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Jean-Marie Le Pen, exclu du FN, continuera à se battre en justice

21 août 2015, 09:28

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Jean-Marie Le Pen, exclu du FN, continuera à se battre en justice

A l'issue de cinq mois de bras de fer avec sa fille Marine, Jean-Marie Le Pen a été exclu jeudi du Front national, mais il ne jette pourtant pas l'éponge et entend bien contester cette décision en justice.

 

Ses trois heures de plaidoyer au siège du parti à Nanterre devant le bureau exécutif, la plus plus haute instance du FN, n'y ont rien fait: la majorité s'est prononcée pour l'exclusion du président d'honneur du parti, âgé de 87 ans.

 

Le communiqué lapidaire du parti annonçant cette décision ne s'étend pas sur les motivations, précisant seulement que la décision, "complète et motivée", serait "notifiée ultérieurement" au patriarche frontiste.

 

Surnommé "le Menhir", M. Le Pen, s'est dit "indigné" et "victime d'un guet-apens" sur I-télé après avoir appris son exclusion, parlant de "peloton d'exécution". Il a chargé "sans délai" son avocat de faire un recours pour faire annuler cette "pseudo-condamnation", a-t-il précisé dans un communiqué.

 

Marine Le Pen, présidente du FN, a confié à l'AFP, à peine cette décision rendue, que cette "issue" était logique: "Jean-Marie Le Pen a enclenché un processus dont il connaissait l'issue en multipliant les fautes depuis de longues semaines, qui ne pouvaient qu'entraîner une décision de ce type".

 

"Une décision déjà prise à l'avance", a pour sa part regretté l'avocat de M. Le Pen, Frédéric Joachim. "C'est la chronique d'une mort annoncée, depuis 2011 (le vice-président du FN Florian) Philippot veut la mort de Jean-Marie Le Pen", a-t-il estimé sur BFMTV.

 

Jean-Marie Le Pen avait été convoqué par sa fille fin juillet pour répondre à 15 griefs, notamment pour ses propos réitérés sur les chambres à gaz, devant la plus haute autorité du parti, réunie en formation disciplinaire. Marine Le Pen elle-même n'assistait pas à cette réunion pour ne pas "être juge et partie", pas plus que son bras droit Florian Philippot, cible favorite de M. Le Pen.

 

Accompagné de sa femme Jany et de son avocat, M. Le Pen, avait d'ailleurs ironisé en arrivant devant ses "juges": "les chefs sont aux abris, il n'y a que les fantassins ici".

 

- "Une mascarade" -

 

Un de ses proches, le député européen Bruno Gollnisch qui l'a assisté au cours de cette réunion, avait pourtant confié en sortant de l'audition qu'il y avait eu "des moments assez vifs" mais que "cela s'était passé correctement". Il s'est dit "abasourdi" après la décision.

 

Autre proche de Jean-Marie Le Pen, Marie-Christine Arnautu, membre du bureau exécutif, était elle aussi opposée à toute sanction. "J'ai l'impression d'avoir été victime d'une mascarade", a-t-elle dit sur BFMTV.

 

Cet épisode est le énième et brutal rebondissement, entre déclarations fracassantes et guérilla judiciaire, d'une crise ouverte depuis cinq mois. M. Le Pen, déjà convoqué début mai pour s'expliquer sur ses propos, avait été suspendu comme adhérent.

 

Mais la justice a annulé cette décision, le FN faisant aussitôt appel. La justice a aussi suspendu le congrès postal prévu pour supprimer des statuts le titre de président d'honneur. Le parti a néanmoins publié les résultats de ce congrès, 94% des adhérents se prononçant en faveur de ces modifications.

 

Depuis le printemps, la liste des griefs contre Jean-Marie Le Pen s'est allongée: lui sont reprochés des propos visant sa fille ("j'ai honte que la présidente du FN porte mon nom (...)", ou Florian Philippot (qui "s'empare des leviers de commande, place ses hommes, ses mignons partout (...)", mais aussi sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen ("elle n'a ni l'expérience ni le gabarit pour diriger la PACA").

 

Il devait également répondre "d'avoir fait intrusion sur la scène, place de l'Opéra, le 1er mai 2015", avant le discours de Marine Le Pen lors du traditionnel 1er mai du FN.

 

En l'absence de Mme Le Pen, la réunion était présidée par Jean-François Jalkh, premier vice-président du FN. Le bureau exécutif comprend également Nicolas Bay, Louis Aliot, Steeve Briois, Wallerand de Saint-Just et Marie-Christine Arnautu.

 

"Avec son "juridicus circus", il n'a pas fini de déplacer son chapiteau, Jean-Marie, parce que de recours en recours, de procédure en procédure, il va animer son spectacle", a prédit le député Gilbert Collard.