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Qualité des matériaux: l’ICAC enquête sur un département des Infrastructures publiques

31 janvier 2015, 07:05

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Qualité des matériaux: l’ICAC enquête sur un département des Infrastructures publiques

 «Le plus gros problème dans la construction, c’est la corruption.» C’est ainsi qu’une source du domaine de la construction choisit de résumer la situation. Elle en veut pour preuve le fait que l’Independent Commission against Corruption (ICAC) enquête, depuis mi-2014, sur le département du ministère des Infrastructures publiques censé effectuer des tests sur la qualité des matériaux utilisés sur les chantiers. 

 

 Des soupçons de corruption pèsent sur certains membres de ce département. Dans le contexte des dégâts de la route Terre-Rouge–Verdun, ces révélations jettent un sérieux doute sur la qualité des matériaux sur les chantiers dont le ministère a la charge. 

 

 L’express a confirmé auprès d’un haut responsable du ministère qu’il y a bel et bien une enquête en cours sur le Materials Testing Laboratory, le département en question. Toutefois, le sujet étant sensible et l’enquête n’étant pas encore bouclée, impossible d’avoir un commentaire officiel si ce n’est que «l’enquête n’est pas liée à ce qui se passe à Terre-Rouge–Verdun». Nos recoupements indiquent cependant que plusieurs techniciens de ce laboratoire ont été appelés à témoigner dans le cadre de l’enquête de l’ICAC depuis l’année dernière. Les premières indications sont que ce sont les chefs de section qui sont visés. 

 

 «Le sommet de l’iceberg»  

 

Autour de quoi tourne cette enquête de l’ICAC ? «Certains dans ce département ne jouent pas leur rôle, avance notre source, les protocoles pour effectuer des tests ne sont pas suivis.» Pour tester la qualité des matériaux utilisés sur un chantier, il y a plusieurs étapes à suivre, explique notre source. Il n’est pas rare que ce département fasse fi de ces normes, affirme-t-il. La raison ? «Soit c’est par laxisme gratuit, soit ce laxisme est suivi de récompenses», laisse comprendre notre source. C’est justement ce que l’enquête de l’ICAC devrait déterminer. 

 

 Les sources contactées sur le sujet s’accordent à dire que le cas de Terre-Rouge–Verdun n’est que «le sommet de l’iceberg» et que sur plusieurs chantiers dont le ministère des Infrastructures publiques a la supervision, la qualité des travaux laisse à désirer. «Les constructeurs sont libres de faire ce que bon leur semble, raconte une source, ils apportent des échantillons de leurs matériaux au laboratoire,mais personne n’en vérifie la provenance.» 

 

 Des ingénieurs proches des constructeurs confirment qu’il est pratique courante d’avoir recours à de «petites tricheries sur la qualité». Les matériaux envoyés en laboratoire pour des tests sont souvent d’un «grade» supérieur à ceux qui sont utilisés en réalité sur les chantiers. «Le constructeur se fait payer pour des matériaux de qualité alors qu’il utilise des grades inférieurs. Ça lui permet de faire des économies. C’est courant dans le métier», explique notamment une source. 

 

 Si sur papier, le Materials Testing Laboratory attestant, les constructions sont de haute facture, en réalité, ils sont souvent de piètre qualité. «Quand il s’agit de routes, c’est spectaculaire et cela se voit, ajoute notre source, mais dans d’autres domaines,comme dans la construction des écoles, c’est moins évident.» 

 

 Le monde de la construction, selon cette source, est un petit cercle où tout le monde se connaît. «Le constructeur sait d’avance vers qui il faut se tourner pour qu’on ferme les yeux sur la qualité de ses matériaux», résume cette source.