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Marché musical: ces albums en berne

29 décembre 2014, 17:03

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Marché musical: ces albums en berne

Caroline Jodun est une voix qui, en montant, s’est frottée aux dures lois du marché musical local. Son premier album, Leker soufer, sorti l’an dernier a, selon elle, «bien marché». Or, le revers de la médaille tient au fait que des amateurs ont choisi de l’écouter sans lui verser un sou pour tous les efforts consentis lors de l’élaboration de cet album.

 

«Mais cela ne va pas m’empêcher de continuer», explique la chanteuse. «Très piratée» mais pas découragée, cette dernière prévoit, sauf imprévu, la sortie d’un second album vers avril 2015. En attendant, elle ne dit pas non aux organisateurs de bal qui la sollicitent. «Cela nous aide à subvenir à nos besoins. C’est un public qui nous aime vraiment», affirme Caroline Jodun. Selon elle, c’est l’occasion de «faire de la pub».

 

Loin de partager l’optimisme de la chanteuse, Siva Pareemamun, producteur et distributeur, est quant à lui dégoûté. Pour lui, une simple anecdote illustre clairement la période de transition dans laquelle nous sommes: «Une personne âgée cherchait des vieilles chansons. Lorsque je lui ai dit que ces albums étaient introuvables de nos jours, elle m’a répondu la phrase suivante : Pa grav, mo va fer mo ti-zanfan download zot lor Internet.»

 

«LA FAUTE AU PUBLIC»

 

Ajouté au fait que «les jeunes n’écoutent plus de la musique à partir d’un CD», le producteur et organisateur de concerts reggae estime que «le format CD est en train de disparaître comme la cassette audio». Cela en attendant l’arrivée éventuelle de clés USB qui, à leur manière, pourraient «redonner envie d’acheter un album original».

 

Siva Pareemamun cite des chiffres implacables. «En 2014, dix albums sont sortis. Parmi, il y avait quatre compilations. En comparaison avec l’année dernière, une quarantaine d’albums sont sortis sur le marché local.» La faute : les amendes de Rs 2 000 à Rs 3 000 infligées aux responsables de piratage sont trop abordables. «Il faudrait plutôt une amende de Rs 300 000.»

 

La question clé étant, selon le producteur-distributeur, celle de l’éducation. «Si on met des classes de musique dans toutes les écoles et qu’on apprend aux enfants la valeur du travail artistique, ils seront de plus en plus conscientisés quant aux répercussions du piratage.» D’autant plus que «s’il y a autant de vendeurs de DVD piratés, la faute revient au public puisqu’il est le demandeur».

 

Gérard Louis de Geda Music dit lui aussi «préférer se concentrer sur le live plutôt que de produire des albums». Il n’en a d’ailleurs pas sorti depuis mai de cette année. Alors qu’en termes d’événements, il affirme être au «complet jusqu’au 3 janvier».

 

La technique de vente désormais développée par certains créateurs locaux pour tenter de contourner le piratage est comme suit: «Produire un titre et le balancer sur les radios et sur YouTube uniquement pour être connu du plus grand nombre. Ensuite, organiser un spectacle. » Mais pour combien de temps encore?