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Affaire BAI: l’argent des assurés a financé des partis politiques

3 avril 2015, 10:46

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Affaire BAI: l’argent des assurés a financé des partis politiques

Où sont donc passées les Rs 19 milliards des 24 690 clients du plan Super Cash Back Gold (SCBG) du pôle assurance de la British American Investment (BAI) ? Un dossier récemment remis par l’hôtel du gouvernement aux Casernes centrales donne une partie de la réponse. Une fraction des placements des assurés, qui devraient se chiffrer à Rs 21 milliards à maturité, a servi à financer des politiciens à travers un compte spécial à la Bramer Bank.

 

D’après les relevés de l’établissement du groupe de Dawood Rawat – qui a perdu son permis le 2 avril et qui opère désormais comme la National Commercial Bank avec le même directeur général –, un membre en vue du Parti travailliste (PTr) a bénéficié de versements réguliers de ce fonds. Il siège actuellement à l’Assemblée nationale et a reçu de l’argent peu avant et pendant toute la durée de la dernière campagne électorale.

 

Cette aide n’est pas surprenante, dans la mesure où la BAI a toujours été proche du PTr, Dawood Rawat étant même un ami intime du leader rouge en congé, Navin Ramgoolam. Ce qui étonne toutefois les enquêteurs, c’est qu’un parti très à cheval sur les principes et dont l’ancienne commission économique n’a jamais cessé de questionner la viabilité de la BAI a accepté de percevoir un don conséquent du groupe pour les législatives du 10 décembre.

 

D’après les chiffres obtenus des fichiers de la défunte Bramer Bank, Rs 10 millions ont été virées du compte des assurés du plan SCBG au profit de ce parti. «Maintenant, on comprend la frilosité de ses dirigeants à parler du dossier BAI», lâche une source à l’hôtel du gouvernement.

 

Transfert quotidien vers un compte en Europe

Toujours dans le cadre de l’examen des fichiers de la Bramer Bank, les ministères des Finances et des Services financiers ont découvert que Dawood Rawat faisait transférer quotidiennement plusieurs millions de roupies du compte des assurés vers un compte dans un paradis fiscal notoire en Europe. L’argent transitait d’abord vers une banque commerciale de la Place d’Armes, dont la direction est majoritairement composée d’expatriés, avant d’être transféré vers le Vieux continent.

 

De sources concordantes, il ressort que le montant minimal de ces transferts est de l’ordre de Rs 5 millions. Les autorités ont commencé par décortiquer les transactions et n’en sont encore qu’à l’année 2012. Ce qui leur fait dire que plusieurs milliards de roupies ont été pompées hors de Maurice depuis que le plan SCBG a connu un coup d’accélérateur en 2007, soit peu après la décision du ministre travailliste des Finances Rama Sithanen d’imposer une taxe sur les intérêts bancaires.

 

Dans les jours à venir, le circuit par lequel cet argent a transité sera connu. En mission à l’étranger la semaine dernière, Roshi Bhadain et Ravi Yerrigadoo ont entamé des démarches auprès de diverses capitales pour des échanges d’information. Ces données confirmeront – ou non – si l’argent n’a pas effectué une boucle pour finir dans les comptes de Klad Investment Corporation, la société propriétaire du groupe, détenue majoritairement par Dawood Rawat.

 

Klad, elle-même, est techniquement en faillite depuis décembre 2012, ses passifs dépassant ses actifs par USD 302 millions, soit près de Rs 11 milliards. Entre décembre 2012 et décembre 2014, la situation n’a guère été reluisante. Face à la presse lundi, l’Attorney General et le ministre des Services financiers ont soutenu que si l’hôtel du gouvernement avait laissé la BAI opérer jusqu’à la fin de l’année, les clients – y compris les nouveaux – du plan SCBG auraient souffert d’un manque à gagner de Rs 50 milliards.

 

Lundi, les deux membres du gouvernement ont aussi révélé que la BAI a versé plus de Rs 1 milliard à sa filiale britannique, à Londres, durant ces six dernières années.