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Michel Tournier, figure de la littérature française du XXe siècle, est mort

19 janvier 2016, 10:06

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Michel Tournier, figure de la littérature française du XXe siècle, est mort

L'écrivain Michel Tournier, grande figure de la littérature française du XXe siècle, Prix Goncourt pour "Le Roi des Aulnes", est décédé lundi à 91 ans, dans l'ancien presbytère où il vivait à l'écart des mondanités parisiennes depuis plus d'un demi siècle.

Il est mort vers 19H00, entouré de ses proches, dans le village de Choisel, dans la vallée de Chevreuse (Yvelines).

"On vivait 24 heures sur 24 avec lui, il ne pouvait plus rester tout seul depuis trois mois" en raison de son état de faiblesse, a déclaré à l'AFP son filleul Laurent Feliculis, que l'écrivain considérait comme son fils adoptif et qui était présent à ses côtés au moment de son décès.

"Il souhaitait être enterré ici", a indiqué Alain Seigneur, maire de Choisel, commune de quelque 550 habitants où le romancier résidait depuis 1957. "Ce village, il en était un peu amoureux. Il avait choisi l'emplacement de sa tombe au pied d'un arbre".

La disparition de Michel Tournier, cité fréquemment pour le Nobel et largement traduit, seul auteur à avoir obtenu le Goncourt à l'unanimité, a aussitôt suscité des hommages du monde politique et de la culture.

François Hollande a loué un "immense talent", "entre réalisme et magie", Manuel Valls "un conteur hors pair".

"Dès demain, je ne pourrai plus répondre Michel Tournier à la question: quel est le plus grand romancier français vivant ?", a tweeté Bernard Pivot, président de l'Académie Goncourt. Il "a rejoint ce soir les grands noms de l'histoire et des mythes dont il a été le génial romancier".

"À nos coeurs rendus malades par le temps, l'oeuvre d'art apporte un peu d'éternité". Merci Michel Tournier pour ce morceau d'éternité", a tweeté la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.

- Ultime publication en juin -

Dans un entretien au Figaro publié l'an dernier, l'écrivain jugeait son bilan "plutôt bon".

"A la fin de sa vie, on peut évaluer sa vie à partir de six critères: le physique, la famille, l'époque, les amitiés, l'amour, la profession. Mon bilan est plutôt bon, avec même ce sommet professionnel que représente le prix Goncourt. Le point faible, c'est l'époque où j'ai vécu", confiait-il.

Michel Tournier, dont l'oeuvre s'inspire des mythes fondateurs qu'il avait renouvelés avec humour et acuité, était venu à la littérature à plus de 40 ans. "Ce que j'avais à dire était à la fois tellement secret et tellement essentiel que j'ai eu besoin d'une longue maturation pour publier quoi que ce soit", expliquait-il.

En 1967, il obtient d'emblée le Grand Prix du roman de l'Académie Française avec "Vendredi ou les limbes du Pacifique". Il confirme, trois ans plus tard, avec "Le Roi des Aulnes", porté à l'écran en 1996 par Volker Schloendorff, puis en 1975 avec "Les Météores".

Né le 19 décembre 1924 à Paris de parents germanistes, Michel Tournier était nourri de l'influence de l'Allemagne. Il avait étudié la philosophie à la Sorbonne et à l'université de Tübingen mais échoué à l'agrégation, ce dont il souffrira beaucoup.

De 1950 à 1968, il a été traducteur, attaché de presse à Europe 1, éditeur chez Plon, présentateur d'une émission télé sur la photographie.

Son oeuvre compte d'autres romans comme "Gaspard, Melchior et Balthazar" (1980), "Eléazar ou la source et le buisson" (1996), des recueils de nouvelles tels "Le Médianoche amoureux" (1989), des contes comme "Le Coq de bruyère" (1978), des essais comme "Le vol du vampire" (1981), des livres plus personnels comme "Le Vent Paraclet" (1977) ou "Journal extime" (2002).

Il avait également publié une dizaine d'ouvrages sur la photo et participé avec Lucien Clergue à la création des Rencontres photographiques d'Arles.

Il avait écrit pour les enfants, notamment "Vendredi ou la vie sauvage", adorant discuter de ses livres dans les écoles.

Sa dernière publication remonte à juin 2015: une correspondance avec son traducteur allemand Hellmut Waller menée depuis 1946.

Ancien membre du comité de lecture de Gallimard, il avait été de 1972 à 2010 juré Goncourt, fonction qu'il avait quittée pour raison de santé. Il avait été fait le 1er janvier commandeur de la légion d'honneur.