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Madagascar : Ravalomanana propose une solution politique

4 juin 2015, 00:39

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Madagascar : Ravalomanana propose une solution politique
 
Ni déchéance, ni dissolution de l’Assem­blée nationale. C’est l’option proposée par l’ancien président Marc Ravalomanana lors d’une rencontre avec la presse à son domicile à Faravohitra mardi. D’après lui, la communauté internationale et les diplomates qu’il a rencontrés ces derniers jours partagent également cet avis. Ce qui implique la mise en place d’un accord politique et d’un pacte de stabilité entre les députés frondeurs et le chef de l’État.
 
«Ni la déchéance du prési­dent de la République, ni la dissolution de l’Assemblée nationale n’apporteraient rien de bien à la population malgache. Cette crise est un danger pour notre pays et peut entraîner l’arrêt des aides internationales et des grands projets qui sont déjà en cours de démarrage», déclare Marc Ravalo­manana.
 
La sortie médiatique du fondateur du groupe Tiko intervient une semaine après le vote de déchéance du chef de l’État par une centaine de députés pour cause de violation de la Constitution. Les députés Tiako i Mada­gascar (TIM), le parti qu’il préside et qu’il a fondé, étaient parmi les meneurs de cette initiative qui avait également nécessité pour son aboutissement une alliance circonstancielle avec ses ennemis jurés, les députés Mapar de Andry Rajoe­lina.
 
Des figures emblématiques des opposants au régime de Transition et proches de Marc Ravalomanana comme maître Hanitra Raza­fi­manantsoa et Guy Rivo An­drianarisoa se sont affichés en pre­mière ligne aux côtés de Christine Razana­mahasoa, bras droit du leader de la révolution orange. L’image qui a fait le tour des médias a même provoqué l’indignation des irréductibles partisans de l’ancien Président.
 
La population ne peut plus attendre 2018
 
Mais lors de cette conférence de presse, Marc Ravalomanana a affirmé ne pas avoir donné de consignes à « ses hommes » pour voter la déchéance. Une initiative qu’il met sur le compte de la solidarité parlementaire qui craignait la dissolution de l’Assemblée nationale à cause d’une mauvaise compréhension des résolutions de la réconciliation nationale. D’après lui, il a été question de restructuration et non de dissolution dans cette résolution.
 
«Ma position reste la même que celle que j’ai déclarée lors du congrès du TIM qui est pour la stabilité du régime et du pays, les seules voies pour conduire au développement. Je ne suis pas derrière ce projet de déchéance», martèle l’ancien Président.
 
Mais quelle que soit la réalité, force est de constater que Marc Ravalomanana fait partie des principaux  bénéficiaires de la situation actuelle. D’abord, en cas de destitution, une élection présidentielle anticipée ferait bien son affaire comme il l’a déjà annoncé lors de son retour  inattendu au pays que «la population ne peut plus attendre 2018». Et puis, même s’il affirme ne pas être derrière l’initiative de ses députés, il aura bel et bien un rôle à jouer dans un éventuel accord politique. Même si le mot n’a pas été lâché par Marc Ravalomanana hier, un accord politique implique évidemment une redistribution des sièges et un remaniement. Avec une vingtaine de députés à Tsimbazaza, le TIM et son président pourraient y jouer un rôle majeur.
 
Du côté de la présidence, la marge de manœuvre s’annonce limitée et elle risque de ne pas avoir trop le choix face à cette proposition. Quelle que soit la décision de la Haute cour constitutionnelle (HCC), le camp de Iavoloha sortira affaibli de cette épreuve. D’abord, il n’aura plus la majorité à l’Assemblée nationale et sera dans l’impossibilité de gouverner. Et un accord politique implique inévitable­ment une forme de cohabitation forcée au sein de l’exécutif avec un pouvoir accru du Premier ministre. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale ne résoudra pas non-plus la situation à court terme et même en cas de nouvelles élections législatives anticipées, le HVM n’est pas assuré de pouvoir décrocher une majorité.
Logique donc que les premières réactions à la proposition de Marc Ravalo­manana mardi soient assez favorables. À commencer par le Premier ministre Jean Ravelonarivo qui a déclaré être d’accord «si c’est pour l’intérêt du pays et de la population». Il en est de même de Rivo Rakotovao, invité sur les ondes de la radio Antsiva à midi. Seuls les députés sont divisés à l’instar de l’élu de Betroka, Nicolas  Randrianasolo, pro-Hery Rajaonarimampianina,  qui affirme ne pas avoir confiance en Marc Ravalo­manana. D’autres, notamment ceux du Mapar de Andry Rajoelina, veulent à tout prix la tête du chef de l’État  tandis que d’autres issus de diverses tendances voient une possibilité de solution dans la proposition du président du TIM.
 
Bref, l’équilibre de force dépendra  de la décision de la HCC annoncée imminente. Mais d’autres, analyses avancent que le retrait de la requête de déchéance est également possible et peut être un préalable au début du dialogue.