Publicité

Transfert contesté de recteurs: «Enseignants et élèves manipulés»

15 mai 2015, 11:27

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Transfert contesté de recteurs: «Enseignants et élèves manipulés»

Les manifestations de collégiens suivant le transfert des recteurs des établissements qu’ils fréquentent, seraient-elles orchestrées? Oui, estime-t-on au ministère de l’Éducation. «Le domaine éducatif a été pris en otage !» dénonce un responsable au ministère, qui évoque une «manipulation» des élèves et enseignants, ainsi que des lobbies politiques. 

 

L’exercice de transfert, qui est organisé sur une base routinière, concerne 28 collèges d’État. Et depuis mercredi, des élèves de Ébène SSS Boys, de GMD Atchia et de SSS Palma, entre autres, se sont élevés contre le «départ» de leurs recteurs. Une situation que déplore notre interlocuteur. «Le ministère ne peut appliquer des règlements sans que des groupes fassent pression.» Il précise, dans la foulée, que ces transferts ne sont en aucun cas punitifs.

 

Elèves et profs se feraient «manipuler»

 

Selon un officier au ministère de l’Éducation, dans bien des cas, élèves et profs se feraient «manipuler». Il explique certains recteurs seraient assez «mous» envers les collégiens et les enseignants. Lorsque ces recteurs sont transférés, il y a souvent une appréhension que le remplaçant soit plus sévère. «Il y a eu des cas où ce sont des enseignants qui ont influencé les élèves pour qu’ils organisent des manifestations.» 

 

Dans d’autres cas, des recteurs seraient eux-mêmes à l’origine de ces mouvements de protestation. Ils sont soupçonnés de «mont latet bann zélev», en donnant l’impression qu’ils sont irremplaçables. «Des élèves naïfs ne comprennent pas qu’un recteur ne peut pas rester éternellement dans un collège», poursuit l’officier. 

 

Ce dernier concède toutefois que, parfois, un lien fort unit les élèves et les recteurs. Ces derniers sont, dit-il, une source d’inspiration pour les collégiens. «Les élèves doivent accepter et être contents et fiers que d’autres collégiens puissent bénéficier des qualités du recteur.» 

 

Rotation saine

 

L’ingérence politique est un autre facteur non négligeable qui entache l’exercice de transfert. Selon nos recoupements, il y a souvent eu des cas où des recteurs affichent leurs liens avec des dirigeants politiques. Dans ce genre de cas, «il est difficile de bouger certains recteurs», avance l’officier. 

 

Et que pense l’Association des recteurs de tout ce remue-ménage? Selon le président Madoo Ramjee, ce ne sont pas les élèves qui «vont dicter qui doit assumer le poste de recteur dans un collège». Le transfert des recteurs constitue une rotation saine, fait-il valoir. 

 

Mauvais timing

 

Madoo Ramjee déplore, toutefois, que l’association n’ait pas été consultée. En effet, contrairement à l’exercice de transfert des enseignants du primaire et du secondaire où les principaux syndicats ont leur mot à dire, les recteurs, eux, ne sont pas conviés aux consultations. «Si l’on avait été convié, l’exercice aurait pu être fait de façon plus fluide», souligne-t-il. D’autant plus que plusieurs recteurs ont été pris au dépourvu. 

 

De son côté, Ally Yearoo, le président de l’Education Officers Union, indique que c’est surtout le timing qui est mauvais. «Cet exercice aurait dû se faire avant la rentrée des classes», dit-il.