Publicité

Le Beekrumsing Ramlallah Interpretation Centre enfin ouvert

3 novembre 2014, 09:41

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le Beekrumsing Ramlallah Interpretation Centre enfin ouvert

Des pavés qui descendent vers le port. Le Beekrumsing Ramlallah Interpretation Centre (BRIC), situé à la rue du Quai, est pile au lieu de débarquement des travailleurs engagés. Un centre pour raconter l’engagisme, à l’aide d’objets issus de fouilles archéologiques et de tablettes tactiles de 22 pouces.

 

La maquette montrant l’Aapravasi Ghat à l’origine.

 

«Il ne reste qu’environ 30% de la structure originale de l’Aapravasi Ghat», expliqueVikram Mugon, Heritage Interpretation Manager. Ce sont les 70% détruits pour laisser place à la modernité – notamment à l’autoroute et aux bus de la place de l’Immigration – que restitue le centre. Dans un parcours balisé en six parties. «Chaque partie répond de manière simple et concise à une question.» Visite guidée pour ceux qui le souhaitent dans ce musée qui peut accommoder jusqu’à 80 personnes en même temps.

 

Beekrumsing, le premier convaincu

 

Beekrumsing Ramlallah (1915-2000) est «celui qui a oeuvré pour la reconnaissance de l’Aapravasi Ghat», explique Vikram Mugon. Dès l’entrée, le centre d’interprétation qui porte son nom montre une émouvante photo d’un Ramlallah en plein effort, aidant à nettoyer le site, avant la visite d’Indira Gandhi, alors Premier ministre de l’Inde, en juin 1970.

 

Beekrumsing Ramlallah et son équipe nettoyant le site de l’Aapravasi Ghat 
avant la visite d’Indira Gandhi.

 

La famille de Ramlallah a fait don au centre de son bureau et de sa canne. Beekrumsing Ramlallah est le fondateur de la librairie Nalanda et de l’hebdomadaire Mauritius Times. Un buste réalisé par Mala Ramyead est aussi présenté.

 

Différent d’un musée

 

Un centre d’interprétation n’est pas un musée. Il ne présente pas une collection d’oeuvres. «C’est l’interprétation d’un site dont il ne reste que 30%», explique notre guide. Ce qui reste : les marches où les immigrants faisaient leurs premiers pas à Maurice, la cuisine du responsable de l’écurie, des vestiges de salle de bains et WC.

 

L’interprétation est possible grâce notamment à la reconstitution de la cuisine d’une hutte au mur en bouse de vache. Katora, gilas, marmites, tawa, poukni ont aussi leur place dans l’histoire.

 

Reproduction d’une cuisine dans une hutte en bouse de vache.

 

On peut y voir l’intérieur d’un bateau, pour imaginer le voyage d’environ six semaines des travailleurs engagés. On peut voir un film de 10 minutes qui montre des témoignages de descendants d’engagés. Et admirer des pipes, des fioles ayant contenu des médicaments (il y avait un hôpital à cet endroit), des restes de bouteilles de gin et de rhum, sans doute consommées par les officiers britanniques, vestiges retrouvés lors des fouilles archéologiques à l’Aapravasi Ghat. Autre vestige conservé : la cale de halage qui existait à cet emplacement entre 1846 et 1856.

 

Imaginez un voyage de six semaines dans cette cale.

 

 

Des engagés d’ailleurs aussi

 

À quoi a servi cette main-d’oeuvre importée majoritairement de l’Inde? Le centre donne des chiffres: 40% venaient du Bihar, 31% du Tamil Nadu, d’Andhra Pradesh et du Kerala, 20% du Bengale et d’Uttar Pradesh et 9% du Maharastra. D’autres engagés sont, eux, venus de Chine, des Comores, de Madagascar, du Mozambique et du Yemen. Et 2 600 Liberated Africans délivrés des négriers sont passés par l’Aapravasi Ghat. Les engagés passaient, en moyenne, deux jours au ghat, le temps des vérifications de contrat, de prendre leur photo, de leur donner un Immigrant ticket.

 

Les enfants n’ont pas été oubliés

 

La visite s’adapte aussi aux enfants dès l’âge de 4 ans. Ils peuvent suivre, sur un écran tactile, Rajah, un petit personnage, qui leur explique ce que c’est que l’engagisme.

 

Écran tactile de 22 pouces destiné aux enfants.

 

 

Gratuite jusqu’à nouvel ordre

 

«Pour le moment, l’entrée est gratuite. Nous voulons que le maximum de Mauriciens y aient accès. Cela deviendra payant par la suite», affirme Vikram Mugon. Un ticket à Rs 125 pour les Mauriciens et plus cher pour les touristes a déjà été évoqué. L’accès payant servira à rendre le centre autonome. Le BRIC a nécessité un investissement de Rs 86 millions.

 

Une partie de l’Aapravasi Ghat qui n’existe plus.