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Seringues pour toxicomanes: pénurie ou trafic?

2 juin 2015, 20:20

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Seringues pour toxicomanes: pénurie ou trafic?

Il est faux de dire que le nombre de seringues distribuées pour combattre la propagation de maladies parmi les toxicomanes a été réduit, a affirmé le ministre de la Santé. Selon Anil Gayan, 26 950 seringues ont été remises l’année dernière aux organisations non gouvernementales (ONG), contre 14 904 en 2010.

 

«La demande à mai 2015 est de 65 000», affirme-t-il. Et devant cette hausse considérable, le ministère soupçonne un trafic de seringues. Une enquête a été ouverte.

 

Les officiers du ministère devront déterminer le nombre de récipiendaires de ces seringues, entre autres. D’ores et déjà, «il se trouve que plusieurs noms sont fictifs», déclare le ministre Gayan. D’où la question : où donc vont ces seringues ?

 

Pour le ministre de la Santé, si la mission première des ONG est de tenter de réduire le nombre de toxicomanes, «là je constate que la demande pour les seringues augmente».

 

Pénurie ?

 

Pour sa part, le Collectif Urgence Toxida suit de près la situation. Mais les responsables de l’ONG n’en démordent pas : il y a bel et bien un manque de seringues.

 

Jean (prénom fictif), un ancien toxicomane travaillant souvent aux côtés d’ONG pour soulager ses semblables, tient le même discours. Selon lui, depuis janvier, la situation est critique.

 

«Aujourd’hui, du fait que le ministère ne fournit plus autant de seringues et d’aiguilles neuves qu’autrefois, nous sommes obligés de donner seulement 25 seringues et aiguilles neuves à un client (un toxicomane, NdlR) et même pas à tous», indique-t-il.

 

«Une personne qui se drogue utilise en moyenne sept à huit seringues par jour» 

 

Il précise que ceux qui bénéficient de la plus grande quantité de seringues sont «les plus exposés au virus, notamment ceux qui travaillent sur les bateaux ou dans les hôtels. Les autres n’auront que cinq à six seringues, alors qu’une personne qui se drogue utilise en moyenne sept à huit seringues par jour.» 

 

Le problème avec cette réduction drastique de seringues, dit-il, c’est que les personnes qui s’injectent toujours se retrouveront sans matériel d’injection et utiliseront le même matériel. «Elles recommenceront à utiliser des seringues sales et le VIH recommencera à se propager», prévient Jean.