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Le chef de l'ONU va faire pression sur Abbas, après Netanyahu

21 octobre 2015, 14:55

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Le chef de l'ONU va faire pression sur Abbas, après Netanyahu

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon va appeler mercredi le président palestinien Mahmoud Abbas à tenter d'enrayer la "dangereuse escalade" des violences, comme il l'a fait la veille avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au prix d'une franche rebuffade de sa part.

 

La confrontation a continué alors même que M. Ban exprimait mardi en Israël "l'alarme" de la communauté internationale devant le risque d'une "nouvelle période de violence catastrophique".

 

Le chef de l'ONU devait rencontrer M. Abbas à 09H30 GMT à Ramallah, au second jour d'un déplacement surprise pour dire, selon ses mots, que "trop, c'est trop", et exhorter les dirigeants des deux bords à agir vite.

 

Les soldats israéliens ont tiré mercredi matin sur une villageoise palestinienne de 15 ans qui, ignorant les sommations, approchait avec un couteau de la colonie d'Yitzhar, près de Naplouse en Cisjordanie occupée, a rapporté l'armée. La villageoise, légèrement blessée, a été évacuée par les Israéliens.

 

La multiplication des attentats à l'arme blanche provoque une vive anxiété chez les Israéliens. Mardi encore, quatre Israéliens ont été blessés dans deux attaques à l'arme blanche et une autre à la voiture bélier et au couteau en Cisjordanie. Quatre assaillants palestiniens ont été abattus.

 

Les heurts quotidiens entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et une vague d'attentats anti-israéliens ont fait 47 morts palestiniens (dont plus la moitié étaient auteurs d'attaques) et un mort arabe israélien d'une part, et huit morts Israéliens de l'autre depuis le 1er octobre. Un Erythréen, pris par erreur pour un auteur d'attentat, a été tué.

 

- 'Trop c'est trop' -

 

M. Ban craint que la confrontation ne se transforme en conflit religieux, avec de graves répercussions régionales.

 

Il a signifié mardi que sa visite visait en particulier à la préservation des règles (le "statu quo") qui régissent l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, révérée à la fois par les musulmans et par les juifs.

 

Ce lieu est géré par une fondation islamique sous l'égide de la Jordanie, mais c'est Israël qui en contrôle l'accès. Les juifs sont autorisés à y accéder à certaines heures, mais pas à y prier.

Les musulmans peuvent y prier à toute heure, mais sont régulièrement soumis aux restrictions de la part des Israéliens.

 

La suspicion qu'Israël veut changer le "statu quo" sur ce site, ultime bastion national et religieux des Palestiniens, est un cri de ralliement, y compris pour certains auteurs d'attentat. M. Abbas a accusé le gouvernement israélien de telles intentions, dans un langage parfois sans nuance. M. Netanyahu s'est toujours défendu de tels projets.

M. Ban a signifié mardi qu'il attendait de M. Abbas qu'il atténue son propos. Il a, de l'autre côté, mis en garde M. Netanyahu contre un usage excessif de la force pour réprimer les attentats.

 

M. Netanyahu lui a répondu sur un ton tranchant, accusant nommément M. Abbas de proférer des mensonges et de participer à l'escalade en se joignant "à l'Etat islamique et au Hamas pour affirmer qu'Israël menace la mosquée Al-Aqsa", située sur l'esplanade.

 

- Mouvement diplomatique -

 

Il a récusé toute responsabilité israélienne ainsi que tout usage excessif de la force, et renvoyé la balle dans le camp de la communauté internationale qui ferait mieux "de demander des comptes au président Abbas".

 

Le ton de M. Netanyahu est significatif du fossé qui sépare Israéliens et Palestiniens et de la difficulté de la tâche pour la communauté internationale.

 

Celle-ci a de plus affaire à un mouvement qui échappe largement au contrôle des autorités. Il est conduit par une jeunesse palestinienne exaspérée par l'occupation et la colonisation, désabusée par ses propres dirigeants, encouragée par les réseaux sociaux et aiguillonnée par les imprécations religieuses.

 

M. Ban rendra compte au Conseil de sécurité par vidéoconférence de l'avancée de ses discussions avec les deux parties, lors d'une réunion d'urgence convoquée à 19H00 GMT.

Il se rendra ensuite jeudi en Jordanie pour rencontrer le roi Abdallah, acteur primordial quand il s'agit de l'esplanade des Mosquées.

 

Le secrétaire d'Etat John Kerry devrait s'entretenir avec M. Netanyahu, a priori jeudi pendant la visite de ce dernier en Allemagne, puis avec M. Abbas, peut-être en Jordanie.