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Les Smart Cities déchiffrées

18 octobre 2015, 20:45

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Les Smart Cities déchiffrées

À l’occasion du Mauritius Smart Cities 2015 Summit qui s’est tenu mercredi et jeudi, l’express fait un focus sur le projet phare du gouvernement Lepep. Quelles sont les caractéristiques  des smart cities ? Qui en aura la responsabilité ? Combien coûteront ces chantiers ? Quelques éléments de réponse.

 

Quelles sont les caractéristiques d’une smart city ?

Live-work-play. Ce sont les caractéristiques d’une smart city mauricienne, telles qu’établies par le Board of Investment (BOI). Cette ville doit être un lieu où l’on peut travailler, loger et profiter d’activités récréatives.

 

Elle doit également avoir sa propre source d’eau et être autonome en énergie. De plus, le système de transport interne doit être efficace, et ce dans l’objectif de réduire les embouteillages. Le promoteur doit prôner le développement durable avec un faible taux d’émission de carbone. Les bureaux des smart cities devront également être écologiques tout en utilisant des technologies modernes. Les bâtiments intelligents doivent aussi faire partie du paysage.

 

Qui financera les smart cities ?

Les smart cities du gouvernement recevront des financements divers. Il y a d’abord la ville administrative de Highlands. Ce projet qui s’étendra sur une superficie de 336 arpents sera réalisé selon le concept «Build-operate-transfer». Des promoteurs privés construiront des bâtiments qu’ils loueront à l’État. Au bout de quelques années, le gouvernement en deviendra le propriétaire. Pour le projet de Riche-Terre (Jin-Fei), qui accueillera un «dry port» pour le port franc, c’est le partenaire stratégique de la Cargo Handling Corporation qui sera le bailleur de fonds.

 

Le troisième projet est au Domaine Les Pailles. La State Investment Corporation Ltd a signé un accord avec le groupe chinois Yihai International Investment Management Limited. C’est lui qui financera les travaux. Les promoteurs des smart cities du privé, dit-on, se tourneront vers des partenaires étrangers et des banques. Quelques-uns sont en pourparlers avec des sociétés sud-africaines, d’Asie et du Moyen-Orient.

 

Qui gère les smart cities ?

Contrairement à nos cinq villes et sept conseils de district, les smart cities ne seront pas dirigées par des maires ou des présidents de conseil de district. Du côté de la State Land Development Corporation (SLDC), on précise que le  concept est totalement différent de ce qu’on connaît déjà : «Il n’y aura pas d’administration politique ou juridique, ce sera totalement différent.»

 

Une Smart City Management Company sera en charge de la gestion, donc s’il y a un problème ou des travaux à effectuer, ce sera à elle de gérer. À titre d’exemple, actuellement Highlands tombe sous la responsabilité de la mairie de Vacoas-Phoenix mais la smart city de Highlands sera gérée par une Smart City Management Company.

 

Qui habitera dans les smart cities ?

Lors d’un entretien à l’express le mois dernier, le CEO de la State Land Development Company, Claude Wong So, a expliqué que les smart cities n’incluront pas uniquement des logements de grand standing. Des appartements sont aussi prévus pour ceux qui y travaillent. 25% des résidences des smart cities seront réservées aux Mauriciens.

 

Par ailleurs, le gouvernement ne veut pas que les smart cities soient des enclaves réservées à des groupes de privilégiés, mais il souhaite les ouvrir au plus grand nombre grâce à des espaces publics comme des centres commerciaux. Des étrangers souhaitant acheter une villa à Maurice pourront aussi investir dans les smart cities.

 

Nos villes actuelles peuvent-elles être converties en smart cities ?

Les architectes et urbanistes s’affrontent sur la vocation de nos cinq villes avec les nouveaux projets de smart cities. Si pour certains, il est impossible de convertir nos villes actuelles selon le modèle présenté pour devenir des smart cities, pour d’autres il faudrait au contraire améliorer nos villes existantes et ne pas aller vers les nouveaux projets.

 

Du côté des autorités, on explique que si les villes ne seront pas des smart cities, elles seront amenées à changer. «La SLDC a recruté plusieurs personnes dont des Urban Planners pour nous conseiller sur ce qui doit être fait et surtout comment faire participer les villes. Il a été décidé de commencer par Port-Louis et Curepipe», indique une source à la SLDC.

 

Les villes seront améliorées mais pas à l’exemple des nouveaux projets comme celui de Highlands. «Pour Highlands, c’est un terrain ‘vierge’, tout est à faire selon le nouveau concept et les nouvelles technologies mais nous adopterons une autre approche pour les villes

 

Le BOI se penche actuellement sur un Smart City Urban Regeneration Programme. Il s’agit d’améliorer les infrastructures actuelles et de donner plus de valeur à certains sites et certains bâtiments. «Pour Port-Louis, il s’agit d’augmenter le potentiel culturel afin que ça attire plus de touristes. Si l’administration bouge, il ne faut pas que la ville soit abandonnée

 

Des changements sont aussi attendus pour Curepipe avec un plan qui a été présenté à la mairie par la SLDC. «Pour Curepipe, il s’agit d’un plan d’ensemble», dit une autre source à la SLDC.

 

Les deux gares routières de Jan Palach seront fusionnées en une seule structure, le jardin de la mairie sera agrandi, l’hôtel de ville converti pour devenir le principal bloc administratif et des allées couvertes construites un peu partout dans la ville pour ne pas réduire le mouvement, et donc les activités économiques, quand il pleut. Autres changements pour Curepipe, les terrains vagues seront utilisés pour faire des jardins et certaines routes deviendront piétonnes, entre autres.

 

L’on se demande, toutefois, pourquoi ne pas transformer nos villes en smart cities et abandonner les autres projets: «Les critères sont clairement établis. Il faut que ces nouvelles villes soient autonomes et nos cinq villes sont déjà connectées au réseau de la Central Water Authorityet au Central Electricity Board. Pour changer cela, il faut refaire tout le système ; changer la tuyauterie et revoir tout le système routier, entre autres», dit une source sous le couvert de l’anonymat.

 

Il y a plusieurs autres inconvénients à convertir les villes selon le concept smart comme l’effet de la durée des travaux. «Faire qu’une ville entière devienne un chantier est un handicap ; il y a le bruit, la poussière et le désordre comme sur tous les chantiers. Il faut libérer de l’espace dans les villes et réduire les mouvements afin de pouvoir les optimiser», dit Vinesh Chintaram, président de l’Association des architectes de Maurice.

 

Autre problème, l’implication économique ne sera pas la même. À la SLDC, on précise que ça coûtera plus cher de changer tout ce qu’il y a déjà en plus d’ajouter de nouvelles infrastructures que de tout construire maintenant selon les critères.

 

Toutefois, ces inconvénients ne sont pas insurmontables pour tout le monde. Pour un urbaniste, ce serait un avantage de relancer nos villes et d’utiliser les infrastructures que nous avons déjà plutôt que d’en créer d’autres. «Il faut améliorer la qualité de la vie des gens et la qualité de l’environnement ». Et de poursuivre: «Les nouveaux projets vont prendre beaucoup d’espace et il faudra dans certains cas enlever les plantations de cannes à sucre et autres. Dans ce cas, il se passe quoi pour la sécurité alimentaire? Convertir des terrains agricoles en terrains de construction peut aussi poser problème à la longue. Là, c’est l’aspect environnemental qu’il faut considérer.»

 

Comment cela se passe-t-il à l’étranger ?

La Commission européenne a lancé le projet District of Future. Il a pour objectif d’augmenter l’efficacité énergétique des villes du Vieux continent. Sous ce programme, il y a toute une stratégie à respecter afin de rendre les villes smart.

 

En Inde, le gouvernement ambitionne de construire 100 smart cities à travers les différents Etats d’ici 2020. Le pays organisera une conférence l’année prochaine dans le but d’attirer des investisseurs.

 

Aux États-Unis, le concept de smart cities est différent. Le président Barack Obama a annoncé, le mois dernier, que le gouvernement débourserait 160 millions de dollars pour rendre certaines villes et communautés smart. L’argent servira à faire des études afin de  réduire la congestion routière, de combattre le crime, de favoriser la croissance et d’améliorer les services publics.

 

Les cinq Smart Cities qui sortent de terre à Maurice

 

● Jin Fei-Riche–Terre Project

 

 

La Mauritius Jin Fei Economic Trade and Cooperation Zone verra le jour dès janvier 2016. Le promoteur Shanxi Jin Fei Investment Co. Ltd a axé son projet autour du monde des affaires et de la logistique. Cela comprend le Jinjiang Business Hotel, un Business Centre, un Business Club et un International Convention & Exhibition Centre. Coût de l’investissement : Rs 5 milliards.

 

● Médine Integrated Park

 

 

Le groupe Médine se positionne avec l’implantation d’une smart city dédiée à la recherche, aux études supérieures et à l’innovation. Outre plusieurs campus universitaires pour le Médine Education Village, 30 000 mètres carrés seront utilisés pour la construction de bâtiments. Le campus de Pierrefonds est déjà opérationnel. Un autre devrait voir le jour à Flic-en-Flac dans un proche avenir. Investissement : Rs 6 milliards.

 

● Omnicane Mon Trésor Airport City

 

 

Le groupe Omnicane veut développer la région autour de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam. 400 hectares de terre sont prévus pour développer une smart city portée sur les activités aéroportuaires, mais surtout pour pousser les PME ou des compagnies engagées dans la logistique à s’y installer. Il y a déjà l’hôtel Holiday Inn qui a nécessité plus de Rs 800 millions. Un parc d’attractions autour du Dodo sera aussi créé à Mare-aux-Songes. Investissement : Rs 5 milliards.

 

● Yihai Pailles Garden

 

 

Le plan directeur a été finalisé. Il prévoit la construction d’un hôtel, d’espaces de détente et de commerces, selon le concept Work-Live-Play. Le projet est un joint-venture entre Yihai International Investment Management Ltd et la State Investment Corporation. Il se décline en trois phases avec appartements et hôtel-casino cinq-étoiles. Investissement : Rs 3, 8 milliards.

 

Les autres smart cities qui verront le jour

 

■ Terra Project -Beau Plan Integrated Development

■ Azuri Smart City

■ Highlands City

■ St-Felix Village Project

Royal Saint Louis

Mont-ChoisySmart City

Cap Tamarin