reconnu que l'accusation d'entrée illégale sur le territoire thaïlandais, à une date ultérieure à l'attentat du 17 août selon lui.

Son avocat, Me Schoochart Kanpai, a distribué à la presse un témoignage écrit de son client, soupçonné d'être le poseur de bombe, détaillant des interrogatoires assimilés à de la "torture".

Entre le 14 et le 19 septembre 2015, "nuit et jour, des officiers de sécurité et des policiers venaient me voir et me disaient que si je n'avouais pas être le poseur de bombe (...) je serai remis aux autorités chinoises", assure notamment Bilal Mohammed.

Le 20 septembre, "ils m'ont mis de l'eau dans le nez à de nombreuses reprises" et le 21 "ils ne m'ont pas autorisés à m'habiller, m'ont mis un bandeau autour des yeux et un responsable a amené un chien tout près de moi", dit celui qui a finalement avoué le 22 septembre.

La police thaïlandaise dément tout recours à la torture. Et le général Chakthip Chaijinda, chef de la police, a insisté mardi sur le fait que "la police a des témoins et des preuves" contre les deux hommes.

Le 17 août 2015, cette attaque sans précédent en Thaïlande avait fait 20 morts, dans un lieu connu pour être fréquenté par des touristes chinois, faisant craindre une attaque inédite hors de Chine de la minorité ouïghoure.

Cet attentat était survenu un mois après l'expulsion vers la Chine d'une centaine d'Ouïghours par la Thaïlande, suscitant un concert de critiques internationales, soulignant les risques encourus.

Jusqu'ici, les autorités thaïlandaises avaient affirmé que les deux hommes avaient reconnu leurs rôles dans cette attaque.

Le mystère reste entier sur la motivation de cet attentat. Et la police thaïlandaise a été critiquée pour ses hésitations à désigner clairement la piste ouïghoure, de crainte d'indisposer Pékin en rappelant que ses problèmes intérieurs pouvaient déborder hors de ses frontières.

D'après sa défense, Bilal Mohammed est un Ouïghour chinois installé en Turquie et Mieraili possède un passeport chinois mentionnant son appartenance à l'ethnie ouïghoure.

La prochaine audience est prévue le 20 avril, avec l'examen des preuves.