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Madagascar : les Forces armées déclarent la guerre au banditisme

31 août 2015, 10:49

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Madagascar : les Forces armées déclarent la guerre au banditisme

 

Déclic. La mort de huit de leurs éléments, tombés sous les feux des «dahalo» (NdlR bandits), à Ankazoabo-Atsimo, mercredi, a fortement énervé les Forces armées. Il est clair que maintenant, l’opération «Fahalemana», prend une tout autre dimension. Si, au départ, la sécurisation rurale et le rétablissement de l’autorité de l’État, étaient les formules utilisées pour aborder l’opération de l’armée, depuis, hier, la Grande Muette parle de guerre.


«Le sang de nos frères n’a pas été versé en vain. Nous considérons, désormais, les ‘dahalo’, qu’ils soient sur terrain ou en col blanc, des ennemis de la nation», tonne le général Béni Xavier Rasolofonirina, chef de l’État major de l’armée Malagasy (CEMGAM). Outre le mot ennemi, chefs de guerre, guérillero, combattants entraînés et aguerris, ont aussi été des termes utilisés par l’officier général, pour qualifier les ‘dahalo’ et leur leader, hier.


Lors d’une conférence de presse, en marge de la cérémonie militaire d’hommage aux hommes tombés au combat à Ankazoabo-Atsimo, hier, au camp du régiment de génie militaire de Beton­golo, le ton a alors été donné. Dorénavant, les forces armées sont en guerre. «Nous considérons désormais les ‘dahalo’, comme des ennemis venant de l’extérieur qui portent atteinte à l’intégrité de la nation. Notre mission ne s’arrêtera qu’une fois ce fléau anéanti», ajoute le général Rasolofonirina.


Au départ de l’opération «Fahalemana», la légitime défense, régie par les articles 328 et 329 du code pénal, conditionnait l’usage des armes par les éléments sur terrain. Maintenant que le qualificatif de la mission évolue, l’usage de la force coercitive devrait également monter d’un cran. Face à «l’ennemi», «le permis de tuer», pourrait être octroyé, étant donné que le contexte de guerre est prononcé. D’autant plus qu’il semblerait qu’en termes d’armement et d’aptitude au combat, les «dahal », auraient du répondant.

 

Faille


Sur les huit militaires morts, mercredi, l’un aurait reçu une balle de Kalachnikov à la tête et les sept autres se sont fait cribler de plombs de fusils de chasse, tous sur des points vitaux du corps. «S’ils [les « dahalo »] ne s’opposent pas, nous les livrerons vivants à la Justice», prévient alors, le général Rasolofonirina. Pour éviter la foudre des défen­seurs des droits de l’homme, vraisemblablement, le CEMGAM a lancé un appel aux autorités exécutives et législatives pour élaborer et mettre en vigueur les textes d’applications de l’article de la Constitution.


«(…) La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendue absolument nécessaire, en vue d’assurer la défense de toute personne contre la violence illégale», dispose, entre autres, cet article constitutionnel. Hier, par ailleurs, l’existence de «dahalo» en col blanc, de réseaux de trafiquants de bovidés et d’armes ont, une nouvelle fois, été déclarés à la presse. Selon les explications, outre partager les informations, le rôle de l’armée se limite aux batailles sur terrain.
Mener des enquêtes et remettre les responsables à la justice appartiendraient à d’autres entités. Il est martelé que la sécurité est l’affaire de tout citoyen.


Hier, il a été dit que lors des poursuites de «dahalo », dans la brousse, l’aide de la population était sans condition et précieuse. Le fait que les gros bonnets en col blanc continuent à gambader indique donc qu’il y a une faille dans la chaîne de poursuite et de répression, surtout pour appréhender les gros bonnets des «dahalo». L’état de guerre prononcé indique que le phénomène «dahalo», dépasse dorénavant le simple banditisme.


Il s’agirait alors de briser une autorité infra-étatique qui serait en train de mettre à mal celle de l’État dans les zones rurales. Dans les zones urbaines et suburbaines, pourtant, les actes de banditisme et l’arsenal utilisé atteint des niveaux pouvant dépasser le cadre de simple attaque à main armée. Au point que la police et la gendarmerie sont parfois en sous-nombre ou submergés par la force de frappe des bandits. Dans les zones urbaines et suburbaines, aussi, les réseaux de bandits et malfrats semblent défier l’autorité étatique. Il est peut-être temps d’édifier un concept de défense pour tout le territoire national.