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Madagascar : Marc Ravalomanana : « C’est à moi qu’elle doit son élection »

24 septembre 2015, 12:05

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Madagascar : Marc Ravalomanana : « C’est à moi qu’elle doit son élection »

L'ancien chef d'Etat prendra les commandes de la ville d'Antananarivo. Son épouse Lalao, élue, elle, ne sera qu’un prête-nom.

Sans détour. Marc Ravalomanana, ancien chef d’État, est celui qui sera réellement aux manettes d’Antananarivo. Le président national du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), l’a lui même reconnu, hier, le 23 septembre, en marge d’une rencontre avec les maires TIM nouvellement élus. Il a enfin reconnu haut et fort ce que redoutait l’opinion. Lalao Ravalo­manana, maire de la capitale ne serait alors qu’un prête-nom.


«L’opinion pense qu’en réalité, ce sera vous qui allez diriger la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA), et que le titre de votre épouse ne sera que symbolique. Qu’en dites-vous ?» Une question lancée par un journaliste, en marge de la rencontre d’hier. En réponse Marc Ravalo­manana a déclaré : «Si elle le pense, c’est que c’est vrai. Je dirigerai la commune, je serai à ses côtés [Lalao Ravaloma­nana] dans la conduite des affaires de la commune (…) ».


Affirmant un peu plus ce que sera son futur statut dans la gestion des affaires de la capitale, l’ancien exilé d’Afrique du Sud a renchéri en affirmant que «(…) si elle a été élue, c’est parce que les habitants d’Anta­nanarivo savent que je suis et serai à ses côtés. Sans quoi, elle aurait certainement eu des difficultés lors des élections». La hiérarchie à la CUA est désormais claire. Alors qu’elle n’a même pas encore pris officiellement ses fonctions au palais de la ville d’Ana­lakely, Lalao Ravalomanana est dépossédée du leadership de la capitale.

Aux commandes
Pour justifier ses intentions, l’ancien Président avance la carte de la redevabilité, en martelant que son épouse a été élue grâce à son nom et parce qu’il est à ses côtés. Un argument qui vaut également pour les deux-cent-treize autres maires TIM, dont ceux de la province d’Antananarivo qui ont été présentés, hier. D’autant plus que tous se sont prévalus d’une élection grâce au soutien de l’ancien chef d’État. Une manière pour ce dernier d’affirmer son statut au sein de la formation politique.


Étant donné son omnipotence dans son cercle familial et au sein de son parti, voir Marc Ravalomanana revendiquer de façon officieuse de tenir les rênes de la capitale, était prévisible. La majorité des votants à Antananarivo ont tout de même coché la case de la liste TIM, en sachant que celle-ci était menée par Lalao Ravalomanana, mais les ouailles du TIM qui ont massivement voté pour l’ancienne première dame pourraient n’avoir rien à redire face à la volonté de leur leader.


La domination du TIM au sein du conseil municipal devrait également faciliter les choses pour l’ancien chef de l’état qui semble mettre en jeu sa crédibilité politique dans son challenge de vouloir rebâtir la capitale, bien que l’écharpe de maire soit sur les épaules de son épouse. «Le maire de la capitale est au même rang que le président de la Répu­blique», s’est-il même targué. Rester sous les phares de la scène politique semble être l’objectif de l’ancien exilé et pour cela il mise sur le leadership d’Antananarivo. Mais il compte aussi mettre le paquet pour booster le développement des communes acquises par le TIM. Clairement, l’enjeu est de garder une visibilité et de séduire l’opinion en vue de la présidentielle de 2018.


Celui qui n’a de cesse de clamer qu’il détient la panacée aux plaies de Mada­gascar et la clé des caisses internationales devra, en effet refaire ses preuves, après près de sept années hors du pouvoir. Surtout que, même si Marc Ravalomanana refuse de le reconnaître, la performance du TIM aux élections est loin d’atteindre l’objectif de départ, c’est-à-dire de gagner la majorité des communes. Déjà, celui qui sera donc aux manettes d’Antananarivo a lancé une sommation au pouvoir, «que chacun respecte ses plates-bandes. (…) Du temps où j’étais maire, j’ai été intenable dans ma politique pour diriger la commune, malgré les malversations du pouvoir et ce n’est pas maintenant que cela changera. Personne ne nous arrêtera». Ça promet.