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Royaume-Uni: le Labour désigne son leader, le radical Jeremy Corbyn en pole position

12 septembre 2015, 12:17

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Royaume-Uni: le Labour désigne son leader, le radical Jeremy Corbyn en pole position
Cette désignation est une étape stratégique dans la vie du Labour puisque son nouveau leader aura la responsabilité de remettre le parti sur les rails après sa lourde défaite aux élections législatives du 7 mai face aux conservateurs du Premier ministre David Cameron.
 
Le successeur d'Ed Miliband aura également pour mission de conduire le parti d'opposition jusqu'au prochain scrutin législatif de 2020, et en serait alors le candidat naturel pour tenter de mettre fin à 10 ans de règne des tories.
 
Après plusieurs semaines de campagne, le vote pour l'élection du nouveau chef du Labour s'est clos jeudi, et aura réuni au total 610.000 participants.
 
Le résultat sera annoncé samedi à Londres vers 11H30 (10H30 GMT). Mais pour les sondeurs comme pour les bookmakers, les jeux sont faits: Jeremy Corbyn doit l'emporter face à ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall, plus jeunes, plus conventionnels, et moins à gauche.
 
La victoire de ce barbu de 66 ans, farouche opposant des politiques d'austérité dans la lignée des partis grec Syriza ou espagnol Podemos, aurait des airs de petite révolution au sein d'un Labour qui ne jurait, il n'y a encore pas si longtemps, que par le modèle social-démocrate de Tony Blair.
 
Antimilitariste, partisan d'une politique fiscale taxant davantage les plus riches, ce végétarien au style décontracté est parvenu à rallier les militants en quête d'alternative politique, créant un engouement d'une intensité que les caciques du parti étaient loin d'imaginer.
 
"Il triomphe parce qu'il représente un rejet de la politique classique et parce que les autres candidats n'ont pas su inspirer l'enthousiasme ou l'espoir", soulignait récemment Andrew Harrop, secrétaire général de la Fabian Society, un think tank de centre-gauche.

 

- Corbyn, l'alternative -

 
Jeudi soir, lors de son dernier meeting de campagne dans son fief d'Islington-Nord (nord de Londres), dont il est député depuis 1983, Corbyn a répété son credo devant un public acquis à sa cause.
 
"Nous changeons la politique au Royaume-Uni, nous défions l'idée qui voudrait que seules les questions individuelles comptent et à la place, nous disons que le bien commun est notre aspiration à tous", a-t-il lancé.
 
A défaut d'emporter l'adhésion de ses collègues députés, Corbyn a séduit la base du parti et les syndicats en prônant un virage à gauche, toute, avec des propositions comme la re-nationalisation des chemins de fer et de l'énergie ou le contrôle des loyers.
 
"C'est rare de rencontrer un homme politique aussi stimulant et qui donne une telle énergie aux gens. Loin des petits jeux politiques où on s'insulte en comptant les points. Ici, on parle vraiment de politique. Jeremy a mené une campagne pleine d'espoir, l'espoir d'un changement", a déclaré James, 24 ans, lors du meeting d'Islington.
 
Mais si Corbyn a su conquérir les foules, sa popularité grandissante lui a aussi valu des inimitiés, jusque dans son propre camp, d'aucuns considérant que sa victoire diviserait le Labour, et compromettrait grandement ses chances de gagner en 2020.
 
"Vous ne gagnez pas avec un programme à gauche de la gauche", a lâché Tony Blair.
 
Les attaques sont également venues de la droite, même si les observateurs estiment qu'un Labour dirigé par Corbyn représenterait une chance formidable pour les conservateurs, qui pourraient récupérer les centristes échaudés par son radicalisme.
 
"Son discours extrémiste promet seulement plus de dépenses, plus d'emprunts et plus de taxes", a fustigé vendredi David Cameron parlant du Labour mais visant Corbyn.
 
"J'espère que nous n'aurons pas une opposition qui nous ramène aux disputes que je pensais réglées dans les années 1980 quand il était question de nationaliser la moitié de l'industrie britannique et de nous débarrasser de notre armement nucléaire", a-t-il ajouté.