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La Suède veut expulser jusqu'à 80.000 réfugiés, naufrage en Grèce

28 janvier 2016, 15:53

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La Suède veut expulser jusqu'à 80.000 réfugiés, naufrage en Grèce

Confrontée à un défi migratoire sans égal de son histoire, la Suède affirme vouloir renvoyer des dizaines de milliers de demandeurs d'asile déboutés, au moment où l'Europe, pointant laGrèce du doigt, cherche dans l'urgence à atténuer la pression à ses frontières extérieures.

Les corps de 24 migrants, dont 10 enfants, ont encore été repêchés, jeudi matin par les autorités grecques au large de l'île de Samos en mer Égée, après un nouveau naufrage d'un canot parti de Turquie.

Plus d'un million de migrants, dont un nombre important de Syriens fuyant le conflit qui ravage leur pays, sont entrés en Europe en 2015, provoquant la plus grande crise migratoire sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Malgré les conditions hivernales, les arrivées de migrants sur le continent européen se poursuivent sans répit.

Selon le haut-commissariat aux réfugiés (HCR), la Grèce a vu arriver en janvier quelque 47.000 migrants éligibles à 92% au droit d'asile (les Syriens, les Irakiens, les Afghans), dont un grand nombre traversent la Méditerranée au péril de leur vie.

Faute d'une meilleure coordination à l'échelle européenne ou d'efficacité des mesures mises en place pour réguler les arrivées, les États de l'UE situés sur la route des migrants érigent des murs ou restreignent le droit de séjour.

La Suède a annoncé mercredi soir qu'elle avait l'intention d'expulser jusqu'à 80.000 migrants arrivés sur son sol en 2015 après le rejet de leur demande d'asile.

"Je crois qu'on tourne autour de 60.000 personnes mais cela peut monter à 80.000", a indiqué à un quotidien le ministre de l'Intérieur Anders Ygeman, précisant que le gouvernement avait demandé à la police et à l'Office des migrations de préparer ces retours.

- Expulsions par charters -

La Suède, qui a rétabli les contrôles à ses frontières en novembre, reçoit dix fois moins de réfugiés qu'avant. Elle ne cherche donc pas tant à décourager les nouvelles arrivées qu'à se délester des demandeurs d'asile qui n'ont pas vocation à rester sur son territoire.

Les expulsions s'effectuent généralement sur des vols commerciaux mais compte tenu des nombres évoqués, "nous allons devoir utiliser plus d'avions charters" et les expulsions s'étaleront sur plusieurs années, a précisé M. Ygeman.

En 2015, 163.000 réfugiés ont déposé une demande d'asile en Suède, l'équivalent de 1,3 million de personnes pour un pays de 80 millions d'habitants comme l'Allemagne, laquelle a reçu 1,1 million de réfugiés sur la même période.

L'annonce de Stockholm survient deux jours après le meurtre d'une éducatrice par un étranger de 15 ans dans un centre pour mineurs non accompagnés à Mölndal, près de Göteborg (sud-ouest). Elle était l'unique employée présente à ce moment-là.

Ce drame a mis en lumière le surpeuplement des structures d'accueil et le poids insupportable assumé par certaines communes alors que d'autres ne reçoivent aucun réfugié.

Pour assurer une meilleure répartition sur le territoire national, le Parlement a entériné mercredi une loi qui imposera des quotas aux municipalités récalcitrantes.

- Blocages en Macédoine -

Sous la pression de l'UE, la Grèce ne ménage pas ses efforts pour endiguer le flux des migrants depuis l'année dernière, mais la Commission européenne estime qu'Athènes a "sérieusement négligé ses obligations" dans la gestion de ses frontières.

Si elle ne prend pas les mesures adéquates, la voie sera ainsi ouverte pour que les Etats membres reçoivent l'autorisation de prolonger jusqu'à deux ans les contrôles aux frontières intérieures, rétablis ces derniers mois par certains pays débordés par les arrivées massives de migrants.

Le gouvernement grec a vivement réagi en soulignant que "la tactique de se renvoyer les responsabilités ne constitue pas une gestion efficace d'un problème de dimension historique, qui réclame une action commune".

Le risque immédiat pour Athènes est de voir barrée sa frontière avec la Macédoine, ce qui ferait de ce point de passage un cul-de-sac.

Après l'avoir déjà fermé quelques heures la semaine dernière, la Macédoine a de nouveau empêché le transit des réfugiés pendant quelques heures mercredi. Selon un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, Skopje attendait la sortie de 600 migrants à sa frontière nord, vers la Serbie.

Depuis, les migrants ont de nouveau été autorisés à poursuivre leur voyage vers le nord de l'Europe. Environ 3.000 personnes attendaient jeudi matin à la frontière, côté grec, selon la police grecque.