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Stupéfiants: comment opèrent les trafiquants de méthadone

8 août 2015, 18:13

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Stupéfiants: comment opèrent les trafiquants de méthadone

Alors que de nouvelles mesures sont mises en place par le gouvernement pour aider les patients sous méthadone à décrocher de la drogue, le trafic de cette substance perdure. Comment font les patients pour passer outre les autorités et revendre le liquide rose ? L’express a fait le tour de quelques postes de distribution pour constater l’ampleur de ce trafic appelé «méthabave».

 

Le trafic se fait la plupart du temps près des postes de distribution, soit devant les postes de police, ou dans les coins de rue, comme à Vallée-Pitot. Dans ce faubourg de Port-Louis, le sujet est sensible. Les habitants ont lancé une pétition, il y a quelques mois, pour la délocalisation de la caravane de distribution car certains patients s’attardent sur place après avoir eu leur dose, disent des gros mots et se bagarrent en attendant leurs clients.

 

PLUSIEURS TECHNIQUES POUR PRÉSERVER LE LIQUIDE

 

Il s’agit, pour la plupart, de drogués qui peinent à décrocher. Ils récupèrent le sirop auprès des officiers du ministère de la Santé. Ils font semblant de prendre la méthadone mais ne l’avalent pas. Ils ont plusieurs techniques et astuces pour garder le liquide dans la bouche. La plus prisée serait de mettre des bouts de coton dans leur bouche pour absorber le liquide. Ils les retirent ensuite pour transférer la substance dans des bouteilles. Puis, ils attendent leurs clients pour revendre la méthadone.

 

Leurs clients sont, dans la plupart des cas, des mineurs en quête de nouvelles sensations. Ils consommeraient la méthadone avec du Coca-Cola. Jacques (prénom fictif) est témoin de cette scène chaque matin quand il part travailler. «Tous les jours, c’est la même chose. Les drogués recrachent la méthadone pour la mettre dans une bouteille», raconte-t-il. Il avoue qu’au début il ne savait pas si cette substance rose était de la méthadone. Jusqu’à ce qu’il remarque l’attirance des jeunes pour ce liquide.

 

LES OFFICIERS PAS AU COURANT DU TRAFIC

 

Interrogé, un officier de police affirme ne pas être au courant de ce trafic. Pour lui, la distribution se fait dans les règles. «Les officiers du ministère de la Santé distribuent la substance, les patients l’avalent devant un policier avant de jeter la fiole dans la poubelle placée devant le policier», explique-t-il.

 

Toutefois, il n’y a aucune procédure pour vérifier si le liquide a bien été ingurgité. D’ailleurs, même s’il y a des règles en place pour la distribution, lors de notre tournée, on s’est rendu compte que celles-ci ne sont pas suivies à la lettre.

 

AUCUNE PRÉSENCE POLICIÈRE

 

À Beau-Bassin, à l’heure de la distribution, un 4x4 se gare devant le poste de police. À l’intérieur du véhicule, trois personnes. Les vitres du 4x4 sont remontées, à côté se trouve une boîte en carton pour jeter les fioles. On ne constate aucune présence policière.

 

Même scène à Stanley. À Plaine-Verte, la caravane est installée dans la cour du poste de police mais opère sans aucune surveillance policière. Ce qui expliquerait la facilité avec laquelle les patients peuvent revendre la méthadone.

 

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