Publicité

Air Cocaïne: les pilotes conduits chez la juge

2 novembre 2015, 14:49

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Air Cocaïne: les pilotes conduits chez la juge

Les deux pilotes français qui ont fui la République dominicaine où ils avaient été lourdement condamnés pour trafic de drogue sont conduits par la gendarmerie chez la juge qui instruit l'enquête française sur l'affaire Air cocaïne.

 

Les gendarmes se sont présentés tôt lundi matin aux domiciles de Pascal Fauret, 55 ans, dans la banlieue de Lyon, et de Bruno Odos, 56 ans, en Isère, munis d'un mandat d'amener de la juge d'instruction marseillaise, Christine Saunier-Ruellan, qui enquête, depuis février 2013 sur le volet français de ce vaste trafic de drogue transatlantique, surnommé "Air Cocaïne".

 

Ils sont arrivés chez Pascal Fauret à 07H00, a confirmé à l'AFP son avocat, Jean Reinhart, "surpris" par la procédure choisie par la juge.

 

"Le mandat d'amener était inutile, c'est pour faire du spectacle", a-t-il jugé, rappelant que son client, et l'autre pilote, Bruno Odos, avaient "dit à la juge et ensuite publiquement qu'ils étaient disposés à se rendre à une convocation" de la justice.

 

Me Reinhart a également jugé "pas impossible" que les pilotes puissent être placés en détention provisoire. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre eux par la République dominicaine.

 

Après l'évasion, Paris a toutefois écarté l'hypothèse d'un renvoi en République dominicaine.

 

Selon l'épouse du pilote, Sabine Fauret, les pilotes, accompagnés de gendarmes devaient d'abord s'arrêter à la gendarmerie du 2e arrondissement de Lyon avant de repartir à Marseille.

 

"On était à la disposition de la juge d'instruction. Nous l'avions prévenue dès qu'ils ont mis un pied en France. Franchement je ne pensais pas qu'on allait avoir la police à la maison", a déclaré Mme Fauret, "scandalisée".

 

"Je suis révolté, je suis atterré", a réagi Me Eric Dupond-Moretti, avocat de Bruno Odos. "On avait demandé qu'on nous convoque mais il a fallu que les mauvaises habitudes l'emportent."

 

- Opération d'exfiltration rocambolesque -

 

Pascal Fauret et Bruno Odos étaient les pilotes d'un Falcon 50 intercepté en mars 2013 à l'aéroport de Punta Cana ainsi que deux autres Français qui étaient passagers, Nicolas Pisapia et Alain Castany.

 

A bord de l'avion, affrété par une société de location, SN-THS, basée à Bron (Rhône), se trouvaient 680 kg de cocaïne répartis dans 26 valises, selon les autorités dominicaines.

 

Les quatre Français ont été condamnés mi-août à Saint-Domingue à 20 ans de prison mais avaient été laissés libres en attendant leur procès en appel.

 

Des proches ont alors organisé dans le plus grand secret une opération d'exfiltration des deux pilotes, par bateau puis par avion, permettant aux pilotes de regagner la France fin octobre. Les deux autres Français sont restés à Saint-Domingue.

 

Dans le volet français de l'enquête, dès janvier 2013, les gendarmes avaient été alertés de "comportements suspects" de passagers d'un Falcon 50 ayant atterri un mois plus tôt à Saint-Tropez.

 

Le 9 décembre 2012, un douanier en poste à Toulon, soupçonné aujourd'hui de complicité, était allé accueillir l'avion, avec à son bord Pascal Fauret, Bruno Odos et Nicolas Pisapia. Il avait fait entrer sur le tarmac deux véhicules qui avaient emporté dix valises déchargées de l'appareil.

 

Selon l'enquête, deux autres déchargements identiques avaient eu lieu en 2012 et un autre était prévu le 18 mars 2013.

 

Un homme d'affaires, Franck Colin, a reconnu avoir affrété l'avion et a été placé en détention. Également incarcérés, les deux patrons de la SN-THS, ont depuis été libérés sous contrôle judiciaire.

 

Au cours de l'enquête Air Cocaïne, la juge s'était penchée de manière incidente sur trois vols affrétés auprès de SN-THS pour le compte de l'ancien président Nicolas Sarkozy, par la société de son ami Stéphane Courbit.

 

Selon le Journal du dimanche, la juge avait par ailleurs demandé la géolocalisation du téléphone de M. Sarkozy et les factures détaillées de ses communications. L'avocat de M. Sarkozy, Me Thierry Herzog a demandé "des explications".

 

Ce volet de l'enquête, portant sur un éventuel abus de biens sociaux, a depuis été transféré au parquet financier à Paris.