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Fraude au syndicat des sucres: Ashwin Leckraz, un suspect très discret

7 novembre 2014, 13:33

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Fraude au syndicat des sucres: Ashwin Leckraz, un suspect très discret

Un homme discret. Trop discret, même, aux yeux de ses voisins... Mais à force de discrétion, l’ex-comptable du Syndicat des sucres serait parvenu à cacher à son employeur une ancienne condamnation pour délits de vol, de faux et d’usage de faux...

 

Un homme réservé et difficile à aborder. C’est ainsi que les habitants de Sebastopol décrivent Ashwin Leckraz, l’ex-comptable du Syndicat des sucres, qui serait le cerveau derrière une fraude alléguée de Rs 81 millions. Alors que le principal intéressé se trouve actuellement en détention policière, l’express s’est rendu dans le village pour mieux cerner le personnage. Si la manipulation des chiffres, ça le connaît, on peut dire qu’Ashwin Leckraz n’est pas très populaire parmi les habitants de la localité.

 

L’un d’eux indique que le comptable ne fréquente pas les «petites gens». «Li pa pou met enn dialog couma nou li. Kan li vinn fer so comisyon, li nek aste ce ki li bizin e li ale», déclare-t-il.

 

En effet, selon ceux qui ont été interrogés, Ashwin Leckraz est réservé et fréquente seulement les membres de sa famille. Ses deux frères, dit-on, sont plus abordables que lui. «Li pa frekant personn dan lendrwa li. Li pena camarad ki roul ar li. Kan li retourn depi travay, li al direk lakaz, pas frekent personn dans lendrwa», souligne un de nos interlocuteurs.

 

Et lorsqu’on demande si rien ne laissait présager une fraude quelconque, les habitants répondent «dilo trankil ena so profonder». On nous explique qu’il a toujours habité la localité et que sa famille n’a jamais manqué d’argent.

 

On se rend alors dans la petite rue où habite le présumé cerveau de la fraude au Syndicat des sucres. La maison du comptable en dit long sur le personnage. Impressionnante, elle s’étale en long et en large. Ashwin Leckraz y vit avec son épouse, ses deux enfants en bas âge et sa mère. Des symboles pieux, dont un «om» doré, ainsi qu’une sculpture de Sai Baba, ornent le dessus de la porte d’entrée. Assis devant la maison, sous le porche, la mère du comptable, son épouse et ses enfants qui jouent… Lorsque nous les approchons, les deux femmes se refusent à tout commentaire, nous expliquant que vu la situation, elles ne peuvent parler à la presse.

 

N’insistant pas davantage, nous avons essayé d’approcher des voisins, mais la famille est intervenue, affirmant que nous n’avions pas le droit d’aborder les voisins dans la rue. Nous sommes donc allés un peu plus  loin dans le village pour parler à d’autres habitants mais la famille du comptable nous a suivis dans son véhicule, et ce, jusqu’à ce que nous quittions le village.

 

Selon nos recoupements, Ashwin Leckraz a débuté sa carrière en 2004 en tant que comptable chez Roy Servansing and Associates. Il y passe trois ans, avant d’intégrer le groupe Apavou en 2007. Il est alors posté à l’hôtel Ambre jusqu’en 2009, puis au Head office avant de travailler à l’hôtel La Plantation entre janvier et juillet 2011. Entre-temps, il décroche son BSc Accounting à l’université de Technologie de Maurice. Ce n’est qu’en octobre 2011 qu’il rejoint le Syndicat des sucres et, en juillet 2012, il est promu au poste de responsable de gestion des facilités de crédit accordées aux clients.

 

Le trentenaire n’en serait pas à sa première fraude. En effet, il a été trouvé coupable d’une première affaire de délits de vol, faux et usage de faux à l’Indian Ocean International Bank en 2007. Condamné à deux ans de prison, sa peine a été ramenée à 180 heures de service communautaire.

 

Comme il n’a jamais mentionné cette affaire dans son curriculum vitae et étant donné que ce n’était pas mentionné sur son certificat de moralité, le Syndicat des sucres lui a réclamé des explications et, embarrassé, il a avoué la fraude commise il y a sept ans. C’est alors que son employeur lui a demandé sa démission et a mis au jour les manipulations de chiffres alléguées.

 

Selon les recoupements obtenus, le comptable n’aurait pas dûment enregistré des entrées liées à certaines transactions et a fait des entrées fictives de sorte à réconcilier les comptes. Le Syndicat des sucres a dû passer au peigne  fin les comptes afin de déterminer la somme détournée, avant de se lancer dans le processus pour récupérer les Rs 81 millions.

 

Depuis son arrestation le jeudi 30 octobre, par le Central Criminal Investigation Department, le comptable demeure en détention policière, n’ayant pu être libéré sous caution.