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Conférence sur le climat: pourquoi on devrait s’y intéresser

29 novembre 2015, 17:20

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Conférence sur le climat: pourquoi on devrait s’y intéresser

Petites îles et grandes villes menacées par la montée des océans, concentration record de gaz à effet de serre: les rapports alarmistes sur le dérèglement climatique s’accumulent, alors que s’ouvre, le lundi 30 novembre, la COP21, la conférence sur le climat, qui regroupera 195 pays dont Maurice.

 

Remontons le temps. Un rapport du National Climate Change Adaptation Policy Framework, rendu public il y a deux ans, fait état des impacts qu’aura le changement climatique sur le pays. L’on estime ainsi qu’environ 60 000 personnes, à Maurice et à Rodrigues, seront affectées d’ici 2050. Le coût ? Quelque Rs 360 milliards...

 

«Nous avançons en territoire inconnu et la machine s’emballe à un rythme effrayant», a d’ores et déjà mis en garde l’Organisation météorologique mondiale à Genève, lors de la présentation de son rapport annuel. «Chaque année, nous faisons état d’un nouveau record dans les concentrations de gaz à effet de serre», a-t-elle déploré. En 2014, la concentration moyenne de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, a ainsi atteint au niveau mondial le niveau inédit de 397 parties par million (ppm).

 

En s’accumulant, le C02, ainsi que le méthane et le protoxyde d’azote, renforcent l’effet de serre, ce qui amplifie le réchauffement accéléré que la planète connaît depuis 150 ans. «Cela signifie des températures globales plus élevées, plus de phénomènes météorologiques extrêmes tels que des vagues de chaleur, des inondations, la fonte des glaces et l’élévation du niveau des océans et de leur acidité», a rappelé l’OMM.

 

Le niveau des mers a, en moyenne, déjà gagné 20 centimètres depuis le début du XXe siècle et le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat prédit qu’à l’horizon 2100, il grimpera encore de 26 à 82 centimètres par rapport à la moyenne de 1986-2005. L’étude de Climate Central fait des projections plus lointaines qui mettent en évidence la poursuite inéluctable du phénomène. Si le réchauffement est limité à 1,5°C, objectif réclamé par les pays les plus vulnérables comme les petits États insulaires, l’élévation des océans sera à long terme de 2,9 m, affectant 137 millions de personnes.

 

A +2°C, les mers gagneront environ 4,7 m, couvrant des zones où vivent 280 millions de personnes aujourd’hui.

 

Les enjeux

Un accord mondial pour contenir le réchauffement de la planète doit être conclu lors de la COP 21. Voici les principaux points d’achoppement des négociations.

 

Les financements

 

C’est le sujet le plus épineux. Pour réclamer des engagements financiers aux pays développés, les pays en voie de développement s’appuient sur la Convention climat de l’Onu, signée en 1992, et sous l’égide de laquelle se déroulent les négociations. Les pays du Sud voudraient voir garantie une augmentation des aides pour les projets climat à partir de 2020, date d’entrée en vigueur de l’accord, et exigent que les financements de ces projets viennent s’ajouter et non se substituer à ceux prévus par l’aide au développement.

 

Des objectifs à long terme

 

Limiter la hausse au niveau mondial à 2°C est un objectif partagé, mais des pays comme les États insulaires défendent toujours 1,5°C. Le respect de cette limite passe par une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre. Les formulations des pays pour traduire cette nécessaire trajectoire vont d’un objectif précis (comme une date butoir pour le pic des émissions ou un pourcentage de réduction en 2050) à des formulations plus floues («transformation globale bas carbone», «neutralité carbone», «décarbonisation»).

 

La révision à la hausse des engagements

 

154 pays ont annoncé à ce jour leur objectif national pour réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2025 ou 2030. Cela couvre près de 90% des émissions mondiales. Si ces engagements sont respectés, la hausse prévisible du thermomètre mondial serait ramenée de plus de 4°C à environ 3°C. Pour combler l’écart entre 2 et 3°C, significatif en terme de bouleversements climatiques, un mécanisme obligerait les pays à prendre de nouveaux engagements, forcément plus ambitieux, tous les 5 ans. Certains refusent que cette disposition soit obligatoire. La date pour un bilan global des politiques nationales climatiques fait débat, certains voulant un état des lieux avant 2020.

 

Du vent ?

 

La COP21 risque de n’être que «du vent», par manque de volonté de nombreux pays industrialisés, estime le Premier ministre des Fidji, un archipel qui subit déjà les ravages du réchauffement climatique. «J’attends encore de voir, chez de nombreux pays industrialisés, la volonté politique nécessaire pour faire face à leurs obligations vis-à-vis de l’Humanité», a déclaré Voreqe Bainimarama. «Je crains vraiment que la COP21 ne soit que du vent», a-t-il ajouté. «Je n’irai pas à Paris en arborant le gentil sourire habituel du Pacifique», a-t-il averti. «Avec les autres dirigeants insulaires, je veillerai à rappeler les nations industrialisées à leurs obligations.»

 

Si certains États insulaires risquent d’être submergés par l’élévation annoncée du niveau des océans liée au réchauffement climatique, les îles Fidji souffrent déjà, elles, d’une érosion de leur littoral, de la perte de terres arables et du renforcement des tempêtes tropicales.

 

Source : AFP