Publicité

Mali: état d'urgence jusqu'au 1er janvier

23 décembre 2015, 15:20

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Mali: état d'urgence jusqu'au 1er janvier

 

Le Mali est officiellement passé mardi sous état d'urgence jusqu'à la fin de l'année, pour la deuxième fois depuis l'attaque contre un grand hôtel de Bamako en novembre, alors qu'une dizaine de jihadistes ont été "neutralisés" par l'armée française.

 

Par ailleurs, dans un rapport, la division des droits de l'Homme de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a dénoncé des "violations graves du droit international" lors de l'attaque d'une localité du nord du pays par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg) puis lors de sa reprise par les forces pro-gouvernementales.

 

Deux civils ont été tués pendant l'attaque de la CMA sur le village de Tin Hama, et le lendemain, six autres ont été victimes d'exécutions sommaires, et leur communauté, soupçonnée de sympathies pour les rebelles, a été expulsée sous la menace, soit près de 230 personnes, selon ce rapport, confirmant le récit recueilli à l'époque auprès des protagonistes.

 

La Minusma condamne les violations du droit international par les groupes armés et déplore en particulier qu'aucune enquête judiciaire n'ait été ouverte, ainsi que la passivité des forces armées, réclamant du gouvernement une enquête "concernant le comportement des troupes stationnées à Tin Hama les 20 et 21 mai, et leur implication, active ou passive" dans ces exactions.

 

Les combats entre CMA et groupes pro-Bamako se sont poursuivis malgré la signature d'un accord de paix en mai-juin, mais ont cessé depuis la conclusion de "pactes d'honneur" entre les belligérants le 16 octobre, au terme de trois semaines de rencontres à Anéfis, dans le nord-est du pays.

 

Depuis, la menace jihadiste, un temps éclipsée par ces affrontements, est revenue au premier plan, avec en particulier le 20 novembre l'attaque de l'hôtel Radisson Blu de Bamako, qui a fait 20 morts, dont 14 clients étrangers, en plus des deux assaillants, selon le bilan officiel.

 

L'attentat a été revendiqué le jour même par le groupe Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, en coordination avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les deux formations annonçant ensuite avoir scellé à cette occasion leur alliance.

 

- 'Eviter les attroupements' -

Les militaires français de l'opération Barkhane de lutte contre le jihadisme dans le Sahel ont d'ailleurs "neutralisé" dans la nuit du 19 au 20 décembre "une dizaine de terroristes", lors d'une opération visant des membres d'Al-Mourabitoune dans la région de Méanka, près de la frontière du Niger, a annoncé mardi le ministère français de la Défense.

 

Peu après, le gouvernement malien a proclamé l'état d'urgence pour dix jours en raison de "l'évolution de la situation sécuritaire au Mali et dans la sous-région", selon un communiqué officiel publié lundi soir après un Conseil des ministres extraordinaire sur la sécurité.

 

Cette mesure d'exception donne notamment plus de possibilités d'interventions aux forces de sécurité et restreint les rassemblements.

 

Interrogé par l'AFP sur d'éventuelles menaces spécifiques, un ministre malien a répondu, sous couvert d'anonymat: "Même en France, à l'approche des fêtes de fin d'année, il y a des mesures qui sont prises. Le Mali a le devoir de prendre les devants".

 

"Pour les fêtes de fin d'année, il faut éviter les attroupements. L'ennemi peut profiter de ces attroupements", a-t-il estimé.

 

L'attentat du 20 novembre avait également été revendiqué par le Front de libération du Macina (FLM), formation jihadiste apparue récemment dans le centre du pays, "avec la collaboration d'Ansar Dine", groupe jihadiste de l'ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly.

 

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

 

Les jihadistes ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.