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Strauss-Kahn dit avoir horreur des relations sexuelles tarifées

10 février 2015, 20:41

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Strauss-Kahn dit avoir horreur des relations sexuelles tarifées
Dominique Strauss-Kahn a déclaré mardi à son procès pour proxénétisme aggravé avoir "horreur" des relations sexuelles tarifées, ajoutant qu'il n'aurait jamais pris le risque de participer aux soirées qui lui sont reprochées s'il avait su que les femmes étaient des prostituées.
 
L'ancien directeur général du Fonds monétaire international, 65 ans, est soupçonné d'avoir été l'instigateur et le "principal bénéficiaire" de rencontres avec des professionnelles organisées par ses amis du nord de la France entre 2008 et 2011 à Lille, Paris, Bruxelles et Washington.
 
Il a toujours clamé son innocence, assurant n'avoir jamais su que les femmes rencontrées lors d'une douzaine d'"après-midi festives" auxquelles il a été invité étaient des prostituées.
 
"Je n'ai aucun plaisir et j'ai même horreur" des relations sexuelles tarifées, a-t-il déclaré mardi à la barre. "Ce qui me plaisait dans ces rencontres c'était une atmosphère de fête avant et après les relations sexuelles."
 
Participer à des rencontres libertines "était un risque que j'acceptais", a poursuivi Dominique Strauss-Kahn.
 
"En revanche, je considérais (...) que le risque de fréquenter des prostituées était dix fois supérieur", a dit l'ex-patron du FMI, évoquant de possibles pressions, de la part de souteneurs notamment.
 
Fabrice Paszkowski, ancien gérant d'une société de matériel médical et organisateur présumé des soirées, a reconnu avoir caché la qualité des participantes à Dominique Strauss-Kahn.
 
Pour Mounia, ex-prostituée qui a participé à une soirée en juillet 2010 à l'hôtel Murano, à Paris, il était évident que "tout le monde était au courant". Mais "il n'y a pas eu d'argent évoqué", a-t-elle ajouté.
 
Contraint à la démission du FMI après avoir été accusé en mai 2011 d'agression sexuelle par une femme de chambre au Sofitel de New York, "DSK" a dénoncé mardi l'impression d'activité sexuelle "frénétique" donnée selon lui par l'ordonnance des juges dans cette affaire dite du "Carlton".
 
"Il n'y a pas eu cette activité débridée", a-t-il dit, soulignant que les juges d'instruction lui reprochaient une douzaine de rencontres sur trois ans, à une époque où il était très occupé par ses fonctions.
 
FEMEN
 
Les juges ont notamment retenu contre lui la mise à disposition d'un appartement à Paris et des échanges de SMS démontrant, selon eux, qu'il a favorisé la mise en place d'un "système" visant à "satisfaire ses besoins sexuels."
 
Plusieurs de ses co-prévenus ont déclaré mardi s'être sentis "flattés" par la fréquentation d'une personnalité de son importance, démentant toutefois avoir espéré retirer un quelconque bénéfice de l'organisation de ces rencontres.
 
L'ancien ministre des Finances a été confronté au témoignage de Mounia, qui, visiblement émue, a fait état du "rapport de force" qu'il lui aurait imposé, et auquel elle a dit avoir consenti par besoin d'argent.
 
"Je n'avais pas l'habitude de ces pratiques-là", a-t-elle dit, évoquant des pratiques "contre-nature". "Je me suis sentie comme un objet, comme une chose."
 
Interrogé sur ce témoignage, l'ancien patron du FMI a dit ne pas avoir ressenti à l'époque "une dénégation" de sa part.
 
Mardi matin, "DSK" avait été chahuté à son arrivée au tribunal par trois militantes des Femen qui avaient essayé de se jeter sur sa voiture aux cris de "Macs ou clients, déclarés coupables" avant d'être maîtrisées par la police.
 
Vêtu d'un costume sombre et d'une cravate grise, celui qui semblait en 2011 le mieux placé pour la primaire de son parti en vue des élections présidentielles, a confirmé être désormais consultant international, auprès de gouvernements, de banques centrales et d'entreprises publiques.
 
Il encourt jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende. Le jugement devrait être mis en délibéré à l'issue du procès, prévu jusqu'au 20 février.