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Budget 2015: les attentes des syndicalistes

22 mars 2015, 00:45

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Budget 2015: les attentes des syndicalistes
Vishnu Lutchmeenaraidoo présentera son premier budget demain, lundi 23 mars, après une longue absence des hautes sphères de l’Etat. Et les attentes sont grandes à la veille de cet exercice, surtout après les multiples promesses de l’alliance Lepep durant la campagne électorale. Y aura-t-il réellement un second miracle économique ? Et comment sera-t-il réalisé ? La question est sur toutes les lèvres. 
 
Les syndicalistes, pour ne pas déroger à la coutume, ont de grosses attentes. Ils s’attendent à ce que l’Etat respecte les points énumérés dans son discours-programme. Toutefois, même s’ils sont nombreux à avoir montré leur satisfaction face aux promesses respectées par le ministre des Finances, certains d’entre eux, à l’image de Reaz Chuttoo, ne perdent pas le nord. 
 
Si le porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) se félicite que le dialogue ait été renoué avec l’Etat, il demeure réaliste. «C’était une réunion où il n’y avait pratiquement pas d’arrogance. Mais, nous n’allons pas dire pour autant que nous aurons ce que nous voulons», explique Reaz Chuttoo.

Recruter des fonctionnaires

Dans le secteur public, les fédérations syndicales font pression pour bon nombre de changements, notamment en ce qui concerne le recrutement. Rachid Imrith, président de la Fédération des syndicats du secteur public (FSSP) estime, pour sa part, qu’il y a trop de postes vacants. Selon lui, depuis 10 ans, 6 000 à 8 000 postes sont toujours inoccupés. La raison pour laquelle il souhaite que le gouvernement en fasse une de ses priorités. Il  ajoute qu’il est important de revoir la structure de la fonction publique et la manière dont fonctionnent plusieurs organismes. 

Meilleure formation et dialogue social

Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association (GSEA), estime, pour sa part, qu’il est grand temps que l’Etat assure une meilleure formation des fonctionnaires. L’école des fonctionnaires, promise avant la fin de l’année, devrait ainsi assurer un bien meilleur service. «Il faudrait aussi qu’on arrête avec la privatisation des services. Il faudrait une politique pour les améliorer et qu’on arrête d’externaliser, puisque c’est le public qui en fait les frais», soutient le syndicaliste.
 
Suraj Ray, président de la Congress of Independent Trade Union (CITU), propose, quant à lui, la mise sur pied d’un National Tripartite Forum. Selon lui, celui-ci permettra de meilleurs échanges entre le gouvernement, le patronat et les employés. «On pourrait discuter de la compensation salariale, chômage, salaire minimal, entre autres… Ce qui par conséquent débouchera sur un meilleur dialogue social.» Il a, dans la foulée, ajouté que «désormais il est plus que nécessaire de réglementer le financement des partis politiques.»

La taxe, grand point d’interrogation

Comme à la veille de tout exercice budgétaire, la grande question demeure la taxe. Avec l’augmentation de la pension, beaucoup craignent une envolée des impôts. D’après certains syndicalistes, il faudrait revoir le barème de taxation pour épargner les classes moyennes et les plus démunis. 
 
 
Rashid Imrith est d’avis qu’il faudrait introduire un système de taxation graduel, dont le taux augmente en fonction du revenu. Ce dernier propose une taxe de 5 % pour les moins pourvus, de 10 % pour les ménages plus aisés et de 15 % pour les portefeuilles les mieux garnis. 
 
La CTSP fait également pression pour une meilleure distribution de la richesse. Pour Reaz Chuttoo, il est tout à fait normal qu’un ministre des Finances dise qu’il souhaite augmenter la croissance. Cependant, le discours de Vishnu Lutchmeenaraidoo est sensiblement différent, estime-t-il. «Pendant dix ans, Navin Ramgoolam et Rama Sithanen ont dit qu’ils ne toucheraient pas à la ‘sales tax’. Qu’ont-ils fait? Ils ont libéré tous les prix provoquant une hausse de prix. Quand les coûts augmentent, les recettes de la TVA augmentent également», a-t-il avancé.

«Mini-budget»

Lutte contre le chômage, meilleure distribution de la richesse, développement… Nul doute que Vishnu Lutchmeenaraidoo a su bien mener la prévente de son budget auprès des syndicats, laissant planer le doute sur plusieurs dossiers, avec des allusions évasives. Il a ainsi favorisé l’émergence d’un «feel good factor». Mais Reaz Chuttoo n’est pas dupe: il se pourrait que ce feel good factor soit «too good», pense-t-il. «Nous sommes restés sur notre faim. Tout le monde est conscient que le Budget de mars n’est qu’un mini-budget. Le vrai exercice est pour le mois de juin. On n’a rien entendu sur les structures qui seront mises en place», soutient le syndicaliste.