«Il faut arrêter de manger du Nutella, parce que c’est de l’huile de palme.» Non, Ségolène Royal ne participait pas à un débat sur la diététique ou sur d’éventuels risques que comporte ce produit pour la santé… La ministre française de l’Ecologie entendait, par ces propos, appeler au boycott de la célèbre pâte à tartiner pour les dommages causés… à l’Environnement en raison de la déforestation qu’elle occasionnait dans les plantations de palmiers à huile. Toutefois, quelques jours après, elle a dû présenter ses plus plates excuses pour ces déclarations qui risquaient de tourner à l’incident diplomatique.

«Mille excuses pour la polémique sur le Nutella. D'accord pour mettre en valeur les progrès», écrit la ministre de l'Ecologie et du Développement durable sur son compte Twitter. Message aussi indirectement adressé à la société italienne Ferrero, qui produit le Nutella.

C’est sur le plateau du «Petit Journal» de Canal+ en début de semaine, qu’elle avait pris pour cible le produit-phare de la société italienne Ferrero en invoquant la préservation de la planète, rappelle Reuters. «Il faut replanter massivement des arbres, parce qu'il y a eu une déforestation massive qui entraîne aussi du réchauffement climatique. Il faut arrêter de manger du Nutella, par exemple», avait-elle déclaré.

Selon l'ONG environnementale World Wide Fund for Nature (WWF), la production d'huile de palme, en hausse constante, «menace les derniers joyaux de biodiversité de notre planète».

Cultivés à 80 % en Indonésie et en Malaisie, les palmiers à huile sont, selon l'organisation, la principale cause de déforestation en Asie du Sud-Est.

L'Alliance française pour une huile de palme durable, dont Ferrero est l'un des membres fondateurs, avait condamné mercredi les propos de Ségolène Royal, avant qu'elle ne publie son tweet.

Ses membres, précise l'instance dans un communiqué, «ont pris l’engagement de s’approvisionner en huile de palme 100% certifiée RSPO (Table-Ronde pour une Huile de Palme Durable) d’ici fin 2015 et visent des conditions encore plus strictes pour 100% de leurs approvisionnements d’ici 2020».

«C'est pourquoi, nous déplorons que ces efforts collectifs ne soient pas encouragés et valorisés par le gouvernement français à l’instar du gouvernement néerlandais, dont l’ambition est d’obtenir 100% d’huile de palme certifiée durable en Europe d’ici 2020.»

Ce n'est pas la première fois que le Nutella fait des étincelles entre la France et l’Italie. En 2012, des sénateurs français avaient tenté de faire voter une surtaxe de 300 % sur l'huile de palme. Pour rappel, le Nutella est composé à 20 % d’huile de palme, qui lui donne son aspect lisse et son onctuosité. Cette Taxe Nutella toutefois pas été votée.

En Italie, les médias n’ont pas apprécié cette «sortie» de la ministre française. Un journal économique, Il Sole 24 Ore, aurait même titré qu’«On ne sauve pas la forêt en boycottant le Nutella.»